Le récit de la sortie d’Egypte est chaque année un moment empreint d’une grande solennité et d’une intense émotion. Il nous rappelle l’asservissement terrible vécu par nos ancêtres et les miracles prodigieux qui ont permis l’affranchissement du joug égyptien.
Comment toujours, la Torah n’a pas vocation à nous rappeler une histoire ancienne par simple « devoir de mémoire ». Elle nous invite plutôt à comprendre dans quelle mesure les évènements qui nous sont ainsi contés peuvent avoir une résonance à notre époque.
Et, de fait, les échos sont nombreux. Nous aimerions porter notre attention sur l’espoir que porte en elle notre Paracha, et l’optimisme qu’elle peut faire naître dans le cœur de chacun.
Nos Sages se sont interrogés sur l’opportunité d’une telle multiplicité de miracles. Etait-il nécessaire d’avoir recours à 10 plaies pour obtenir la libération des Bné Israël ? Une seule plaie aurait pu suffire si Hachem l’avait souhaité !
A travers l’ensemble des miracles qui vont survenir en Egypte, D.ieu souhaitait ancrer profondément dans le cœur de l’homme la connaissance de Sa toute puissance et Sa capacité à s’affranchir complètement des lois de la nature. Rien ne résiste à D.ieu, tout est entre Ses mains.
Ce constat n’allait pas de soi à l’époque de nos ancêtres, surtout en Egypte qui avait sombré dans les profondeurs de l’impureté et de l’idolâtrie. De même, le monothéisme avait été certes le fait des Patriarches et de leurs descendants, mais cette connaissance était limitée dans le monde. Il manquait un évènement fondateur d’envergure qui démontre à l’ensemble de l’humanité la maîtrise complète et totale de D.ieu sur l’ensemble des éléments : la terre, le sous-sol et le ciel. Ce sera chose faite avec les 10 plaies.
Mais il est une deuxième leçon tout aussi fondamentale que l’on doit garder en tête à partir de l’expérience égyptienne : D.ieu intervient directement dans le monde pour aider les hommes, notamment Son peuple, les enfants d’Israël. Ce principe est notamment à l’origine du livre de Rav Yéhouda Halévy, le Kouzari. Ce dernier nous rappelle que, contrairement à d’autres croyances qui retirent D.ieu des affaires du monde, ou restreignent son intervention à la création du ciel et de la terre, la Torah opère une véritable révolution en soulignant l’intervention directe d’Hachem dans le monde.
Forts de ces deux enseignements, nous pouvons désormais comprendre la leçon merveilleuse de bonheur qui se dégage de notre Paracha. Hachem n’abandonne pas les hommes au hasard des règles de la nature, Il ne se désintéresse pas du quotidien que vivent Ses enfants. Au contraire, Il intervient directement dans le monde pour aider les hommes, quitte à suspendre les lois naturelles qui semblent régir le monde.
Dès lors, l’homme perçoit qu’il n’est plus seul, Hachem se trouve à ses côtés et l’accompagne tout au long de sa vie. De nombreux Sages, notamment dans la pensée de Rav Na’hman de Breslev, insistent sur les vertus de parler avec D.ieu, de Lui faire part de nos préoccupations et de solliciter Son soutien. Parfois, nous n’osons pas, nous avons honte de demander ce qui nous parait de « petites choses », mais en réalité, Il écoute toutes les prières !
L’homme est ainsi invité à ouvrir son cœur à la présence de D.ieu afin de garder l’espoir, quelles que soient les circonstances, que tout peut se transformer pour le bien.
Aucune loi naturelle, aucun obstacle n’est infranchissable pour Hachem. C’est là un des enseignements de la longue liste de miracles qui eurent lieu en Egypte.
Cette leçon est particulièrement importante car l’homme peut avoir tendance à se noyer dans ses difficultés. Il ne perçoit parfois aucune issue à ses épreuves et se sent donc pris au piège, enserré dans un étau qui l’étouffe. Ces sentiments créent en lui un cercle vicieux de « dépression » qui aspire toute son énergie et occupe tout son esprit de manière obsessionnelle.
L’étude de notre Paracha peut précisément nous aider à créer en nous les « anticorps » susceptibles de nous protéger contre ce type de raisonnement qui maintient l’homme uniquement au niveau de la nature. La Torah nous invite au contraire à placer notre vie « Lémala Mine Hatéva - au-delà de la nature », en comprenant que tout est toujours entre les mains de D.ieu et que tous les obstacles qui paraissent insurmontables aux hommes n’ont aucune consistance devant le Créateur du monde.
Le rôle de l’homme est « simplement », jour après jour, de se renforcer dans la crainte de D.ieu à travers l’étude de la Torah et les Mitsvot, et de développer dans son cœur de belles qualités d’âme vis-à-vis de ses prochains. Une telle démarche permet progressivement de faire de la connaissance théorique des capacités illimitées de D.ieu, une réalité concrète qui illumine et réchauffe nos esprits et nos cœurs.