Dans notre paracha de la semaine, Tetsavé, il est écrit : « Tu feras une plaque d’or pur, sur laquelle tu graveras, comme sur un sceau : "Consacré à Hachem"... Elle sera sur le front d’Aharon ; Aharon portera [expiera] ainsi la faute des sacrifices que les Bné Israël ont consacrés et toutes leurs offrandes sacrées ; elle sera sur son front en permanence pour leur obtenir la bienveillance d’Hachem. » (Chemot, 28:36-38)

Rachi explique sur les mots « Elle sera sur son front en permanence » : …et selon l’avis qui stipule que quand il (le tsits) est sur son front, il pardonne, mais lorsqu’il ne s’y trouve pas, il ne pardonne pas, on précise « sur son front en permanence », pour nous apprendre qu’il devait le toucher quand il était sur son front, pour que son esprit ne s’en détache pas.

Le Tsits était une plaque d’or portée par le Cohen Gadol durant son service au Temple. La Thora nous enseigne qu’il avait la force d’expier et de valider les offrandes impures (de sang et de graisses).

On dirait que le tsits fonctionnait de manière arbitraire pour réparer certaines fautes. Mais une analyse plus profonde montre que le pardon était accordé mesure pour mesure.

La Thora affirme que le tsits devait être sur Aharon, le Cohen Gadol, de façon permanente. La guemara souligne néanmoins que cela ne doit pas être compris au sens littéral, puisque le Cohen Gadol n’avait pas le droit de porter ces vêtements spéciaux quand il n’effectuait pas son service au Temple.

La guemara propose donc deux interprétations possibles au verset cité. D’après la deuxième opinion, lorsque le Cohen Gadol portait le Tsits, il devait continuellement savoir qu’il se trouvait sur sa tête et pour ce faire, il devait fréquemment le toucher[1]. Cela semble impliquer que le Cohen Gadol devait être tout le temps conscient de la Présence Divine, comme l’indiquent les mots inscrits sur le Tsits : « Kodech LaHachem » — Consacré à Hachem.
 

Le rav ‘Haïm Guershon Davis chlita explique comment le Tsits pardonne le fait d’apporter des sacrifices impurs. Cette erreur n’était pas commise à cause d’un mépris affiché à l’égard de la Thora, mais en raison d’une certaine négligence qui provoquait cette faute involontaire.

Cette inadvertance provient forcément d’un manque de conscience de la présence d’Hachem, parce que sans cela, la personne ne peut oublier d’éviter la contamination des sacrifices.

C’est cette faille que répare le tsits, si le Cohen Gadol prend soin de rectifier l’origine de la faute, c’est-à-dire qu’il fait très attention à ne jamais oublier la présence Divine.


Rappelons un principe de base : chaque mitsva repose sur cette conscience de la présence Divine. Le Rama (rav Moché Isserlis), au tout début du Choul’han Aroukh rapporte les mots du verset : « Chiviti Hachem lénegdi tamid » — Je place Hachem devant moi tout le temps.

C’est un fondement essentiel dans la Thora. Si l’on vit de cette manière, on ressentira, même quand on se croit seul, que l’on est en réalité accompagné – ce qui nous aidera à ne pas aller à l’encontre de la volonté divine.

Il est toutefois important de souligner que cette prise de conscience ne se limite pas à la crainte d’Hachem, mais s’applique également à la Ahavat Hachem (à l’amour d’Hachem) et nous permet donc de nous sentir constamment surveillé et dirigé par le bienveillant Tout Puissant.

Le Biour Halakha ajoute que la manière optimale de vivre selon le principe de « Chiviti… » est d’essayer de mettre en pratique ce que le Séfer Ha’Hinoukh écrit concernant les six mitsvot permanentes[2] – à savoir, les mitsvot que l’on peut accomplir à tout instant.


Le rav Its’hak Berkovits chlita explique que cela ne signifie pas que l’on doit penser à ces six choses constamment, ce qui serait impossible. Ce qu’il faut, c’est intérioriser les concepts qu’elles laissent sous-entendre, au point qu’ils deviennent ancrés dans notre psyché, qu’ils se transforment en seconde nature.

Il compare ceci à la conduite d’une voiture – lorsqu’une personne apprend à conduire, elle est souvent dépassée par les diverses tâches qu’elle doit exécuter simultanément. Au bout de quelques mois, cette même personne sera capable de faire tout ceci aisément. Elle saura même faire d’autres choses qui n’ont rien à voir avec la conduite, comme écouter la radio. Elle conduira donc de manière intuitive.

C’est un processus similaire (bien que beaucoup plus difficile) qui est nécessaire pour apprendre et intérioriser les six mitsvot temidiyot. La première étape consiste à étudier les ouvrages qui en parlent (Séfer Ha’Hinoukh et Biour Halakha).

C’est un processus long et lent, mais une fois ces idées intériorisées, l’individu aura grandement avancé dans tous les aspects de sa avodat Hachem.



[1] Yoma, 7a.

[2] Qui sont : croire en D. ; ne pas croire en d’autres dieux ; croire en l’unicité de D. ; aimer D., Le craindre ; ne pas suivre les instincts de son cœur et de ses yeux.