La Paracha de cette semaine décrit le Tabernacle et les divers ustensiles qui s’y trouvaient, comme l’Arche Sainte, le Candélabre et la Table. Les commentateurs analysent de près les descriptions que la Torah fait du Tabernacle, pour en tirer d’importantes leçons. Le Kli Yakar soulève une difficulté à propos du Aron Hakodech. La Torah enjoint : « Tu le couvriras [le Aron] d’or pur à l’intérieur et tu le couvriras de l’extérieur… »[1]
Le Kli Yakar souligne qu’Hachem ordonne à deux reprises de recouvrir l’Arche ; la première fois pour le côté intérieur et ensuite pour l’extérieur. Elle avait donc deux couches d’or. Toutefois, la Torah précise que l’or doit être pur en ce qui concerne le revêtement intérieur, mais pas pour la couche externe. L’or pur état certainement également requis à l’extérieur, alors pourquoi la Torah n’insiste-t-elle que sur l’intérieur en or pur ?
C’est pour nous enseigner une leçon importante dans notre Avodat Hachem. La couche intérieure d’or fait allusion à l’accomplissement des Mitsvot de manière discrète, en privé tandis que la couverture extérieure se réfère aux Mitsvot faites en public. Lorsque l’on effectue une Mitsva alors que personne ne nous voit, il est plus facile d’avoir de nobles intentions ; on peut donc décrire l’action de « pure ». En revanche, quand d’autres personnes sont au courant de notre bonne action, la motivation est probablement moins sublime, puisqu’il y a un risque qu’elle soit faite avec le souhait que notre entourage puisse en témoigner. On ne peut donc pas la qualifier de « pure ».[2]
L’explication du Kli Yakar nous éclaire quant au pouvoir immense du Yétser Hara, lors de l’accomplissement de Mitsvot en public. Étant donné qu’il est tellement difficile d’agir Léchem Chamaïm (pour le Ciel) quand la Mitsva est faite ostensiblement, il est souvent louable d’essayer d’en accomplir en privé. Aussi, il est recommandé d’occulter certaines réalisations spirituelles, quand il n’y a aucun bénéfice à les publier[3].
Les Maîtres du Moussar s’efforçaient de masquer leur véritable niveau spirituel. Rav Its’hak Blazer assista un jour à une réunion de plusieurs érudits en Torah dirigée par le Beth Halévy, Rav Yossef Dov Soloveitchik zatsal. Celui-ci posa une question difficile qui se transforma en un débat animé entre les différents savants. Finalement, le Beth Halévy proposa deux réponses brillantes au problème, l’une venant de lui et l’autre de son illustre fils, Rav ’Haïm. Pendant toute la discussion, Rav Blazer garda le silence. Surpris de l’incapacité apparente de Rav Blazer à répondre à la question, le Beth Halévy lut son commentaire sur la Guémara, intitulé Pri Itsa’hak, pour voir ce qu’il avait écrit à ce propos. Il fut choqué de voir que Rav Blazer pose la même question et donne les deux mêmes solutions apportées par Rav Soloveitchik ! Quelle humilité est requise pour rester silencieux et cacher son génie en Torah ! Bien entendu, il faut parfois participer aux discussions de Torah, mais Rav Blazer estima qu’il n’y aurait aucun avantage à ce qu’il ajoute son opinion.
Pour résumer, nous avons appris qu’il est extrêmement difficile d’accomplir des Mitsvot publiquement sans être quelque peu focalisé sur l’honneur ou les éloges dont nous bénéficierons. Il convient donc d’essayer de faire au moins quelques Mitsvot discrètement, sans risque que la pureté de nos motivations soit ternie par un désir de reconnaissance[4]. Il peut s’agir de charité[5], d’étude de la Torah ou d’autres Mitsvot.
Puissions-nous tous mériter de servir Hachem avec les motivations les plus pures.
[1] Chémot, 25:11.
[2] Kli Yakar, Chémot, 25:11.
[3] Il est parfois recommandé et important d’accomplir des Mitsvot aux yeux de tous pour qu’ils apprennent à en faire de même.
[4] Comme précisé précédemment, il faut par moments faire des Mitsvot ouvertement – il est conseillé de demander conseil à un Rav à cet égard.
[5] Selon le Rambam, le fait de pratiquer la charité discrètement est l’une des façons les plus nobles et élevées d’accomplir cette Mitsva.