La Paracha commence par l’injonction de construire le Michkan, et diverses instructions concernant cette construction, comme la récolte d’or et d’argent. Le premier Midrach de la Paracha cite un verset connu de Michlé qui parle de la valeur de la Torah. « Car Je vous ai donné un bon enseignement (Léka’h Tov), n’abandonnez pas Ma Torah. »[1] Le Midrach vante ensuite la valeur de la Torah et précise qu’une personne peut acheter un objet en or, mais pas d’argent, ou elle peut acheter quelque chose en argent et ne pas avoir d’or. Le Midrach prouve que la Torah a les deux ; à la fois de l’or et de l’argent, en se basant sur des versets de Téhilim qui comparent les paroles d’Hachem à l’or et à l’argent.[2]
Un certain nombre de questions se posent sur ce Midrach et sur sa discussion à propos d’or et d’argent, mais avant de les aborder, soulevons une question plus fondamentale. Pourquoi le Midrach vante-t-il ici la valeur de la Torah, alors que la Paracha parle du Michkan ? N’aurait-il pas été plus logique de faire l’éloge du service divin ou des Korbanot, plutôt que de la Torah ? Le Ktav Sofer propose une réponse intéressante[3].
Il explique que d’après le Midrach, le « Léka’h Tov » ne fait pas référence à la Torah, mais plutôt au Michkan et aux Korbanot. Le Michkan est un « bon enseignement » dans le sens où il permet aux pécheurs d’obtenir l’expiation de leurs fautes en apportant des Korbanot. Cependant, les gens risquent de devenir complaisants et de ne pas éviter la faute, puisqu’ils savent qu’ils pourront toujours obtenir le pardon en apportant des sacrifices. Par conséquent, le Midrach précise : « Puisque Je vous ai donné un Léka’h Tov à travers les Korbanot, n’abandonnez pas la Torah et les Mitsvot à cause de cela ! »
Après avoir compris la place du Midrach sur la Torah dans la Parachat Térouma, revenons à la question que nous voulions poser précédemment. Le Midrach affirme que la Torah est grande parce qu’elle est comparée à l’or (dans un certain verset) et à l’argent (dans un autre verset). Nous savons tous que l’or a plus de valeur que l’argent, alors quel est l’intérêt de la comparer également à l’argent ?
Rav Issakhar Frand, propose une réponse basée sur le livre Abir Yossef. « Dans presque toutes les disciplines du monde (la chimie, la physique, les mathématiques, l’anglais, etc.), un programme qui convient à un enfant de six ans ne correspond pas à un sexagénaire. Si je prends un livre d’arithmétique de base (2 + 2 = 4 ou 4 + 4 = 8) et que je le montre à un professeur de mathématiques, il n’a pas besoin de l’ouvrir, et encore moins de l’étudier. Mais cette semaine – et c’est le cas chaque semaine – nos enfants ou nos petits-enfants rentreront de l’école et raconteront ce qu’ils auront appris sur la Paracha, l’histoire du Michkan et tous les événements de la Parachat Térouma. Par ailleurs, les grands Talmiddé ’Hakhamim discuteront de la même Paracha. »
La même section de la Torah peut être apprise et analysée par les plus grands érudits en Torah et par de jeunes enfants, chacun à son niveau. Cela s’applique également à la Guémara. Généralement, la première Guémara que les jeunes garçons apprennent est « Elou Metsiot » à propos des objets perdus, et pourtant, un Roch Yéchiva peut donner un cours très approfondi sur le même passage. On ne peut pas en dire autant des autres disciplines. Les études scientifiques d’un expert ne signifieraient rien pour un jeune enfant, ou même pour un adulte ordinaire. Et un livre de sciences pour jeunes enfants serait une perte de temps absolue, s’il était analysé pour des adultes ou des scientifiques.
Le Rav Frand ajoute que la musique est la seule autre discipline à laquelle on peut peut-être comparer la Torah. La musique peut être appréciée à un niveau très basique et à un niveau très sophistiqué. Un grand musicien apprécie une belle mélodie à son niveau et un petit enfant peut l’apprécier à son niveau. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Torah est comparée au chant : « Et maintenant, écrivez pour vous-mêmes ce chant... »[4]
C’est le sens du Midrach comparant la Torah à l’or et à l’argent – la Torah a, en effet, les deux aspects. Quelqu’un qui apprécie les mystères les plus profonds de la Torah l’apprécie comme de l’or. Le petit écolier qui rentre à la maison avec une représentation de la Ménora et de ses ornements apprécie la Torah à son niveau, du moins comme l’argent.
Grâce à l’enseignement du Ktav Sofer et du Abir Yossef, nous apprenons deux choses essentielles. Tout d’abord, la Torah ne doit jamais être abandonnée, même si l’on pense pouvoir obtenir le pardon grâce aux Korbanot ou de toute autre manière. Qui plus est, les leçons de la Torah restent applicables et compréhensibles par chaque Juif, à tout niveau.
Puissions-nous tous mériter d’étudier et de respecter la Torah, chacun à son niveau.
[1] Michlé 4,2.
[2] Tehilim 12,7 ; 19,11.
[3] Parachat Térouma, chapitre 25.
[4] Dévarim 31,19.