Dans le quartier du Bronx, au nord de New York City, se trouve le plus grand jardin zoologique des États-Unis. Il est le premier au monde à avoir échangé les cages à barreaux contre de grands espaces naturels adaptés à chaque animal, reconstituant le plus fidèlement possible ce qui était son environnement à l’état sauvage.
Ouvert en 1899, il possède aujourd’hui plus de 6 000 animaux de 650 espèces différentes, étendu sur 107 hectares.
En 1963, il proposait à ses visiteurs une curieuse exposition. On avait dessiné sur le sol des signes de couleurs indiquant la direction à suivre pour observer les lions, mais aussi les orangs-outans et le bassin des otaries. Et l’une des flèches, mystérieusement, indiquait : « Vers l’animal le plus dangereux de la terre ».
On suivait l’inscription, intrigué, un peu inquiet, se demandant quelle créature allait surgir, quand soudain, au détour du chemin, on se trouvait devant une cabane.
Et là ! Surprise ! En y pénétrant, un grand miroir se dressait devant vous, reflétant… votre image.
“L’ANIMAL LE PLUS DANGEREUX DU MONDE !!!”
Sur un texte au bas de cette cage – décor, on pouvait lire : « This animal, increasing at a rate of 1,000 every 24 hours, is the only creature that has ever killed off entire species of other animals. Now it has the power to wipe out all life on earth. »
À savoir : « Cet animal, qui se développe au rythme de 1 000 individus toutes les 24 heures, est la seule créature qui a pu complètement éliminer d’autres espèces. Aujourd’hui, il a le pouvoir d’effacer toute vie sur terre. »
Et ceci, écrit il y a plus de 60 ans…
Zoos humains !!?
À la fin du 19e siècle, alors que « le bon temps des colonies » battait son plein, tout pays civilisé se devait d’exporter sa langue, ses acquis, sa modernité aux peuples « sous-développés » qu’il prenait sous sa tutelle : sa « supériorité » culturelle et anthropologique d’homme blanc évolué, d’Homo sapiens accompli, lui permettait même, sans aucune mauvaise conscience et en toute impunité, de ramener au pays des spécimens de ces « sauvages », qui seront exhibés au grand public.
Ainsi naquirent les « zoos humains ». Dans toute l’Europe et aux États-Unis, on exposa au regard curieux et amusé des visiteurs, des hommes et des femmes différents, de par leur taille, la couleur de leur peau, leurs coutumes, comme on le ferait d’animaux exotiques ou de monstres.
Les bourgeois en canotier et leurs épouses en robe longue, endimanchés, pleins de respectabilité, s’arrachèrent les tickets d’entrée des villages africains reconstitués en Belgique, en France et en Angleterre, où l’on pouvait observer ces « indigènes » dans leur quotidien, et même, de temps en temps, leur jeter des bananes.
Triste, mais véridique.
Sous l’œil intrusif de cette foule qui se précipitait à l’entrée de ce spectacle vivant, des êtres déracinés furent astreints à jouer le cannibalisme – puisque c’est cela que l’on était venu voir –, et à caricaturer leurs propres coutumes, par des danses tribales frénétiques et des jeux de tam-tam imposés.
Leur maigre solde dépendait de leur obéissance à jouer les « indigènes » devant les visiteurs friands d’exotisme.
Voyeurisme abject, rien dans ces visites au zoo humain ne reflétait un désir de connaître quelque chose d’authentique du quotidien de ces peuples.
Ota Benga
Ota Benga, et son tragique destin, illustrera trop bien cette honteuse page du livre de notre civilisation « évoluée ».
Né au Congo en 1883 environ, alors qu’il revenait de la chasse à l’éléphant, il trouva son village dévasté par les troupes de Léopold III, roi des Belges. Tous les habitants avaient été assassinés par les soldats, y compris sa femme et ses deux jeunes enfants. Il fut lui-même pris en captivité et enfermé dans une cage entre les séquences de travaux forcés.
C’est ainsi que Samuel Verner, ancien missionnaire devenu explorateur et négociant entre le Congo et les États-Unis, le découvrit et le libéra.
Ota découvrit ainsi l’Amérique avec Verner, mais malheureusement, il continua à être exploité par des zoos pour survivre.
Ota était un Pygmée, et sa petite taille était remarquable, ainsi que ses dents taillées en triangle, ce qui, encore une fois, lui valut l’épithète de « mangeur d’hommes ».
Quel frisson ! Tous les fantasmes étaient permis et les caisses de l’homme blanc se remplissaient.
On se demande qui dévorait qui…
Benga fut « exposé » en 1906, justement au zoo du Bronx. D’abord en semi-liberté, il fut bientôt enfermé dans l’enclos de la zone Monkey House et dut poser avec un singe ou un perroquet sur l’épaule. 40 000 visiteurs en un jour se pressèrent pour le voir tirer à l’arc et exhiber ses dents pointues…
Mais certains humains (qui l’étaient restés), révoltés par le traitement réservé à Ota, firent pression sur le directeur du zoo, William Hornaday, pour qu’il mette fin à cette pathétique mascarade.
Ota, alors libre, vêtu dans le style occidental, ses dents dissimulées grâce à des couronnes, entama sa transformation en Américain ordinaire, rangé et « civilisé ». Après avoir suffisamment amélioré son niveau d’anglais, il trouva divers emplois, tels qu’ouvrier dans une fabrique de tabac.
Mais la conversion d’Ota en perfect little American guy ne fut pas une réussite. Benga, le gentil petit Pygmée, habillé en costume-cravate, travaillant en usine et dormant dans les dortoirs de divers orphelinats, fut happé par le regard qu’on continua à porter sur lui, sans réussir à s’en défaire.
L’« Enfant Sauvage », trop sensible, trop intelligent, mit fin à ses jours le 20 mars 1916.
Il n’aura pas survécu à son identité bafouée, diluée dans une pseudo-intégration à l’américaine.
Il avait depuis longtemps le mal du pays. Mais son rêve d’y retourner fut définitivement brisé lorsqu’ éclata la Première Guerre mondiale, et que toute tentative de voyage devint impossible.
LE Livre des humanismes
Avec l’invention des zoos humains, le 20e siècle commence très mal…
Difficile de comprendre comment les Juifs de l’époque, par dizaines de milliers, allaient troquer leurs valeurs ancestrales pour une culture dite « évoluée », mais en fait, profondément dégénérée.
Un haut-de-forme, une plaque de bronze annonçant « Herr Doktor Levi » ont-ils suffi pour leur faire larguer les amarres ?
Il faut lire avec quels égards la Torah nous demande de nous comporter avec une personne, juive ou non-juive, qui est sous notre responsabilité.
De même, pas moins de 36 fois apparaît dans nos Textes Saints l'ordre d'aimer l’étranger, le converti, et de ne lui causer aucun dommage, moral, financier ou physique.
Même nous, exilés en Égypte 210 longues années, considérés comme des sous-hommes par Pharaon, qui avons connu le regard et le mépris de l’autre sur nous, ne devons pas l'oublier.
À plus forte raison, celui qui n'a pas connu un statut d'esclave.
Merci mon D.ieu de nous l’avoir fait savoir.