Il y a quelques années, un professeur à l’école des Sciences politiques de Paris a publié un livre de réflexion sur la globalisation : « L’hégémonie contestée, les nouvelles formes de domination internationale » (Edition Odile Jacob). Dans ce livre, il analyse les déceptions, conséquentes des difficultés majeures de la mondialisation. Après l’effondrement des régimes communistes et des dictatures, une libéralisation semblait apparaître et créer une société nouvelle. C’est ce que l’on a appelé, dans un livre célèbre, « La fin de l’Histoire », publié au lendemain de l’implosion de l’Union Soviétique (en 1990). Cette issue positive de l’histoire de l’humanité n’était qu’une utopie, et bien vite, il a fallu se rendre à l’évidence que la globalisation – l’unification de la planète, n’assurait pas le bonheur de l’humanité. A ce premier stade – naïf et optimiste – d’un espoir avorté a succédé une déception, que l’on a pu appeler le « 2ème acte de la mondialisation ». Cet acte II est marqué par plusieurs symptômes soulignant tous l’interdépendance entre les nations du globe. C’est cette interdépendance qui crée, selon cette analyse évoquée plus haut, « la convergence et la fluidité entre les divers mouvements sociaux » (Le Monde, du 9/11/10).
Déjà, en 2013, un autre observateur, Paul Ehrlich, membre du Département de Biologie d’une université de Californie, stigmatisait une telle situation. A son avis, un effondrement menace une civilisation à cause d’un « ensemble de problèmes environnementaux » (exposé fait à l’Ecole des Mines de Paris, 31 Janvier 2013). A quoi peut-on attribuer cet effondrement éventuel d’une civilisation ? Diverses possibilités sont envisagées : appauvrissement brutal des populations ? Perte de contrôle des Etats sur leur territoire ? Incapacité à assurer les besoins de base de la population ? Généralisation de la violence ? … (Le Monde du 9/2/13). Toutes ces possibilités se trouvent aujourd’hui effacées ou dépassées par la propagation d’un petit microbe qui défie la planète ! Il est possible d’envisager de coloniser l’espace, de développer la technologie la plus avancée, mais repousser les assauts d’un tsunami, ou triompher d’une épidémie qui a pris des dimensions globales, cela apparaît hors de l’accès des hommes.
Il importe de réfléchir profondément et non pas de façon superficielle à un tel phénomène. Ce n’est pas une guerre, ce n’est pas un conflit social. C’est une maladie, un signe du ciel, quelque chose de totalement inattendu qui bouleverse la planète. Rappelons-nous la façon dont s’est achevée la construction de la Tour de Babel ! Elle ne s’est pas vraiment achevée, mais l’Eternel a dispersé sur toute la terre les habitants de Babel. L’homme croit qu’il peut réussir TOUT ce qu’il va entreprendre, et voilà qu’un petit virus, né dans l’Extrême-Orient, déboussole la planète. Serait-ce l’effet du hasard ? Il faut être aveugle pour imaginer qu’un tel bouleversement apparaisse par hasard. Seul, le Créateur peut ainsi faire connaître Son action dans le monde. Un spectacle totalement inédit est ici proposé : un pays totalement coupé de l’étranger, les écoles fermées, la Bourse en chute libre, l’hôtellerie, les compagnies d’aviation en faillite, interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes, voire de 10 personnes par endroit, dizaines de milliers de citoyens isolés chez eux, ou dans les hôpitaux, jamais une telle situation ne s’est produite dans le passé. N’est-ce pas ici le désir de séparer les gens, de diviser la population ? Les pays étrangers sont aussi contaminés et les mêmes problèmes se posent pour eux ! Les contacts avec l’étranger sont arrêtés ! Dans les cauchemars les plus noirs, qui peut imaginer une telle situation ? Refuser de voir une Présence transcendante relève, en fait, d’un aveuglement coupable ! Au moment de l’histoire de Babel, le Midrach rapporté par Rachi (dans Beréchit 11, 7) explique qu’au lendemain de la dispersion, les participants ne parlaient plus la même langue et donc, se heurtaient les uns aux autres : donc l’unité qui les liait n’était que de façade, mais pas réelle. Où en est aujourd’hui cette mondialisation ? Il est loin le temps du « village planétaire », qui aurait dû créer un climat amical, l’atmosphère sympathique, chaleureuse, d’un village, où tous les habitants se connaissent et cherchent à s’entendre. Un fléau est venu et a détruit toutes les relations entre les pays. Les peuples se recroquevillent. Qui aurait pensé que l’économie mondiale serait bouleversée par un petit virus ? La Bourse, dans tous les pays, n’affiche que des baisses importantes. Se rappelle-t-on le vers du fabuliste, La Fontaine, concernant « les animaux malades de la peste » ? Pas tous n’étaient touchés par « ce mal qui répand la terreur », mais tous étaient effrayés !
Nous sommes, certes, en train de vivre l’envers de la mondialisation, qui voulait faire du bien à l’humanité, et qui crée au contraire une panique universelle. Il n’y a qu’une Valeur suprême, une Autorité absolue à laquelle on doit se référer. L’humanité est-elle aujourd’hui plus débauchée que par le passé ? Elle est certes beaucoup plus permissive qu’elle ne l’a jamais été, avec tous les déportements affichés qu’elle expose. Mais c’est surtout le fait que ces faits soient plus généralisés, plus connus, plus célébrés, c’est ici que le bât blesse notre époque. A la fin de l’empire romain, une ville au sud de l’Italie, Pompéi, était un centre de débauche pour les riches Romains. Lieu de plaisance et de libertinage, cette ville fut entièrement ensevelie sous les cendres par une éruption du volcan Vésuve. Attirés par les orgies et les séductions sexuelles, les riches personnages de Rome s’y retrouvaient, et la ville a été recouverte par une double couche de lave et de cendres. Faut-il évoquer Sodome et Gomorrhe, dont la Torah rapporte les écarts moraux de ces villes, avant de décrire leur destruction ? Il ne faut pas comprendre que l’on se sent, ici, « donneur de leçons » ! C’est loin de notre pensée et de notre intention, mais il faut remarquer qu’actuellement, c’est le caractère global de la maladie qui nous invite à réfléchir. Ce n’est pas une ville, ou un pays, qui est touché, mais du Brésil aux Etats-Unis, de l’Europe au Moyen-Orient, la menace apparaît. Il nous faut prier. Nous sommes tous embarqués dans le même vaisseau. Revenons à Lui, aux valeurs éternelles de la Torah. Il ne nous convient pas de dire que nous sommes des « justes ». Chacun doit réfléchir à ses propres errements, et doit s’améliorer dans tous les domaines. Ne jouons jamais au « prophétisme », car nul ne saurait connaître les desseins de l’Eternel, mais avançons dans Ses voies, car nous sommes sûrs « qu’Il ne dort, ni ne sommeille, le Gardien d’Israël » (Psaumes 121, 4).