Le Rav Pessa’h Eliahou Falk, décisionnaire de renommée mondiale de la Yéchiva de Gateshead, est brutalement décédé le 20 janvier – 23 Tevet – à l’âge de 77 ans.
Stupeur et peine pour le judaïsme anglais et mondial. Le Gaon Rav Pessa’h Eliahou Falk est soudainement décédé d’une crise cardiaque à l’âge de 77 ans lundi dernier, 23 Tevet, laissant dans la consternation sa nombreuse famille, ses milliers d’élèves et les communautés juives de par le monde. La veille, il donnait encore cours au célèbre séminaire de Gateshead ainsi qu’à la Yéchiva.
En effet, Rav Pessa’h Eliahou Falk de Gateshead, l’un des plus grands Rabbanim et décisionnaires de Halakha contemporains et principale autorité halakhique d’Angleterre consacra sa vie à étudier, enseigner et diffuser la Torah. Grand spécialiste des lois du Chabbath (notamment dans le domaine technologique) et de la propreté des aliments (Hilkhot Tola’im), il fut l’auteur de plusieurs ouvrages de Halakha : le responsa Ma’hazé Eliahou, Lévoucha chel Torah et Zakhor Véchamor sur le Chabbath. Son œuvre ‘Oz Véhadar Lévoucha, qui traite des lois et de tous les aspects de la pudeur juive, est rapidement devenu une référence en la matière et a connu une très importante diffusion à travers le monde juif, y compris grâce à sa traduction française.
Au cours du demi-siècle passé à enseigner, le Rav Falk forma des milliers d’élèves venus des quatre coins du monde pour s’abreuver aux sources de la Torah au sein des célèbres institutions de Gateshead, Yéchiva et aux deux séminaires pour filles. Ses disciples se souviennent de lui comme d’un sage de très grande envergure, à la grande humilité, au visage rayonnant et à l’approche très facile. « Rabbi Falk », nous confie l’une de ses anciennes élèves qui eut le mérite d’étudier trois ans auprès de lui, « c’était à la fois une autorité impressionnante en matière de Halakha, puisqu’il était le décisionnaire incontesté en Grande-Bretagne, et en même temps une personne à l’accès très facile, d’une bonté et d’une simplicité sans pareille. Il voyait toujours le positif en tout un chacun. Je ne l’ai jamais vu ni entendu dénigrer qui que ce soit, à ses yeux tout Juif avait une valeur infinie. Autant il était un homme de Halakha, autant il savait, lorsqu’on lui soumettait une question, prendre en compte tous les paramètres, même les plus subtils, pour arriver à ses conclusions, parfois totalement inattendues ! Avec toute sa rigueur dans les lois de Ben Adam Lamakom (l’homme face à D.ieu), il plaçait en priorité celles de Ben Adam La’havéro (l’homme face à son prochain) ».
Autre point intéressant : au séminaire de Gateshead, aucun cours sur les lois de la pudeur n’était dispensé, et ce malgré la présence du Rav Falk, qui était une sommité en la matière et répondait aux questions qui lui étaient soumises des quatre coins du globe ! « Evidemment, il encourageait l’étude des lois. Mais son approche », nous confie son élève, « c’était de mettre en exergue la beauté de la condition féminine et la véritable valeur de la femme juive. Dans sa compréhension de l’âme humaine, il avait saisi que du moment où une femme ou une jeune fille prenait conscience de sa valeur intrinsèque, elle n’aurait plus besoin d’être convaincue mais appliquerait d’elle-même, à la lettre et avec joie les lois de la Tsniout ».
Rav Falk était également très proche de la communauté juive française puisque, pendant de très nombreuses années, il se rendit une fois par an à Paris, rue Pavée, dans le 4e arrondissement et au séminaire de Rambouillet, pour y dispenser des cours. « Je me rappelle que même des femmes pas vraiment pratiquantes, qui n’appliquaient pas les lois de la Tsniout, venaient à son cours rue Pavée et étaient accueillies avec toute la chaleur du monde, sans marquer aucune différence », se souvient Mme ‘Haya Esther Smietanski.
Lors des oraisons qui furent prononcées aussi bien à Gateshead, qu’à Manchester, Londres et Jérusalem, sa grandeur en Torah et son humilité furent à de nombreuses reprises évoquées. Le Rav Kohn, notamment, déclara : « Je te demande pardon au nom de tous tes élèves et de tous ceux qui t’ont côtoyé pour n’avoir pas évalué à sa juste valeur ta grandeur. Tu étais si humble que tu te considérais comme un homme simple parmi d’autres et ne nous laissais pas entrevoir ton réel niveau ».
La Lévaya s’est déroulée à la Yéchiva de Gateshead, où il avait encore donné des cours la veille de son départ, et a été enterré en Israël au cimetière d’Har Hamenou’hot, dans le quartier de Guivat Chaoul à Jérusalem.
Puisse son âme être reliée au faisceau de la vie, Amen.