« Celui qui n’a pas participé au rassemblement d’unité, ce dimanche 2 mars 2014, roch ‘Hodech Adar 2, à l’entrée de Jérusalem, n’a jamais vu de ses yeux ce qu’est un véritable rassemblement ». Plus de 600 000 personnes, certains avancent même le chiffre incroyable d’un million d’hommes de femmes et d’enfants ont répondu présents à l’appel de tous les rabbanim du 'monde de la Torah' et ont clamé leur foi en D.ieu et leur fidélité inébranlable à Sa Torah. Des instants inoubliables.
Il est des événements d’exception qui restent solidement gravés dans la mémoire de tout un chacun, et dans le souvenir collectif d’une communauté. Celui qui s’est produit, dimanche dernier, roch ‘Hodech Adar 2 à Jérusalem, fait partie de ceux-là.
Dans plusieurs années, dans plusieurs décennies, ceux qui y ont participé, ceux qui ont prié à l’unisson, ceux qui ont dansé dans la joie, pourront raconter à leurs enfants et petits-enfants qu’ils ont eu l’immense privilège d’assister au plus grand rassemblement de Bné Torah de l’histoire du peuple juif depuis la destruction du Temple, et certains affirment même depuis le Matan Torah sur le Mont Sinaï, il y a près de 3 500 ans !
600 000 ! Un chiffre surréaliste, mais surtout un symbole. Puisqu’il y avait « chichim Ribo », 600 000 personnes au pied du Mont Sinaï pour recevoir la Torah écrite de la Main Divine, il y en avait tout autant ce dimanche pour clamer cet appel au ralliement de toutes les forces vives pour la préservation de cette même Torah.
Depuis tôt le matin, une très vive effervescence régnait dans les quartiers orthodoxes de Jérusalem en perspective du grand rassemblement. Beaucoup avaient choisi de prendre les devants et étaient venus de l’extérieur passer la matinée et la journée dans la capitale. Ainsi l’immense Beth Hamidrach de la ‘hassidout Gour près de l’avenue Yermimahou avait du mal a contenir les milliers de ‘Hassidim arrivés de Bné-Brak, Ashdod, Arad et d’autres villes d’Israël pour être présents aux côtés de l’Admour de Gour à ce grand rassemblement de prières, et d’invocations. Idem pour d’autres cours ‘hassidiques, pour les « Litaïm » arrivés des grandes yéchivot de Bné-Brak, telles que Poniovitz ou Slobodka. Idem également pour les avré’him sépharades conduits par les maîtres du Conseil des Sages de Chass. Tous unis et portés par un même élan : celui de la Torah, celui de la Sanctification de Hachem…
À partir de midi, ce sont près de 2 000 (!) autobus qui ont acheminé, vers l’entrée de Jérusalem, ces dizaines de milliers de personnes venues de tout le pays. Les premiers arrivés ont pu s’installer sous l’immense pont des Cordes et rejoindre ainsi la population.
Et à partir de là, de minute en minute, le flux des participants, hommes femmes et enfants, jeunes adultes et personnes âgées n’a cessé de gonfler recouvrant d’une impressionnante vague noire, le boulevard Ben Tsvi, la rue Yaffo, et les rues Mal’hei Israël, et Hatourim. Les puissants hauts-parleurs ont alors commencé à diffuser a la fois de la musique hassidique-roch ‘hodech Adar oblige et des recommandations précises aux participants afin que le rassemblement se déroule sans incident, une promesse qui a été pleinement tenue non seulement de l’avis des organisateurs, mais aussi de celui de la police, très impressionnée par la capacité du public orthodoxe à mettre sur pied en quelques jours une telle démonstration de force, d’unité et de pondération.
Outre les quelque 4 500 policiers déployés autour de l’entrée de la ville, outre plus d’un millier de secouristes volontaires de Zaka, I’houd Hatsala et du Maguen David Adom, les organisateurs avaient prévu un solide service d’ordre interne dont la mission était claire : éviter tout acte de violence et tout débordement excessif qui risquerait d’affecter le bon déroulement du rassemblement.
Un service d’ordre qui s’est montré particulièrement efficace puisque seuls un ou deux incidents bénins ont été recensés. Dans la foule compacte, un groupe d’enfants a très vite attiré l’attention des médias : il s’agissait de plusieurs centaines d’enfants déguisés en Rav Ovadia Yossef qui brandissaient des panneaux sur lesquels on pouvait lire les slogans qui ont ponctué ce rassemblement : « La Torah est notre vie », « Tout Juif doit pouvoir étudier la Torah »
Dans une volonté affirmée d’unité et pour donner à ce grand rendez-vous un caractère hautement spirituel, il avait été décidé, par les organisateurs, de ne pas donner la parole aux rabbanim et Guedolim arrivés souvent à la tête de leurs disciples. Et c’est aussi la raison pour laquelle, il n’y a pas eu durant ce rassemblement ni podium officiel, ni même le moindre discours.
À 16 heures, alors que les organisateurs annonçaient déjà plus de 500 000 personnes, le rav Élimélè’h Biderman a entamé un office de Min’ha de roch ‘Hodech dont tous les participants se souviendront de longues années. Et pour cause : qui, parmi cette incroyable masse humaine pouvait prétendre avoir déjà prié dans une immense « synagogue » à toit ouvert en compagnie de plus de 500 000 fidèles !
Le silence qui a enveloppé l’ensemble du rassemblement durant la Amida a littéralement donné la chair de poule à ceux qui ont assisté à cette scène, qu’ils soient laïcs ou religieux. Après cet office hors normes, les rabbanim ont entamé la lecture des chapitres de Téhilim qu’il convient de réciter en cette circonstance. C’est ensuite avec une intense ferveur que le rav Réouven Elbaz a récité selon la liturgie sépharade les sli’hot qui se sont conclues par un poignant « Vayaavor » suivi des 13 attributs divins scandés avec force et détermination. La cérémonie d’acceptation du nom divin a alors marqué le summum du rassemblement.
Personne n’a pu rester insensible lorsque, reprenant les rabbanim, plus d’un demi-million de personnes ont scandé en chur : « Chéma Israël, D.ieu est l’Éternel ; D.ieu règne, D.ieu a régné et D.ieu régnera à jamais ». Enfin le son antique du Chofar répercuté par les micros est venu fendre cet air de Jérusalem qui cet après-midi-là, était mêlé à un pesant nuage de ‘hamsin.
Mais, si ces instants ont soulevé l’émotion des centaines de milliers de participants, ceux qui ont suivi la fin de la manifestation ont emporté le public vers des sommets de joie et d’allégresse comparable à celle qui étreint chaque Juif à la tombée de Yom Kippour lorsqu’il ressent dans son for intérieur que le Tout Puissant a accepté sa prière et l’a inscrit dans le Livre de la Vie.
En effet, on a pu voir alors des milliers d’élèves de yéchivot et de kollelim qui d’ordinaire consacrent le plus clair de leur temps au Limoud, former spontanément des rondes et d’immenses farandoles pour marquer leur satisfaction d’avoir rempli la mission qu’ils s’étaient fixée : celle de sanctifier le Nom Divin et de clamer avec fierté, la centralité de l’étude de la Torah.
Un vieux sage de Jérusalem qui assistait, tout heureux, mais aussi tout ému, à cette scène a pris alors à témoin, ses voisins d’un jour : « Mes chers amis, souvenez-vous de ce jour, car lorsque le Beth Hamikdach sera reconstruit, c’est à cela que ressemblera l’alya laréguel, le pèlerinage vers le Temple ».