« Cinq millions d’Iphone 5 se sont vendus lors de sa première semaine en magasin », pouvions-nous lire en gros titre d’un journal.
Oui. Cinq millions de gens qui ne se sont pas contentés du Iphone 1, ni même du 2, pas même du 3, et ni du 4, et qui étaient obligés, mais vraiment obligés, d’acheter expressément le modèle le plus avancé de tous, le Iphone 5, dès la première semaine ! Une acquisition vraiment extraordinaire !
Mais je crois que dans ces cinq millions de personnes, il n’y a pas seulement que des gens riches qui ont de l’argent en trop, ou des jeunes n’ayant aucun souci sur leur tête. Une grande partie d’entre eux sont probablement des gens totalement simples, travaillant suffisamment dur pour leur subsistance, et qui de nombreuses fois dans leur vie renoncent à des choses par manque d’argent, mais pour je ne sais quelle raison, ont trouvé juste de sortir cette somme d’argent significative qu’a couté cet appareil, afin d’acheter dès la première semaine un téléphone où il est assez compliqué de comprendre la différence qu’il y a entre lui et le précédent.
Ce phénomène doit allumer dans notre esprit de nombreux signaux d’alarme : n’avons-nous pas perdu les limites ? Où conduit cette course sans fin (si elle conduit quelque part...) ? Quand allons-nous arrêter d’attendre indéfiniment dans les longues queues des magasins ?
La vérité est que la folie cellulaire n’est qu’une petite partie de la culture de consommation américaine qui s’est étendue dans le monde entier. « Les gens sont affairés à l’une des deux choses, a dit un sage, soit à acheter, soit à réfléchir ce qu’ils peuvent acheter »... Cette société de consommation - entrainant la plupart des gens à donner plus que leurs capacités dans le but de gagner suffisamment d’argent afin de pouvoir acheter tout ce qu’ils pensent avoir besoin pour vivre - donne lieu à une question sans réponse : quelle est la cause de quoi ?
Travaillons-nous et gagnons-nous de l’argent pour vivre, ou vivons-nous pour travailler ?
Parfois, lorsque l’on s’assoit dans le bus bondé de gens parlant sans arrêt au téléphone, on peut voir les quelques personnes isolées n’étant pas encore équipé de ces nouveaux téléphones, ceux en qui, pour une quelconque raison, il ne brûle pas l’envie de sortir leur argent pour quelque chose qui, entre nous, est suffisamment inutile, et pour lequel on se demande : en quoi sont-ils différents ? Comment peuvent-ils être si impassibles face à leur entourage ?
Si nous voulons réellement examiner ce phénomène et remonter aux sources des différences de consommation entre les gens, ouvrons le traité Avot où les Sages de la Michna nous dévoilent les sources bibliques de ce phénomène :
« Qui possède ces trois choses fait partie des disciples d’Avraham notre père, (alors que celui qui en possède) trois autres fait partie des disciples de Bil’am le méchant. (S’il a) un bon œil, un esprit humble et une âme modeste, (il fait partie) des disciples d’Avraham notre père. (S’il a) un mauvais œil, un esprit hautain et une âme avide, (il fait partie) des disciples de Bil’am le méchant. », déclarent nos Sages dans la Michna, chapitre 5, Michna 19.
Un bon œil - qui est selon les explications des commentateurs le fait de se satisfaire de peu, ce grâce à quoi l’homme voit d’un bon œil ce qu’il a déjà et ne sent pas de manque de tout ce qu’il n’a pas encore - est la Midda d’Avraham Avinou. Avraham a enraciné en lui et dans toutes les générations après lui la Midda de se satisfaire de peu, à tel point que toute personne ayant cette qualité-là fait partie des disciples d’Avraham Avinou, et a extrait de ce dernier ce digne caractéristique.
En contrepartie, la culture du « mauvais œil » - par laquelle l’homme n’est jamais satisfait et heureux de ce qu’il possède, pensant toujours qu’il lui manque quelque chose, et essayant constamment d’obtenir ce qu’il n’a pas encore - est la culture de Bil’am le Racha’, le père spirituel des nations du monde, à cause de qui s’est enraciné le phénomène jusqu’à nos jours par la manifestation de cette folle culture de consommation s’étant étendue dans le monde.
Pour comprendre ce qu’il y a de mal dans cela, il n’y a pas besoin d’être un grand Sage ou un grand Tsaddik. Il suffit de regarder autour de nous et de voir sur quoi travaillent et peinent les nombreuses personnes nous entourant. Quand pour la dernière fois quelqu’un a-t-il eu un moment de qualité pour lui ? Un moment où il pouvait réfléchir et penser à sa vie et à la signification qu’il aurait aimé lui donner... En tant que Juifs, laissons notre ADN positif gagner.
Notre génétique, qui se transmet depuis Avraham Avinou, nous apprend à moins s’intéresser à ce monde-ci et plus au monde futur. A moins s’occuper de la matérialité, et plus de la spiritualité...