Le 30 Avril à Sfax en Tunisie, la synagogue Bet-El a été profanée par un groupe de jeunes lycéens encapuchonnés du « Lycée technique ». Sfax est la deuxième ville en importance de la Tunisie et se situe à environ 270 km de la capitale, Tunis. Les jeunes incriminés sont rentrés par effraction dans la synagogue et se sont livrés à des actes de vandalisme brutaux.

Nous citerons le témoignage d’un membre de la communauté juive locale (qui comporte une vingtaine de personnes âgées) : « Ils s’en sont pris aux murs, ils ont décroché les horloges et les ont jetées par terre. Ils ont saccagé tous les tiroirs. Ils ont jeté par terre les livres de Torah ; c’est du vandalisme de la mémoire juive sfaxienne ! J’ai 76 ans et j’ai pleuré comme un enfant. Parce que quand vous voyez votre lieu de culte comme ça, ça fait mal ».

Le gouvernement tunisien ainsi que les différents partis politiques n’ont pas condamné cette agression. De la même manière, on a pu constater un mutisme total de la presse locale et nationale. Les autorités ont mis deux jours pour sécuriser le lieu de culte qui est d’une grande valeur historique et architecturale. Il est à noter qu’il ne s’agit pas de la première profanation de cette synagogue mais bien de la troisième (!) En effet cette synagogue avait déjà été vandalisée et pillée en aout 2011 et décembre 2012. A cette époque, les chandeliers en argent massif d’un poids évalué à soixante kilos avaient été dérobés. La maison de l’administrateur attenante à la synagogue avait été entièrement vidée de son contenu. Des documents et des photos anciennes avaient disparu.

Il est à noter que les sifré Torah de la synagogue ont été volés, les livres et les talit (châle de prière) jetés à terre. Les bancs ont été renversés et les vitraux ont été brisés à coup de pierre, alors qu’ils venaient d’être restaurés à grands frais par la communauté juive locale, ainsi que par ses membres originaires qui vivent actuellement hors de Tunisie.

Les criminels ont dérobé également les kandiles en argent. Les kandiles sont des lumignons trempés dans l’huile, elle-même contenue dans un gobelet fixé à une plaque d’argenterie où étaient gravés les noms des disparus. Toutes les boites de tsédaka (bienfaisance) où les pèlerins déposaient leurs dons à l’occasion de leur passage ont été également dérobées. Cette synagogue fait l’objet de pèlerinages réguliers.

La synagogue Bet-El est en effet une des plus grandes de Tunisie mais aussi la plus récente puisqu’elle a été inaugurée à la veille de l’indépendance nationale, soit le 6 juin 1955. Située en plein centre-ville, avenue d’Alger, elle est constituée d’un grand bâtiment qui regroupait à l’origine la synagogue à proprement parler, les bureaux du conseil communautaire, l’OSE et un réfectoire. A sa grande époque, Sfax a compté jusqu’à douze synagogues et jusqu’à plus de 4000 juifs.
 

La sainteté d'une synagogue

Nous ne pouvons que déplorer cette atteinte à la maison d’Hachem, puisque la synagogue est considérée comme un mikdach mé’at, un petit sanctuaire, par opposition au grand sanctuaire, le bet hamikdach (Temple de Jérusalem).

Cela sera aussi l’occasion pour nous de réviser les lois concernant la synagogue (halakhot bet haknesset). Les synagogues recèlent en elles de la sainteté, par conséquent il faudra s’y comporter avec beaucoup de déférence et veiller scrupuleusement à leur entretien et à leur propreté. (Yalkout Yossef, halakhot bet haknesset, page 235)

Il est également interdit de tenir en ces lieux des conversations futiles et légères qui ne sont pas compatibles avec le caractère saint du lieu. Et à propos de ceux qui transgressent cet interdit, le verset les interpelle en ces termes : « Qui vous a demandé de fouler Mes parvis » (Ych’ayahou 1, 12)

Il existe une obligation sacrée pour les craignant D.ieu de reprendre avec douceur ceux qui ne respectent pas cette injonction. Le Zohar hakadoch insiste beaucoup sur cette interdiction, affirmant même que celui qui se permet de tenir des conversations futiles dans ce lieu saint n’a pas de part dans le D. ieu d’Israël. (Yalkout Yossef, halakhot bet haknesset, page 236)

Le respect que nous devons à ces lieux saints nous donnera le mérite prochainement de pouvoir assister à la reconstruction  du troisième Temple, lieu par excellence de la sainteté. Amen.