Un an, un an déjà que la pandémie sévit dans l’univers ! « Faire le point » n’est jamais aisé, car nous ne savons guère où nous en sommes. Il importe cependant pour ceux qui croient en un message de la Transcendance de réfléchir et surtout de tenter de créer un monde meilleur. Le Créateur nous invite à prendre conscience de la faiblesse de l’homme de l’insuffisance de notre existence, mais par ailleurs, Il nous encourage à nous guérir, et à faire des efforts pour nous rapprocher de Lui. C’est le sens de notre désir de découvrir l’Eternel au-delà des souffrances et des difficultés. Les sages expliquent le verset de Chemot Vérapo Yirapé - et il devra se guérir » (Chemot - Exode 21, 19) en commentant que la personne qui a blessé l’autre doit payer les frais occasionnés pour la guérison.
Le Tout-Puissant envoie des souffrances à l’homme ; il lui revient de les dominer, d’en limiter la portée et de veiller à la guérison. Depuis la Création, il se trouvait dans la matière un aspect positif et un aspect négatif, équilibrés. La faute d’Adam Ha-Richon a déséquilibré le monde, en donnant une prépondérance à la négativité. De là l’origine des fautes, des malheurs, mais par ailleurs, le travail de la créature – et en particulier du fidèle à la parole divine, révélée au Sinaï, est de rétablir cette harmonie première, l’équilibre originel. Ici, se situe la difficulté du croyant, mais en même temps sa grandeur : se rapprocher de l’Eternel, en corrigeant le négatif impliqué dans le matériel. Ce n’est ni facile, ni agréable, car la souffrance existe, mais non pas en termes absolus, mais en essence relative. Cela signifie qu’il n’y a pas de « misère » absolue, de « chute » totale irréparable. L’homme n’est pas « misérable » essentiellement. Il importe qu’il puisse « réparer » sa situation. C’est ce que la tradition appelle le « tikoun », la réparation, ou l’amélioration de la situation de la créature. Traduit ainsi, ou plutôt compris ainsi, le Tikoun est « unification de D.ieu et de Sa manifestation sur terre » (expression traduite de la phrase araméenne “Yi’houd Koudcha Bérikh Hou Ouchkhinté), union du Saint Béni Soit-Il et de sa Providence), rencontre entre la Transcendance et l’immanence (définie ainsi dans le livre « Vers l’Harmonie » de Rav Elie Munk, p. 80). Il est évident que pour parvenir à cette élévation spirituelle, à cette rencontre entre l’Infini et le fini, entre l’Eternel et l’éphémère, toutes sortes de difficultés apparaissent. C’est alors et ici que se situe le rôle – succès ou échec – du processus de guérison, sans relation nécessaire, que D.ieu préserve, avec la situation personnelle de la créature : il ne nous appartient jamais de juger, et de considérer, avec nos yeux faibles, avec notre optique matérialiste, le rapport entre la maladie et l’activité de la créature. Quelles que soient les circonstances – agréables pour la société ou tristes – il faut toujours remercier le « Juge de Vérité » (bénédiction spéciale : LéDayan HaEmet – envers Celui dont les jugements reflètent la Vérité).
Une racine « bilettrée » (formée de 2 lettres, alors que généralement l’hébreu connaît des racines « trilettrées », à 3 lettres) rend, de façon très intéressante, cette ambiguïté sémantique, selon la 3ème lettre que l’on ajoute à la racine première. Le vocable (« ‘Hass ») en hébreu invite à la compassion, comme dans l’expression « ‘Hass Vechalom » – signifiant « que D.ieu nous protège ! ». Si l’on ajoute à ces 2 lettres ח' et ס' (« ‘Het » et « Sameh ») un Hé (ה'), on obtient un terme qui exprime aussi l’idée de « protéger en couvrant » (חוסה : ‘Hosséh). Si on ajoute un ד' (« Dalet » à ces 2 lettres initiales), alors apparaît le mot חסד (« ‘Hessed », bienveillance, amour), vocable qui est à la base de la construction du monde. « Le monde est fondé sur le ‘Hessed » expliquent les Sages. A remarquer que le même terme « ‘Hessed » peut traduire aussi un amour dévoyé (inceste). Si on ajoute un נ' (« Noun ») à ces 2 premières lettres, c’est l’idée de « force protectrice » qui est alors incluse (et c’est donc le mot utilisé pour la vaccination). Ajoutons un מ' (« Mèm »), vient alors l’idée de « boucher, fermer » (utilisé pour le mot « museler »). Par contre, mettre un ר' (« Rech ») en 3ème lettre, alors surgit l’absence, le manque (חסר – ‘Hassèr). Cet exemple illustre, comme on l'a déjà remarqué, que le monde est à notre disposition. Ajoutons une lettre, retirons une lettre. Le monde, c’est la créature qui le façonne, en particulier dans la version de la « langue sainte » - Lachon Hakodèch !
Concluons que la guérison – c’est-à-dire la réparation du corps – est un élément de notre « Avodat Hachem ». Il nous importe, il Lui importe, que nous fassions un effort pour nous rapprocher de la source de la sainteté. Cela s’inscrit dans le devenir messianique, formé de heurts, traversé d’obstacles, mais qui, en définitive, doit mener à la Rédemption. Ainsi devons-nous comprendre notre voie ici-bas, difficile à gérer, car semée de maladies, ébranlée par les pleurs, mais en prenant conscience de notre ferme résolution de ne pas cesser de désirer l’objectif final : faire régner le Royaume de D.ieu, faire connaître la puissance de l’Eternel dans l’univers qu’Il a créé pour le bien de la créature. Attendre et croire en la venue de l’ère messianique ne peut être que le but ultime de l’homme sur terre. C’est la gloire d’Israël d’en être le messager et c’est son bonheur dans ce monde et dans le monde futur !