Le petit cube incassable de notre enfance, vous vous souvenez…? Il existait à l’époque en bleu, blanc, rouge, noir, jaune et vert.
La boîte « de luxe » c’était une maison, une belle voiture, ou un avion, avec roues et fenêtres en accessoires. Déjà alors, le jeu était relativement cher parce que de qualité et celui qui le possédait, forçait le respect de toute la classe et de tous les copains. C’était seulement les riches, les « Geoffroy » qui pouvaient se le permettre.
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Né au Danemark, des mains d’un charpentier du nom de Christiansen, abandonnant le bois pour se reconvertir au plastique, le fameux cube à tenons (picots) surgit de ses mains en 1952 et sera commercialisé en 1954. C’est vite l’engouement. Mais les pièces ne s'emboîtent pas encore très bien, et en 1958, un matériau amélioré, le plastique ABS, lui donne résistance et dureté, tout en restant léger.
En 1969 le premier « Legoland », ville Lego, voit le jour au Danemark et en 2000, Lego devient la marque number One de vente de jeux pour enfants. Les figurines seront ajoutées en 1978 seulement.
Le thème de chaque nouvelle boîte est emprunté au monde des enfants, de Zorro à la conquête de l’espace. Toutes les aventures et les aventuriers du grand et petit écran se retrouvent dans les boîtes Lego, toujours plus imposantes. En 2015, la multinationale est sacrée « la marque plus puissante au monde » par le cabinet Brand Finance, avec un chiffre d’affaires de presque 4 milliards d’euros. Rien à dire, la petite entreprise a été bien gérée, par les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants du brave charpentier.
Alors pourquoi parler « Lego » 2 jours avant Ticha’ Béav ? Parce que veille de jeûne, on cherche à occuper les enfants pour laisser papa et maman se reposer tranquillement ? Peut-être, mais pas seulement…
Bon voisin - Chakhen tov
Rav Guil Manor, 47 ans, père de 5 enfants, est un des Chlou’him Habad de Netivot. Il n’est pas né dans une famille religieuse, mais traditionaliste.
Petit garçon, alors qu’il jouait dans les escaliers avec les enfants du quartier, il vit un voisin en habit de Chabbath, se rendre à la synagogue. Petit Guil, curieux, s'interrogea. Le Chabbath suivant, il demanda à sa maman de « le faire beau », douché, savonné, raie au milieu, habillé d’une chemise blanche, pour partir à la synagogue avec le voisin. L’accueil, l’ambiance, la chaleur, les prières le fascinèrent et ce fut le début de son parcours : il demanda de quitter l’école laïque pour un établissement religieux, ses frères en firent de même, et si déjà, la maman aussi se rapprocha. Il rentra plus tard dans une Yéchiva, et aujourd’hui, il est Chalia’h ‘Habad à Nétivot.
Dans le cadre de ses activités avec les enfants, Guil, pédagogue dans l’âme, voulait trouver un moyen de faire ressentir aux enfants, concrètement, sensiblement, ce qu’était le Beth Hamikdach. Il les sentait tellement captivés par tout ce qui touchait à ce thème, par la narration et des travaux manuels simples, qu’il cherchait une idée pour fixer cette étude de façon encore plus intense.
Et l’idée jaillit. Eureka !! Les LEGO !!
Il concevra un jeu de construction du Beth Hamikdach façon Lego. De l’idée à la réalisation, il a quand même fallu 2 ans. Mais le résultat est tellement gratifiant. Les commandes affluent et les parents lui écrivent des lettres pour le remercier : « Nous avons acheté le jeu en cadeau d’Afikoman pour notre fils, et c’est fantastique. L’enfant a eu l’impression qu’il construisait véritablement le Temple, et c’est un renforcement de Émouna et d’attente du Machia’h incroyable. » La boîte est bien sûr accompagnée d’un feuillet didactique, que l’enfant suit étape après étape, pour arriver au but. Le jeu contient 1590 pièces et a demandé à Guil un approfondissement du sujet pendant de longs mois. Mais le jeu en valait vraiment la chandelle, c’est le cas de le dire ! Car via les petits cubes, c’est tout l’élan et l’espoir de la reconstruction du Temple qui s’éveillent dans le cœur des enfants, de façon ludique.
Maor Cohen, le bien nommé
Certaines personnes portent bien leur nom. Maor – astre – est né pour faire le bien et éclairer ses congénères. À 43 ans, père de 3 enfants, vivant à Tel Aviv, pratiquant, il vient de finir une carrière militaire de 20 ans, pour s’engager dans des études d’infirmier en psychiatrie.
Mais sa vie, c’est les Lego.
Enfant, son père fut longtemps hospitalisé pour des problèmes cardiaques, et sa maman voulant compenser ses absences, se rendant journellement auprès du papa alité, lui acheta une très belle boîte de Lego. Lorsque le petit astre était triste, il s’occupait à construire et oubliait...
Il grandit, et de fil en aiguille, alors qu’il faisait du bénévolat, il se rendit à l’Hôpital pour enfants Schneider, au département oncologique, pour distribuer des boîtes de Lego aux petits malades. Aujourd’hui, 4 à 5 fois par semaine, il se rend à l'hôpital pour « sa tournée » : on le reconnaît, on l’attend, on veut jouer avec lui. Maor est devenu l’homme Lego. Ich Lego en hébreu.
Lui-même est fan du jeu, qui développe au mieux selon lui, créativité, motricité fine, sens de la construction. Les possibilités sont infinies et passionnantes.
Le travail avec les enfants dans ce département est excessivement prenant émotivement et affectivement, car malheureusement, il arrive que la maladie soit la plus forte. Mais Maor, même s'il doit se résigner à l'annonce du décès d'un enfant, continue sa mission – celle de donner de la joie – et voit de nombreuses guérisons. « Il faut » dit-il, « avoir une confiance absolue en D.ieu et comprendre que nous sommes infiniment petits, dans le monde du Créateur. »
Les boîtes de Lego sont toutes financées par des donateurs, désireux de réjouir les malades.
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Guil comme Maor, dont le seul souci est de faire le bien, s’occupent sans cesse d’amener leur pierre au Beth Hamikdach et ce, par leur attachement indéfectible à la Mitsva de ‘Hessed.
Petit cube après petit cube, ils sont en train, par des actions simples et bonnes, d’édifier ici-bas le Temple.
Et ce, avec des Lego.
On n’a pas toujours besoin de beaucoup plus…
