Dans la Paracha ‘Hayé-Sarah, la Torah affirme à propos d’Avraham : « Avraham était vieux, avancé en âge, et l’Éternel l’avait béni en toutes choses » (Beréchit 24, 1). Les Sages expliquent que le terme « BAKOL », traduit par « en toutes choses », exprime qu’Avraham avait aussi une fille qui s’appelait Bakol, et qu’il avait ainsi une bénédiction TOTALE. Na'hmanide (13ème siècle) n’accepte pas cette lecture, et explique que le terme « BAKOL » (en TOUT) signifiait que la TOTALITÉ de sa bénédiction n’était pas une fille, mais une vertu TOTALE qui était, chez lui, comme une fille, et Na'hmanide écrit que cette bénédiction était la huitième des 13 Attributs de Miséricorde. Or, la huitième vertu est ÉMÈT (VÉRITÉ) qui suit, dans les 13 Attributs, la vertu de ‘HESSED (7ème vertu). (À remarquer, au passage, que cette vertu chez Avraham, le suivait, car la préposition « BA », dans BAKOL, sous-entend un accompagnement, et chez Its’hak, quand il dit : « J’ai mangé de TOUT », le terme utilisé est MIKOL, impliquant que la vérité était la source, car la préposition « MI » explique l’origine, la source. Chez Ya'akov, le vocable « KOL » n’est précédé d’aucune préposition, quand Ya'akov dit à Essav : « Yech Li Kol », j’ai TOUT, car il était lui-même le parangon de la Vérité. V. Béréchit 27, 33, pour Its’hak, et ibid. 33, 18 pour Ya'acov.) La vérité se définit par le TOUT, la totalité. Les Sages nous disent qu’elle est gravée sur le trône divin avec la figure de Ya'acov.
Il est, certes, significatif qu’elle se situe dans les Attributs de l’Éternel, juste après le terme « ‘Hessed – bienveillance ». Pour arriver à la vérité, il faut être bienveillant, car, autrement, l’absence de bienveillance ne peut que nous aveugler, occulter la voie de la vérité.
Que se passe-t-il, aujourd’hui, autour de la mort d’une journaliste arabe palestinienne ? Veut-on effectivement voir la vérité, savoir qui a tiré la balle qui l’a tuée ? À l’heure où ces lignes sont écrites, nul ne sait exactement où se cache la vérité. Il est évident que s’il n’y a pas de bienveillance – comme on vient de le rappeler, il ne sera pas facile de découvrir la vérité.
La Guémara nous rapporte dans la Massékhet Sanhédrin (Sanhédrin 97a) qu’il existait une ville sur laquelle l’ange de la mort n’avait pas de prise, car on n’y disait jamais de mensonges. Un jour, quelqu’un est mort dans cette ville, et on s’est demandé quelle en était la raison. Alors, on a découvert qu’un Rav, pour des raisons de pudeur, - à savoir même avec une intention positive - avait rapporté un évènement de façon contraire à la vérité. C’est cette faute, quant à la vérité, qui a causé ici la mort.
D’où vient cette puissance absolue de la vérité ? La Vérité est le reflet du Créateur. On l’a déjà fait remarquer à plusieurs reprises : si l’on retire le א du mot אמת (Émèt-vérité), ce qui reste est le mot מת Mèt, c’est-à-dire « mort ». À tous les niveaux - psychologique, social, familial, politique –, le mensonge ne peut être que fortement négatif. Dans le cas actuel, la source de la balle homicide pourrait éclairer les faits, mais on veut, apparemment, occulter la réalité. Il n’est nullement notre intention d’exprimer une opinion. La vérité, sachons-le, se cache bien souvent à l’œil humain. Pourquoi répéter, ici, une banalité bien évidente ? C’est qu’en réalité, l'un des objectifs de la création se trouve en question : rechercher la vérité, c’est chercher l’Auteur derrière les apparences qui Le cachent.
Pourquoi Adam Harichone se cache-t-il de l’Éternel, après avoir fauté ? Pourquoi l’Éternel – Qui, évidemment, sait tout – pose-t-Il la question à Adam ? « Aurais-tu mangé de l’arbre dont Je t’avais dit de ne pas manger » (Béréchit 3, 11) ? De même, quand Balak, roi de Moav, envoie des messagers à Bil’am, démarche contraire au désir de l’Éternel, ici aussi, le Tout-Puissant sait évidemment le but de cette démarche et demande à Bil’am : « Qui sont ces hommes venus chez toi ? » (Bamidbar 22, 9). L’Éternel s’adresse à l’homme sous forme d’interrogation sceptique. Il est nécessaire de décrypter les faits : pourquoi as-tu fait cela ? Qui est venu chez toi ? Il ne convient pas de nous satisfaire de l’apparence extérieure ! Quelqu’un se cache derrière les faits, et c’est ici que réside la Vérité objective. C’est ce que nous enseigne le mot – KOL – totalité – qui a une valeur numérique de 50, au-delà des 7 jours x 7 semaines qui symbolisent l’apparence naturelle, extérieure de la réalité, mais derrière laquelle se cache une réalité intérieure. C’est ici que l’on trouvera la vérité, et c’est le 50ème jour qu’aura lieu la Révélation ! La Vérité existe, il est interdit de l’occulter, mais on doit faire l’effort de la rechercher. Le but de la Création reste de DÉCOUVRIR l’énigme du monde, par l’étude approfondie de l’organisation du réel. Le 'Hazon Ich, dans son livre « Émouna Oubita'hon », présente ainsi l’énigme qui interroge l’humanité, et, par une analyse détaillée des divers éléments de la Création – détails précis, physiques, psychologiques, organisation de la société – il décrypte la Création, et la grandeur du Créateur. Telle est la vérité qu’il nous faut découvrir pour nous rapprocher du Ribono chel 'Olam, du Maître de l’Univers.