Il est une vérité bien connue : quand on a la foi, on a le courage d’agir et de tenter d’établir une situation, ou de construire un édifice. Mais si l’on a perdu la foi, à quoi sert le courage ? Si l’on ne sait pas pourquoi on lutte, la lutte est vaine. On a, une fois, lancé une boutade : « La machine ronde a perdu la boule ! » Expression qui correspond ironiquement à notre époque. Vidée de son sens, l’émeute ne peut virer que dangereusement, comme une voiture dont les freins ne fonctionnent pas. Un chômeur « gilet jaune » n’a pas eu peur de lâcher cette phrase terrible : « S’il fallait supprimer Macron, je crois que je pourrais le faire » (L’Express p. 43 n° 3419).
Pourquoi la Torah nous interpelle-t-elle dans cette situation embrouillée ? Où voyons-nous (toutes proportions gardées d’ailleurs – להבדיל בין קדש לחול) une situation de désordre qui a conduit à une catastrophe irrévocable ? Dans le désert, les enfants d’Israël demandent à Moché Rabbénou d’envoyer des explorateurs visiter la Terre de Canaan, où ils devaient arriver peu de temps après : « Vous vous êtes approchés de moi [pour demander l’envoi des explorateurs] » (Deutéronome 1.22). Rachi commente : « en foule désordonnée ». La demande désordonnée du peuple – et le refus conséquent d’entrer dans la Terre Sainte – a retardé de 40 ans la conquête du pays et – conséquence entre bien plus grave – est liée à la destruction des deux Temples de Jérusalem. En effet, la date de cette destruction, le 9 Av, était la date de l’insurrection des enfants d’Israël contre Moché Rabbénou. L’exil a donc été la conséquence de la révolte « désordonnée » d’Israël. Assurément, il n’est pas question d’effectuer une comparaison entre les événements actuels et la situation d’Israël dans le désert. Mais cependant une réflexion s’impose : le refus de l’autorité est à la source de l’insurrection.
Tentons d’analyser cette circonstance, essentielle pour la stabilité de la société ! Si l’on n’accepte pas une autorité valable, si l’on refuse de se soumettre à une quelconque valeur, alors on ne peut pas aboutir à une solution satisfaisante. La situation est d’autant plus compliquée qu’aucun chef n’apparaît à l’horizon de ces émeutes.
Il semble que le public a été trompé, ou peut-être s’est trompé. L’ascension d’Emmanuel Macron a été fulgurante, mais surprenante car elle provenait de l’absence d’autres options. Mais la chute fut d’autant plus brusque, car ce n’est pas une absence de popularité qui s’est manifestée, mais un sentiment de « détestation » qui est ressenti en France. Il est certes avéré quelquefois que « plus élevée est l’ascension, plus dure est la chute ». En tout cas, il importe à nos yeux de ne pas se laisser attirer par de faux mirages. Seule l’humilité du chef peut faire sa grandeur, ainsi que la Torah le dit à propos de Moché Rabbénou (« le plus humble de tous les hommes – Les Nombres 12.3). Encore faut-il reconnaître qui mérite vraiment d’être traité et apprécié comme chef. Pour cette raison, il faut espérer que l’avènement messianique qui nous révélera la vraie direction, le vrai Chef, et évitera tous les obstacles, se manifeste le plus tôt possible !