Avec le déclenchement des attaques du ‘Hamas, puis avec la réponse israélienne, la répercussion médiatique est énorme. Cela soulève une question sur notre quotidien avec des non-juifs (dont certains se sentent soudainement concernés par les évènements...). En effet, il n’est pas rare que quelqu’un se voit assailli de questions par ses collègues, voire de critiques virulentes à l’encontre de l’État d’Israël, et par amalgame, envers tous les Juifs du monde.
Comment faut-il réagir dans un tel cas ? Une première réaction “réflexe” consiste à démontrer point par point que les critiques ne sont pas fondées. Je ne préconise pas cette solution pour deux raisons : tout d’abord, la compréhension du conflit actuel d’un point de vue strictement géopolitique est complexe. Il faut donc de réelles compétences afin d’aborder le sujet sous cette optique. De plus, la majorité des personnes qui invectivent n’écoutent pas la réponse donnée. Dès qu’elles se sont forgées une opinion par le biais des médias, elles ne sont pas prêtes à admettre le bien-fondé d’un autre avis. On voit en effet cela chez Caïn qui parle à Abel avant de le tuer. Le verset ne précise pas ce qu’il lui dit. Rachi explique : il cherchait uniquement le conflit (Commentaire sur Béréchit 4, 8). Aussi, peu importe les propos tenus d’un côté ou de l’autre : celui qui cherche le conflit refuse le dialogue.
Dès lors, comment agir ? On pourrait conseiller d’ignorer les critiques et de se concentrer sur ce qui est important pour nous : la Torah et les Mitsvot ! Il s’agit dans l’absolu d’une bonne solution : pourquoi perdre du temps dans des débats stériles ? Autant les éviter et utiliser les précieux instants qu’Hachem nous accorde à bon escient ! Cependant, en pratique, lorsqu’il s’agit de personnes que l’on fréquente quotidiennement, il n’est pas possible de feindre l’ignorance. Il y a alors une solution intermédiaire : reconnaître ne pas être compétent pour débattre de sujets géopolitiques (regarder BFM TV ou i24News n’est pas suffisant pour s’affirmer “expert”), mais bien expliquer que seule la Torah nous importe, et qu’elle recommande de rechercher le Chalom, une véritable paix entière avec les hommes et avec Hachem. Le Chalom n’est pas un vain mot : on remarque que la prière pour la paix est la dernière des bénédictions de la ‘Amida. Cela indique que dans la conception juive, la paix n’est pas juste un “principe”, mais “l’objectif final de nos aspirations et de nos efforts”. Comme l’écrit le Rav Elie Munk au nom de Rav Yossef Albo : “La paix signifie l’harmonisation de tous les contrastes, la résorption des antagonismes et des conflits terrestres, donc la fin dernière et la suprême tâche à réaliser.” (Le monde des prières, p.185).
Étant donné que l’interlocuteur s’attend à une confrontation, il sera alors déstabilisé d’entendre un discours - véridique - parlant au contraire d’efforts pour atteindre une véritable paix. S’il a du bon en lui, il entendra ces propos. En revanche, s’il ne cherche vraiment que le conflit, il se rendra compte qu’il n’a pas la personne adéquate en face de lui et partira.
Qu’Hachem envoie le Chalom sur Israël et sur le monde.