À Pourim même (pour les habitants de Jérusalem), est monté dans les sphères célestes un Géant de la Torah, âgé de 94 ans, le Rav Chemaryahou Yossef 'Haïm Kanievsky de mémoire bénie, et sa disparition a, sans conteste, rendu encore plus éclatante la spiritualité de l’âme juive. Neveu du 'Hazon Ich, fils du Steipeler, gendre du Rav Elyachiv, le Rav Haïm Kanievsky était déjà destiné à être une personnalité hors pair, mais il a lui-même été un Maître de sa génération, par de nombreux aspects. C’est sous cet angle qu’il convient de ressentir l’influence de cette personnalité pour notre époque : élément « torahique », présence personnelle et surtout signification historique.
Dans le domaine de la Torah, d’abord, ses connaissances étaient légendaires. Dès sa jeunesse, il achevait chaque année l’étude complète du Talmud. Il connaissait tous les Midrachim, le Choul’han 'Aroukh – il avait écrit un commentaire sur le Michna Broura du ‘Hafets Haïm – il avait rédigé lui-même des livres sur la Emouna, la foi. L’étendue de son savoir était phénoménale, et faisait de ce Rav une autorité absolue dans tous les domaines de la Torah.
Toutefois, à cette dimension intellectuelle s’ajoutait une présence exceptionnelle. Il savait accueillir, répondre, encourager tous ceux qui ne cessaient de s’adresser à lui. Il avait la personnalité d’un chef spirituel, sensible aux problèmes de sa génération. Le sourire qu’il offrait à chacun était déjà signifiant d’une qualité particulière, d’une compréhension rare d’autrui.
Il existait, cependant, chez le Rav Kanievsky, un aspect particulier, essentiel, qui dépassait son charisme personnel, et qui doit apporter un enseignement à notre génération : l’éclat de la Torah qui émanait de sa personne et qui faisait de lui un symbole de la pérennité de la Torah. La présence, à ses obsèques, de presque un million de personnes, est le témoignage d’une vérité fondamentale : l’individu finit son existence terrestre, la Torah continue à éclairer, à maintenir le message divin. Rien ne peut effacer la puissance de la Torah. Elle s’incarne, à chaque génération, dans des personnages exceptionnels qui transmettent la parole de l’Eternel. Il ne s’agit nullement d’un privilège héréditaire transmis de père en fils, car chacun doit s’efforcer d’étudier la Torah et de l’approfondir. Comme le dit le verset : « Voici les statuts que tu placeras DEVANT eux » (Chémot 21,1). La Torah est déposée devant nous. Il nous incombe de l’étudier et de l’observer. L’immense foule venue accompagner le Rav Kanievsky à sa dernière demeure témoigne de la vérité de cet enseignement : la Torah ne meurt pas. Elle n’est pas l’apanage d’une génération, mais elle transcende l’Histoire. Au-delà des péripéties de l’instant, la Loi éternelle, transmise au Mont Sinaï et commentée en écho par les Sages, habille l’histoire d’Israël. Chaque époque est récipiendaire de ce message : soyons conscients de notre rôle qui consiste à l’étudier, à reconnaître les Maîtres qui nous guident. Le Rav Kanievsky était un de ces maîtres. Il n’est plus avec nous, mais la lumière de son enseignement ne cessera d’éclairer le peuple d’Israël.