On sait que les termes « gauche » et « droite » ne sont pas, à l’origine, des données politiques. Dans une Assemblée Législative (en France, en 1791), les députés conservateurs siégeaient à la droite du président et les députés progressistes, ayant des idées plus avancées, étaient assis à la gauche du président. Ainsi, ces deux termes ont finalement traduit une certaine attitude politique : à gauche les socialistes, à droite les conservateurs. Avec le temps, les choses ont évolué : les communistes et les socialistes représentaient, plus ou moins, les ouvriers, qui étaient reliés au marxisme, partisans d’une organisation étatique de l’économie, tandis que la droite, bourgeoise, penchait vers une indépendance libérale de l’économie. La tendance à soutenir la gauche a été un certain temps à la mode, et l’on espérait que le marxisme représenterait l’avenir de l’humanité. C’est ainsi que les Kibboutzim réussirent à créer un certain idéalisme anti-bourgeois. Cette tentative socialiste fut un échec total. De nombreux descendants des fondateurs des Kibboutzim se retrouvent aujourd’hui à Los Angeles, ou au Queens (New York). À l’inverse, la société conservatrice, elle, tente pour le moment d’éviter des échecs dangereux pour l’humanité. Mais l’avenir n’est guère assuré, et l’on envisage sérieusement une crise économique mondiale.
Dans cette perspective, l’ascension progressive, dans certaines démocraties occidentales des partis d’extrême-droite, s’impose à la réflexion. Hongrie, Italie, Suède sont actuellement des pays où la droite extrémiste ne cesse de progresser. En général, dans le monde occidental, le populisme, traduction d’un refus des cadres classiques de la société, exprime ce rejet de l’organisation bourgeoise. Cela signifie, en fait, un retour du balancier de la gauche vers la droite, car le populisme est un phénomène droitier. Or, c’est ce mouvement qui doit susciter notre réflexion, pour deux motifs : une raison idéologique, d’abord, et une raison existentielle ensuite. Idéologiquement, d’abord, c’est le sort de toute idéologie d’être éphémère : le 19ème siècle qui fut témoin de la révolution industrielle donna d’abord de l’importance au capitalisme qui soutient les grands empires industriels, puis ce fut le sort des ouvriers qui intéressa le monde : le marxisme en fut le résultat, mais – on l’a relevé plus haut – cela aussi a eu une fin. La Torah nous dit qu’après avoir fait le veau d’or, les enfants d’Israël se mirent « à manger, à boire, puis se livrèrent à la joie » (Chémot 32, 6). On s’adonne à une idéologie un temps, puis on s’en moque ! Tel est le sort de toute idéologie : on s’y consacre, puis on s’en moque, et on la rejette. Qui, aujourd’hui, croit encore que le marxisme est la solution pour le bien-être de l’humanité ?
Ce passage de la gauche à la droite est lié à un second problème : l’immigration en Europe de populations provenant des anciennes colonies. L’Angleterre, la France, l’Italie, les pays scandinaves, l’Allemagne, sont parmi les pays les plus touchés par ces immigrants. Bien souvent, ces populations s’intègrent difficilement, et cela entraîne des conflits. Les européens réagissent, refusent ces nouveaux venus, et donc votent pour l’extrême-droite. Marine Le Pen a obtenu près de 90 sièges aux dernières élections législatives, résultat jamais obtenu jusqu’à présent ! Les difficultés gouvernementales en Italie, en Suède avec la montée des partis extrémistes témoignent de cette situation.
Alors ? Droite ou Gauche ? Les extrémistes de droite – comme de gauche – sont souvent assez violemment antisémites. Mélanchon, le porte-parole de la gauche, est visiblement opposé à Israël, même s’il ne veut pas s’avouer antisémite. La droite extrémiste est, malgré ses dénégations, héritière des Le Pen, Tixier-Vignancour, qui n’ont jamais caché leur haine pour les Juifs. La Torah – est-il nécessaire de le répéter ? – ne se situe ni à droite ni à gauche. Dans l’Etat d’Israël, il ne peut être question que de s’identifier aux forces qui soutiennent la Torah, et s’inscrivent clairement dans la chaîne de la tradition qui relie le peuple juif à la Révélation du Sinaï, et à son écho talmudique. La « Main droite » de l’Éternel évoquée par Moché Rabbénou dans la « Chirat Hayam », le Cantique de la mer, est la seule protection du peuple, et c’est elle qui assure, au-delà de tous les calculs électoraux, la pérennité d’Israël, ainsi qu’il est dit : « La droite de l’Éternel est sublime, la droite de l’Éternel procure la victoire » (Psaumes 118, 16).