Question 

Chalom Rav Malka,

Voici la question que je voudrais vous poser : dans notre synagogue, il y a un vieillard atteint d’Alzheimer. J’ai vu qu’il comptait le 'Omer en ayant récité la bénédiction. À la fin de la prière, je me suis approché de lui et lui ai demandé s’il se souvenait d’avoir compté le 'Omer tous les jours précédents. Il me dit qu’il espérait de ne pas l’avoir oublié. Est-ce qu’un homme dans cet état peut compter le 'Omer en prononçant la bénédiction ou bien doit-il craindre d’avoir peut-être oublié ? Autre question qui me vient à l’esprit : s’il suppose que lors de la période du 'Omer, il risque d’oublier de compter au moins une fois, doit-il commencer le premier jour à compter le 'Omer avec bénédiction ? 

Réponse

Chalom et bénédiction. Vos deux questions sont vraiment judicieuses. Concernant la première : s’il prie dans un Minyan fixe (quorum de dix hommes), il n’y a aucune raison de craindre qu’il n’oublie. Mais même s’il compte le 'Omer à un autre moment et que, autant qu’il s’en souvienne, il est sûr de ne pas avoir oublié de le dénombrer, il pourra continuer à le faire en récitant la bénédiction. Quant à votre seconde question : même s’il est persuadé qu’un jour il oubliera de compter le 'Omer, il commencera le compte avec bénédiction et s’efforcera de ne pas oublier en apposant, par exemple, sur le réfrigérateur une éphéméride ou un calendrier mentionnant journellement le compte du 'Omer et en programmant un rappel quotidien sur son téléphone.

Réponse détaillée

Le célèbre différend opposant les Richonim (premiers décisionnaires) concerne le fait de savoir si la Mitsva de Sefirat Ha’omer ne s’accomplit qu’en ayant compté les 49 jours sans exception ou bien si le décompte de chaque jour est une Mitsva à part entière. Dans le premier cas, celui qui oublierait de le faire même une seule fois ne pourrait pas continuer à dénombrer le 'Omer en prononçant la bénédiction et dans le second cas même si, un jour, il avait oublié de compter le 'Omer, il pourrait tout de même poursuivre le dénombrement en récitant la bénédiction. Le Choul’han 'Aroukh (chap.489), par crainte de la première opinion, a décrété que celui qui a oublié de faire le décompte même une fois aura la possibilité de continuer à compter, mais sans bénédiction. Et certains décisionnaires ajoutent que toutes les bénédictions qu’il aura prononcées auparavant auront été dites en vain. Mais d’autres décisionnaires ne sont pas d’accord avec eux. 

À la lumière de ce que nous venons de voir, les décisionnaires se sont demandé comment trancher le cas de quelqu’un qui a besoin de subir une opération chirurgicale pendant la période du 'Omer et qui sait qu’il ne sera donc pas en mesure de le dénombrer tous les jours. Commencera-t-il à priori à compter avec bénédiction ?

Presque tous les décisionnaires ont décidé qu’il pourra compter le 'Omer avec bénédiction, soit principalement en raison du fait qu’il a pour le moment l’obligation d’accomplir la Mitsva de Sefirat Ha’omer et de l’exécuter de toute façon en récitant la bénédiction soit parce que, le compte ne s’étant pas effectué continuellement, cette obligation s’annule automatiquement. Mais aussi longtemps qu’il dénombrera sans interruption le 'Omer et ce, depuis le début, il aura, d’après tous les avis, accompli la Mitsva (voire les sources pour plus de détails). 

Ce qui est intéressant dans votre première question, c’est qu’il s’agit d’un malade d’Alzheimer n’étant pas certain d’avoir oublié de compter le 'Omer et, dans votre seconde question, de savoir s’il a déjà oublié de le faire une fois. Mais de toute manière il semble que, d’après la Halakha, il peut commencer à compter le 'Omer avec bénédiction et, ainsi, ne pas craindre par la suite d’avoir peut-être oublié déjà de compter. Et toujours selon la Halakha, un homme normal qui n’est pas sûr d’avoir oublié de compter le 'Omer la veille au soir, pourra continuer à le faire avec bénédiction en raison de la règle « Sfek Sfeka- douteux doublement », à savoir que la Halakha est peut-être tranchée selon les décisionnaires estimant que celui qui a oublié de compter le 'Omer a le droit de continuer de le faire avec Bééndiction, mais que peut-être il n’a pas oublié du tout de compter. Mais comme l’expliquent les décisionnaires, l’essentiel est que, en cas de doute, nous ne craignons pas l’avis de ceux qui se montrent stricts. Et c’est pourquoi, même en ce qui concerne la question qui nous occupe, à savoir qu’il est fort plausible que le vieillard souffrant d’Alzheimer ait oublié de compter le 'Omer au moins une fois, il continuera malgré tout à le faire avec bénédiction. 

Bien entendu, afin de l’empêcher au maximum de prononcer une bénédiction en vain, il convient d’agir à son égard avec sagesse et de s’assurer autant que possible qu’il n’oublie pas de compter le 'Omer. Cela est vrai pour tout un chacun et, particulièrement, pour les malades d’Alzheimer. En conséquence, si vous vous trouvez non loin de lui, aidez-le à programmer des rappels sur son téléphone et encouragez-le à prendre part à la prière en public. C’est une Ségoula merveilleuse pour tout le monde de se souvenir de compter le 'Omer chaque jour…

Références

Tour et Beit Yossef, Ora’h ’Haïm, chap.489 ; Avodat Hakodechh, Moré BeEtsba, &217 ; Yabi’a Omer, 1re partie, Yoré Dé’a, chap.21 ; Or leTsion, 1re partie, chap.36 ; Kinat Soferim, feuille 80, « Ouvenidon Hassefira » ; Yakout Yossef, Tsitsit et Tefilin, remarques chap.37, &3 – ’Hinoukh Katan BeMitsvot Tefilin, remarque 2 ; Responsa Betsel ha’Hokhma (5e partie, chap.45) au sujet d’une personne gravement malade à qui les médecins prédisent qu’elle ne vivra pas au-delà de Chavouot ; Halikhot Chelomo, Pessa’h, chap.11.

Nous répondons à vos questions concernant les sujets Halakha, Vieillesse et Médecine, à l'adresse mail: [email protected]. Certaines des réponses seront développées et publiées ici même.