Accompagner en voiture un vieillard à l’hôpital le Chabbat : permis ?

Question 

Chalom Rav,

Ma mère est très âgée. Elle a déjà quatre-vingt-huit ans, et vit depuis quelques années en maison de retraite. Ces derniers temps, son état de santé n’est pas stable. Lorsque les responsables de la maison de retraite craignent pour sa santé, ils l’envoient immédiatement à l’hôpital et m’en informent par téléphone. Ce cas-là s’est produit Chabbath dernier ; aussi en ont-ils fait de même et m’ont mis au courant qu’ils l’avaient fait hospitaliser. Je suis partie sur-le-champ en voiture à l’hôpital. Baroukh Hachem, son état de santé s’est amélioré au bout de deux jours. Mais mon fils m’a dit qu’il était interdit de répondre le Chabbath à un appel téléphonique venant de la maison de retraite et de prendre également la voiture pour me rendre à l’hôpital, car on avait déjà pris soin de ma mère et comme il ne s’agissait plus de sauver une vie humaine, il m’était défendu de partir en voiture afin d’aller auprès d’elle. Je ne pense pas qu’il ait raison, mais je voudrais connaître l’avis de la Halakha. Merci. Ra’hel. 

Réponse

Chalom Ra’hel,

Vous avez agi exactement suivant la Halakha. Il vaut mieux cependant demander à la maison de retraite de vous téléphoner le Chabbath uniquement en cas d’urgence et, pour tout autre sujet, de ne vous appeler que pendant les jours de la semaine. En effet, c’est une Mitsva de se tenir informé et de se hâter d’accompagner à l’hôpital même pendant Chabbath un vieillard dans un état de faiblesse ou d’inconscience, parce qu’il sera mieux soigné et que l’on considère que sa vie est en danger. 

Réponse détaillée

De nombreux décisionnaires jugent évident le principe selon lequel on accomplit une Mitsva en accompagnant à l’hôpital un malade incapable de prendre soin de lui-même et de se préoccuper de ses propres besoins médicaux comme dans le cas où il est inconscient ou qu’il est âgé et souffre de démence ainsi que dans le cas de tout vieillard se trouvant dans un état de faiblesse. Cela va de soi qu’il ne sera pas en état se soucier de lui-même et, dès lors, on peut craindre énormément qu’il ne sache pas décrire minutieusement ses antécédents médicaux, indiquer si nécessaire son groupe sanguin et faire la liste des médicaments qu’il prend. Ce sont les questions cruciales que le personnel médical des services d’urgence pose afin d’être en mesure de le soigner efficacement. C’est pourquoi le fait qu’un proche l’accompagne à l’hôpital s’inscrit dans le cadre du sauvetage d’une vie humaine. 

En outre, on craint toujours qu’une personne arrivant à l’hôpital sans être accompagnée par quelqu’un se souciant d’elle ne soit malheureusement moins bien soignée. Bien que les médecins aient l’obligation de prodiguer les meilleurs soins à tous ceux qui viennent à l’hôpital, en réalité, ce n’est que dans le cas où il est accompagné que le patient aura davantage de chances d’être examiné par un médecin plus expert et que les examens seront aussi complets que possible, etc. Par conséquent, même sous cet aspect, l’accompagnement du patient joue un rôle non négligeable dans le contexte du sauvetage d’une vie humaine.

Néanmoins, lorsqu’il s’agit d’un malade hospitalisé depuis quelques jours et dont l’état de santé est stable et s’améliore constamment, il sera interdit de violer le Chabbath et de lui rendre visite afin qu’il se sente moins seul et moins triste. Il vaut mieux absolument se préoccuper la veille de Chabbath de trouver quelqu’un qui lui tienne compagnie tout le long du Chabbath, mais si c’est impossible, on n’aura pas le droit de venir le voir ce jour-là à moins qu’un événement urgent ne se produise soudainement. 

(Si un besoin particulier se fait sentir et que l’on peut lui rendre visite en employant les services d’un conducteur non-juif, on posera la question à un Rav compétent, cas par cas, et on fera ce qu’il ordonnera). 

Références

Responsa Chévet HaLévi, 8e partie, chap.65 ; Chemirat Chabbat Kehilkhata, chap.40. 82 ; Responsa Haré beChamaïm, chap.189

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