גְּמָלַתְהוּ טוֹב וְלֹא רָע כֹּל יְמֵי חַיֶּיהָ.
Elle contribue à son bonheur, et jamais elle ne lui cause de peine, tous les jours de sa vie...
Pourquoi le verset est si compliqué ? Ce verset ne manque pas de nous étonner par sa redondance ! Pourquoi ne pas dire tout simplement “elle contribue à son bonheur” ? Pourquoi rajouter “elle ne lui cause jamais de peine” ? Et que rajoute l’élément “tous les jours de sa vie” ?
Pour répondre à cette question, plongeons-nous dans une maison juive un matin où tout ne marche pas à la perfection. Un enfant se réveille avec de la fièvre, un autre ne trouve pas sa chaussure alors que le car de ramassage scolaire est presque déjà en bas, et la femme doit partir dans vingt minutes au travail - à peine le temps qu’il faut pour trouver quelqu’un qui garderait le petit, ce matin là. Le mari débarque alors, tout sourire, et demande à son épouse si le tupperware avec son repas de midi est prêt à emporter.
“Elle contribue à son bonheur” s’applique également dans ce moment extrêmement tendu ! Elle parvient à garder son sang froid, y compris dans des moments de stress, et à répondre calmement ! Allons encore plus loin et imaginons un scénario où le mari exprime sa frustration que le repas de midi n’est pas prêt, comment va-t-elle réagir à votre avis ? “Elle ne lui cause jamais de peine” s’applique également à ce moment là ! Pourtant elle aurait toutes les raisons de s'énerver, de se mettre en colère, ou au moins de hausser le ton ! Pourtant, la Echet ‘Hayil sait garder la maîtrise de soi et ne se met pas en colère. Elle parvient à expliquer calmement que ce matin elle n’est tout simplement pas à même de préparer le déjeuner car il y a de nombreux imprévus.
Tout simplement.
La Echet ‘Hayil est celle qui sait utiliser son libre arbitre
En fait, la Echet ‘Hayil est celle qui sait utiliser son libre arbitre. Qu’est ce que le libre arbitre ? Il s’agit de l’espace de temps de quelques fractions de secondes entre une situation et la réaction que l’on choisit d'adopter. Nous ne pensons pas que “nous n’avons pas d’autre choix que de nous énerver”. Un enfant qui a été embêté à l’école peut choisir de ne pas frapper en retour, mais plutôt d’aller voir le professeur ou le directeur. Nous ne sommes pas “impuissants face à la colère qui monte naturellement en nous”.
Evidemment que ce genre d’attitude peut paraître très loin de notre quotidien et quelque peu idéal. Mais c’est justement ce que vient incarner la Echet ‘Hayil : un idéal. Un idéal n’est pas là pour nous culpabiliser ou nous décourager. Un idéal est là pour nous motiver. Comme nous l’avons dit en introduction, on ne naît pas Echet ‘Hayil, on le devient. Comment ? En s’exerçant. Si nous maintenons cette attitude décrite comme un idéal, alors cela va nous tirer vers le haut. Et quand bien même nous échouons neuf fois sur dix, mais que nous arrivions à garder la maîtrise de nous une fois sur dix alors nous pouvons déjà être très fières de nous ! Car c’est la garantie que nous sommes en progression. Et c’est tout ce que la vie attend de nous : non pas la perfection, ni l’inaction, mais la progression.
Selon le Midrach, derrière chaque verset, se cache une femme de la Bible.
Qui est la femme qui se cache derrière ce verset ?
Il s’agit de notre matriarche Rivka !
Rivka était l’épouse de Its’hak et la mère de Yaakov et Essav. Elle et son mari avaient un profond désaccord concernant le projet pédagogique de leurs enfants : Rivka pensait que Yaakov serait leur successeur spirituel, tandis que Its’hak pensait qu’il s’agissait de Essav. Leur désaccord a duré pendant 63 ans, au cours desquels ils ne se sont jamais disputés à ce propos ! Plus encore, lorsqu’au moment de la bénédiction, Its’hak a enfin eu la révélation qu’il s’est trompé pendant toutes ces années à propos de son fils Essav. Il a réalisé que c’était sa femme qui avait raison. Et pourtant Rivka ne lui a jamais dit “tu aurais dû m’écouter pendant toutes ces années” ou bien “j’avais raison et tu avais tort” !
Tous les jours de sa vie ?
Tous les jours ordinaires de notre vie peuvent être perçus comme extraordinaires. La Torah nous habitue à voir tout ce qui est ordinaire comme étant extraordinaire : nous récitons une bénédiction sur la nourriture, sur des nouveaux habits ou encore sur notre capacité à marcher. Chaque petite expérience de la vie peut être vécue comme quelque chose de normal ou bien comme une expérience excitante et enrichissante. Tout dépend l’émotion, la joie et l’attention que l’on y met. C’est aussi ça la magie d’une Echet ‘Hayil : elle remplit sa maison de joie de chaleur et de bonheur. Aider avec le sourire, mettre un petit mot dans le cartable, faire un calin sans raison, dire “je t’aime” ce sont ses gestes quotidiens.
Tous les jours ordinaires, non seulement elle choisit de maîtriser ses émotions négatives, mais elle choisit également d’abonder en ondes positives. La Echet ‘Hayil nous livre ici un secret formidable : lorsqu’on fait des efforts pour faire du bien autour de nous, alors les émotions négatives se volatilisent par la même occasion. Parfois, pour ne pas s'énerver, dire un mot gentil est finalement la meilleure solution ! Multiplier le positif pour chasser le négatif, c’est aussi ça la force de la Echet ‘Hayil.
C’est à notre portée. Il suffit juste… de s’exercer !