בָּטַח בָּהּ לֵב בַּעְלָהּ וְשָׁלָל לֹא יֶחְסָר.
En elle le cœur de son époux a toute confiance; aussi les ressources ne lui font-elles pas défaut.
Le second verset nous parle d’une notion fondamentale : la confiance. Il a toute confiance en elle et donc ne s’appauvrit pas. Quel est le lien entre confiance - qui est d’ordre émotionnel - et la richesse - qui est d’ordre matériel ?
Le ‘Hovot Halévavot [1] nous définit ce qu’est la confiance. Il s’agit de la certitude qu’une personne va tout faire pour nous aider, en ayant à cœur notre intérêt comme si c’était son propre intérêt. De plus, cette personne sera prête à tout pour obtenir ce qu’il y a de mieux pour nous, en œuvrant tout au long avec bienveillance et générosité.
Cette confiance totale et aveugle, c’est presque impossible à atteindre, pensez-vous ! Et vous avez raison ! C’est pourquoi une vraie confiance pleine et authentique, on ne peut la trouver qu’entre un homme vis-vis de son Créateur, mais aussi... entre en homme et son épouse vertueuse !
Concrètement, le Mé’am Loèz [2] nous décrit ce que cela signifie au quotidien : la femme vertueuse est digne de confiance pour les sujets importants comme pour les sujets mineurs. Elle tient parole, elle dépense intelligemment, elle a de bonnes relations avec le voisinage et la communauté et, bien sûr, avec sa belle-mère (!), elle ne va pas réagir de façon disproportionnée en cas de désaccords, et elle sait reconnaître lorsqu’elle fait des erreurs. Peu importe le domaine concerné, son époux a une pleine confiance en elle et sait qu’elle gère les choses avec droiture et bienveillance !
Alors quel rapport entre ce sentiment et l’abondance matérielle ?
Le Métsoudat David [3] explique que si la femme n’est pas digne de confiance, il ne peut pas y avoir de bénédiction dans les finances. En effet, ce n’est pas possible, car toute la bénédiction financière d’un foyer dépend de la femme. Une femme digne de confiance, c’est celle qui ne va pas imposer “un train de vie” trop important à son mari, qui va faire attention à ce que les dépenses soient en proportion avec les entrées d’argent, et qui saura se débrouiller pour gérer son foyer du mieux qu’elle peut avec les ressources qui lui sont imparties.
De plus, Rachi [4] explique que la ressource principale qui découle de la femme vertueuse n’est pas d’ordre matériel. Selon lui, il s’agit d’une richesse d’ordre immatérielle, et c’est pour lui la plus grande richesse qu’une personne puisse avoir : il s’agit de la tranquillité d’esprit. Le mari de la femme vertueuse n’est jamais anxieux, car il a une pleine confiance en sa femme. Il sait qu’elle gère les choses d’une main de fer. Qu’il soit en train d’étudier la Torah ou qu’il soit au travail, sa tête est pleinement concentrée dans ce qu’il fait et il n’est jamais distrait par des questions, des doutes ou de l’anxiété sur ce qui pourrait se passer de négatif à la maison. Une femme digne de confiance, c’est, outre la garantie d’une richesse matérielle, ce qui assure la plus grande des richesses immatérielles : la sérénité de l’esprit !
Allons encore plus loin. La confiance dont nous fait part le roi Salomon indique également le lien émotionnel qui unit les époux. Ils ont une pleine confiance émotionnelle l’un en l’autre. De quoi s’agit-il ? La femme vertueuse et son conjoint ne se pointent pas un doigt accusateur l’un sur l’autre dès qu’il y a un imprévu. Ils ne mettent pas la lumière sur les erreurs de l’autre, et ne prennent pas pour acquis tous les gestes affectueux et généreux que l’autre a envers lui ou elle.
Elle n’est pas encore prête à l’heure convenue pour partir à un mariage ? Il ne l’accuse pas en disant que c’est de sa faute s’ils sont en retard, mais il va demander : “Comment je peux faire pour t’aider à aller plus vite ?”.
Il a reçu un PV car il fait preuve d’étourderie ? Elle va lui dire avec douceur et bienveillance : “Cela arrive à tout le monde de parfois manquer de vigilance”.
En voulant bricoler à ses heures perdues, il a cassé le meuble qu’elle avait déniché au marché aux puces et qu’elle adorait tant ? Elle ne lui en voudra pas. Au contraire, elle lui proposera une sortie à deux au marché aux puces pour, non seulement, rattraper le coup, mais aussi pour prendre l’occasion de faire une balade tous les deux !
Il lui offre un bijou après une naissance ? Elle ne va pas dire : “C’est la moindre des choses”, mais elle saura apprécier ce geste avec beaucoup de reconnaissance.
Selon le Midrach, derrière chaque verset, se cache une femme de la Bible. Qui est la femme qui se cache derrière ce verset ? Il s’agit de notre matriarche Sarah !
Pourquoi Sarah représente-t-elle la confiance par excellence ? Souvenez-vous, lorsqu'Avraham et Sarah étaient à la frontière de l’Egypte, Avraham a demandé à sa femme de se faire passer pour sa sœur. Il l’a fait, bien sûr, pour la protéger [5], mais le problème, c’est qu’étant considérée comme une très belle femme et “célibataire”, selon ses dires, elle a été enlevée par les gardes pour faire partie du harem du Pharaon. Tandis qu’Avraham, lui, en tant que “frère de la nouvelle recrue du Harem”, est couvert de cadeaux.
Comment auriez-vous réagi à la place de Sarah ? Prenons un scénario plus contemporain : vous êtes sur le départ pour voyager en avion dans un pays du tiers-monde. Puis, votre mari vous demande de “déformer la vérité” au cas où les agents de la douane vous interpellent à votre arrivée dans ce pays. Puis, manque de chance, on fouille vos bagages et on découvre l’objet du délit. Résultat, vous êtes envoyées en garde-à-vue, tandis que lui reçoit une somme en récompense de votre “capture”.
Je vous repose la question : comment auriez-vous réagi ?! A priori, la réaction naturelle est de crier aux autorités que c’est votre mari qui vous a dit de déformer la vérité ! Et puis, surtout, vous lui en voudrez énormément de vous avoir “joué ce mauvais tour”. Mais Sarah n’a pas du tout réagi comme ça. Elle n’a pas dénoncé Avraham, mais, au contraire, a continué de lui faire confiance, tout en priant Hachem de la sauver. Miraculeusement, ses prières ont été entendues, et elle en est sortie indemne.
Alors ? Sarah ? Quel est son secret de la confiance en son mari à toute épreuve ?
Ce qui permet d’avoir une confiance solide et sans faille, c’est la confiance qu’elle a en Hachem. Lorsqu’elle a été prise au palais de Pharaon, elle n’a pas paniqué ni condamné son mari, elle a prié Hachem en disant que tout comme c’était Lui qui l’avait mise dans cette situation, c’est Lui qui l’en sortirait.
De même, nous, dans les relations du quotidien, c’est ce qui va nous permettre d’avoir une confiance mutuelle solide. On a reçu une contravention ? Peu importe si c’est de notre faute ou de sa faute, de toute façon, cela ne sert plus à rien de désigner un coupable, si ce n’est pour en tirer des leçons pour l’avenir. Mais surtout, ce qui se cache derrière cette contravention, c’est Hachem. Quelle est la raison ? Il y a sûrement plusieurs raisons, dont certaines nous échappent, mais il y en a une qui est sûre et certaine : cette contravention nous a été envoyée pour nous permettre de travailler sur notre patience et notre confiance mutuelle !!! Alors profitons de cette occasion envoyée par Hachem pour faire preuve de bienveillance et de confiance émotionnelle l’un envers l’autre.
Que nous soyons des femmes dignes de confiance et sachant faire confiance, tout en ayant l’intelligence de voir la main d’Hachem dans tous les petits incidents du quotidien, et ainsi, notre couple n’en sera que renforcé avec les années.
[1] ‘Hovot Halévavot (Porte de la confiance - chap. 1)
[2] Mé’am Loèz sur Michlé (31,11)
[3] Métsoudat David, ibid.
[4] Rachi, ibid.
[5] Rachi Béréchit (12,14)