Mon fils étant fraîchement Bar Mitsva, je suis confrontée à un problème qui me tiraille. Tous les matins, lorsque je dois l’arracher de son lit pour qu’il aille rejoindre son père à la choul pour prier avec un Minyan, je suis envahie de culpabilité. Je ne sais pas si je ne devrais pas, au moins les dimanches et jours de vacances, le laisser se reposer, casser un peu avec le rythme que je trouve, personnellement, très dur pour des jeunes hommes de son âge, et le laisser prier un peu plus tard.
Mais j’ai peur : comment mon fils, et ses frères et sœurs par la même occasion, interpréteraient mon changement ? Vont-ils penser ”Si elle ne nous réveille plus, c’est que ce n’était pas si important que cela” ?
J’ai donc mis de côté ma culpabilité de mère juive et ai décidé que mes enfants se lèveraient chaque matin à l’heure pour aller prier à la choul. Cela faisait partie de nos valeurs, de nos batailles, et nous ne céderons pas devant la difficulté du moment, déguisée en fausse culpabilité.
J’ai demandé des conseils à tout le monde, mes voisines, ma mère, mes grandes sœurs, la Rabbanite, tout le monde y est passé.
Laissez-moi partager avec vous les quelques conseils avisés qui m’ont permis de faire de ce moment de Téfila un moment privilégié et important.
Dès que l’occasion se présentait, je parlais de l’importance de la Téfila à mes enfants, je racontais des histoires, des anecdotes qui mettaient en avant le pouvoir de la prière. Elle nous protège, elle nous permet de garder un lien d’exception avec notre Créateur. La prière crée une enveloppe de protection autour du prieur que rien ni personne ne peut percer.
Je décidai désormais de prier au moins une fois par jour devant mes enfants. Avant, je me levais plus tôt, et ils ne me voyaient jamais prier. Certes, cette prière-là perdait un peu en concentration, mais elle gagnait en influence et en répercussion. J’arrêtais tout pour me mettre à prier, si j’étais en train de me reposer, je me levais, si j’étais en train de cuisiner, j’éteignais les feux, je voulais marquer l’esprit de mes enfants, et lorsqu’ils voyaient que je n’étais pas prête à perdre ce moment de sainteté privilégié, ils comprenaient alors son importance.
J’ai également fait une croix sur mes grasses matinées du dimanche. Je me levais pour réveiller mes garçons, mais, après, je ne me recouchais pas comme j’avais l’habitude de faire. Je m’affairai en cuisine, je préparai le petit-déjeuner pour leur retour. Quelques fois, il y avait une petite attention particulière, des crêpes, des gaufres, ou j’allais acheter des viennoiseries, mais généralement, je gardai ce petit plus pour les matins de Roch ‘Hodech. En tout cas, même sans ces petites gâteries exceptionnelles, le petit-déjeuner était posé sur une table propre et accueillante. C’était un peu comme le festin d’honneur que le guerrier retrouve à son retour du combat. Ce serait une marque d’affection et de fierté que je leur montrerais. Et je vous assure que les récompenses qui passent par le ventre font leur effet, chez nos garçons.
Enfin, j’ai ouvert les yeux sur les fréquentations de mes enfants. Je ne voulais pas que mes efforts soient souillés par des jeunes qui ne partageaient pas ce même amour envers la Téfila. Je voulais que mes enfants comprennent le privilège de ce moment, et ils ne pourraient y arriver que s’ils n’avaient pas honte d’en parler autour d’eux, et que s’ils évoluaient au sein d’un groupe d’amis qui partageait ces valeurs. Pour cette étape, j’ai mis également mon mari dans la confidence, lui qui est plus souvent avec les garçons que moi, pour qu’il ouvre l’œil sur les personnes avec qui nos fils parlaient.
La prière est le moment où nous nous connectons avec notre Créateur, nous ne pouvons en aucun cas l’annuler ou même la repousser à un moment plus tardif. Lorsque nous comprendrons ce que la prière représente, nous nous presserons pour nous rendre à ce rendez-vous quotidien qui nous est accordé avec miséricorde, et nous, en tant que mamans, ferons tout pour que les hommes de notre maison honorent ce rendez-vous quotidien avec le respect et l’engouement qu’il mérite.