Ces derniers temps, je sentais que l’atmosphère devenait morose à la maison, les plaintes allaient bon train et nos moments de fou rire se faisaient rares. Ça ne me plaisait pas et je ne voulais pas que cette ambiance « déprimante » s’installe. J’ai donc pris les choses en main et, un soir, j’ai réuni tous les membres de ma famille au salon. Tout le monde est venu, ou je dirais que tout le monde s’est péniblement traîné jusqu’au salon tout en grommelant dans sa barbe. Je ne me formalisais pas, étant donné que c’était devenu leur façon de parler, mais je comptais bien y remédier.
J’ai donc pris la parole très calmement, je ne voulais pas prendre un ton de reproche, ce n’était pas le but. J’ai dit très brièvement que notre nouvelle façon de vivre et de communiquer à la maison ne me plaisait pas, que je me languissais de notre joie de vivre et complicité d’avant, et que je trouvais notre situation actuelle malsaine. Je n’ai pas cité d’exemple concret, même si ça me démangeait, pour que personne ne se sente vexé ou humilié par mes propos. J’ai insisté sur le fait que le but de cette réunion était d’augmenter notre volume de bonheur, et que, comme je le dis souvent, la responsabilité d’une famille heureuse incombe à chacun des membres. C’est un travail d’équipe que je voulais.
À l’issue de mon très bref « discours », j’ai placé une boîte sur la table et j’ai invité tout le monde à prendre papier et stylo pour écrire ses idées et suggestions.
Le contenu de la boîte m’a tellement émue et surprise, dans le bon sens du terme, que je veux partager avec vous les idées soumises par mes enfants pour avoir une vie de famille plus heureuse.
- Tenir un tableau de bord des « bonnes choses » qui nous arrivent. Au lieu de focaliser sur nos difficultés et nos épreuves, exprimer sa reconnaissance à chaque fois qu’une occasion se présente, en l’écrivant sur un tableau d’affichage dans la pièce commune de la maison. Ainsi, chacun pourra se réjouir avec l’autre.
- Donner à l’autre. Que ce soit du temps, de l’argent, des connaissances, efforçons-nous d'être sensibles à ce que ressentent les membres de notre famille et habituons-nous à nous tendre les mains, les uns aux autres. Le repas est bon, faites un compliment. Quelqu’un a l’air de rencontrer un problème, donnez-lui 5 minutes de réconfort ou de bons conseils, proposez de l’aide pour les devoirs, les tâches ménagères, les courses…
- Parler ensemble de nos souvenirs ou projets heureux. Si vous ressortez un album de photos de vacances, ne le regardez pas seule. Partagez ce moment avec un ou plusieurs membres de la famille. Pareil pour les projets qui n’ont pas encore vu le jour. Vous allez déménager ou vous préparez un anniversaire surprise pour un des parents, parlez-en ensemble. Partager des moments est l’occasion inespérée de tisser des liens forts entre les personnes.
- Parfumer la maison de spiritualité. Lisez les Téhilim dans le salon, le vendredi après-midi, mettez des musiques de Chabbath. Lorsqu’on intensifie la spiritualité dans un lieu, on s’y sent mieux, et ce bien-être s’étend sur toute la maisonnée. C’est vraiment l’effet du parfum, il rafraîchit, il fait du bien sans qu’on n’ait l’impression d’avoir fait des efforts pour ça.
- Ouvrez-vous. La maison doit être le seul endroit où l'on peut se permettre d’être soi, sans avoir peur d’être jugé ou incompris. Parlez. Dites ce que vous avez sur le cœur. Vous trouverez toujours du réconfort au sein de votre famille. La famille est vraie et éternelle, contrairement à tout le reste du monde, qui ne fait que passer dans vos vies.
- Déconnectez-vous (j’avoue, celui-ci, c’est mon papier). Au moins lors des repas en famille, que chacun laisse son téléphone, sa tablette, son mp3, etc. dans sa chambre. Déconnectez-vous du monde extérieur et reconnectez-vous à votre famille. Vous ne commencerez à apprécier les moments en famille que quand vous les vivrez pleinement, quand vous y participerez activement, et ceci est impossible lorsqu’on a les yeux rivés sur le reste du monde.
- Donnez de l’amour. Je sais que cette clause n’est pas évidente, surtout quand on est ados. Mais en donnant de l’amour, on en reçoit, et ça fait du bien. Rendez visite à vos grands-parents, soyez la babysitter de votre neveu, achetez un cadeau pour l’anniversaire de votre frère, faites la vaisselle à la place de votre épouse de temps en temps…
- Retrouvez le goût du salon. Stop aux journées entières, chacun enfermé dans sa chambre. Ouvrez vos portes et rejoignez tous le salon. Même si chacun continuera à faire ce qu’il faisait auparavant, il sera avec les autres et la discussion sera déjà plus facile à entamer. On ne peut pas demander à ce que ça se passe ainsi tous les jours, surtout quand les enfants grandissent, ils ont besoin de leur moment, de leur coin à eux… mais définissez ce temps (de temps en temps après le repas du soir, ou Chabbath après-midi…) et n’y dérogez pas.
- Prenez part de façon active dans l’organisation de la maison. Une ampoule doit être changée ? N’attendez pas que quelqu’un d’autre le fasse, allez chercher l’échelle et retroussez vos manches. Le goûter n’est pas prêt ? Mettez-vous en cuisine et préparez un gâteau. En s’investissant de cette façon, on prendra plus de plaisir à faire partie de cette famille, car on se sentira utile et indispensable. De plus, le regard des autres changera également à votre égard, et vous serez alors l’objet de respect et reconnaissance.
- Faites-vous plaisir à la maison. Ne cachez pas aux autres membres de la famille ce qui vous rend heureux. Si vous aimez danser, faites-le devant vos frères et sœurs, si vous aimez lire, dites-le, montrez-le. En partageant ses passions avec quelqu’un, on lui donne une place de choix dans sa vie et c’est ainsi qu’on se soude les uns aux autres.
Il n’y a rien de plus précieux que la famille. Sachons faire de chaque moment un instant unique, heureux et respectueux.