Question d'une internaute : "J’ai 63 ans et j'ai eu 7 enfants, grâce à D.ieu, qui sont aujourd’hui tous mariés, et de nombreux petits-enfants. J'ai été femme au foyer et, pour compléter les fins de mois, j'ai gardé à la maison beaucoup d'enfants. Aujourd’hui, j’avoue que je n'ai plus la fibre maternelle, ce que certains de mes enfants me reprochent vis-à-vis de mes petits-enfants. J'ai retrouvé une certaine autonomie que j'apprécie, mais, d'un autre côté, je me culpabilise du fait que je n'ai pas spécialement de contact avec eux pour les garder ou les recevoir tous ensemble. Que dois-je faire pour me sentir bien ? Merci beaucoup."
La réponse de Nathalie Seyman
Les époques se suivent et ne se ressemblent pas… Et le phénomène des grands-parents n’a pas échappé à la règle. Alors qu’avant, la question ne se posait pas, aujourd’hui, ils revendiquent le choix de prendre leurs distances par rapport à leurs petits-enfants. Pourquoi ? Faut-il les comprendre ou s’en offusquer ? Doivent-ils se sentir coupables ou, au contraire, être confortés dans leur décision ? Analysons.
Les grands-parents d’aujourd’hui
Les progrès de la médecine nous permettent de vivre plus longtemps en bonne santé, Baroukh Hachem, et en conséquence, nous avons plus de temps pour profiter de la vie et de ses bienfaits. Tout particulièrement lorsque la parentalité a été intense comme ce fût le cas pour vous : 7 enfants, tous mariés, d’autres à garder, mère au foyer, etc. Tout d’abord, Kol Hakavod ! Vous avez mené à bien votre mission et vous pouvez en être fière ! Lorsque l’on a eu autant de responsabilités sur les épaules, avoir envie de passer à autre chose est normal ! Après avoir tellement donné avec vos enfants et ceux des autres par votre travail, avoir à votre tour envie de vous reposer et de profiter de votre liberté est compréhensible. Les grands-parents d’aujourd’hui veulent faire tout ce qu’ils n’ont pas pu réaliser avant. Jeunes, leurs parents les en empêchaient, et par la suite, ce fut leurs enfants. Donc aujourd’hui, ils ont besoin de prendre leur « revanche » et se revendiquer en tant qu’individus libres et cherchant l’épanouissement. Mais cet épanouissement, le trouvent-ils vraiment loin de leur famille et de leur rôle de pilier ?
Le rôle des grands-parents
Tendresse, écoute, patience, échange, transmission… Les enfants construisent leur vie d’adulte grâce à ce que leur apportent aussi leurs grands-parents. C’est une relation unique qui restera gravée à jamais. Dans la Torah, les grands-parents représentent l’image même de la réussite de la transmission, l’idée qu’aucun maillon de la chaîne ne s’est rompu depuis qu’Hachem a donné la Torah. Ils incarnent l’identité et les valeurs aux yeux de leur descendance.
Au-delà de ça, les grands-parents apportent une sécurité affective à leurs petits-enfants qui sont rassurés de constater qu’il y a depuis leur naissance des personnes bienveillantes, fiables, qui les aiment intensément et prennent soin d’eux, en dehors de leurs parents. Ils donnent l’impression de les protéger, comme un rempart sur lequel s’appuyer. Par leur expérience et ce qu’ils nous transmettent, ce sont des éclaireurs de vie. Ils complètent le rôle des parents, car ils ont l’avantage d’être débarrassés du stress du travail. N’ayant pas leurs petits-enfants tous les jours et n’étant pas pressés, ils sont plus disponibles, plus patients, moins exigeants pour leur apprendre tout ce que les parents ne pourront pas apprendre à leurs enfants. Les grands-parents sont indispensables à la construction de l’identité de leurs petits-enfants ! Il faut en être conscient !
Conseils
- Gardez quoiqu’il arrive votre indépendance et votre liberté. Vous l’avez durement gagnée et elle est à vous ! Mais ce n’est pas contradictoire avec une vie de famille, loin de là ! Tout peut se partager à bon escient, il suffit de bien savoir s’organiser.
- Gardez du temps pour votre famille. Modérément au début si vous préférez et que vous ne vous sentez pas capable de plus. Mais il se peut que, progressivement, vous y preniez goût. Vous comprendrez en créant de vrais liens avec vos petits-enfants que vous avez autant besoin d’eux qu’ils ont besoin de vous.
- Apprenez de vos petits-enfants. La relation ne doit pas être à sens unique. Vous ressentirez que vous leur apportez autant qu’ils vous apportent.
- Transmettez ce que vous n’avez jamais pu transmettre à vos enfants. Parfois, on répare avec nos petits-enfants nos erreurs ou nos manques de parents.
- Communiquez avec vos enfants sur vos disponibilités et n’hésitez pas à refuser si vous n’êtes pas libre ou si vous ne vous sentez pas dans de bonnes dispositions. Le fait de vous sentir comprise et non obligée vous empêchera de ressentir comme une corvée ce qui doit être pour vous un vrai plaisir.
- Soyez présente dans les moments importants de la vie de vos petits-enfants. Vos petits-enfants se rappelleront longtemps de ces moments et lorsqu'ils y repenseront, ils se souviendront aussi de vous, de votre soutien et de votre amour auprès d'eux.
Gardez en tête que la qualité vaudra toujours plus que la quantité, en particulier dans le domaine des sentiments.
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.