Alors qu’elle est enceinte de son second bébé, Liora G. apprend qu’elle a le cancer. Dans les lignes qui suivent, elle accepte de partager avec nous la profonde remise en cause qui fut la sienne au cours de ces mois difficiles…
« Je m’appelle Liora. Je suis mariée et maman de deux adorables petites filles, commence Liora G. Il y a 6 ans, alors que j’étais déjà maman de ma première fille et enceinte de la seconde, moi l’infirmière dynamique pleine d’énergie et de vitalité – appris un beau jour que j’avais le cancer », raconte-t-elle avec douleur.
« La longue suite d’examens et de traitements qui s’ensuivit fut pesante et douloureuse, se souvient Liora, et, après six mois de chimiothérapie au cours desquels je mis grâce à D.ieu au monde un bébé en bonne santé (!), j’appris que j’étais en rémission. Evidemment, c’était l’euphorie… Pourtant, après seulement 6 semaines de soulagement, le cauchemar recommença… Il s’avéra que la situation était un peu plus compliquée que ce que nous pensions. Non, je n’avais pas "vaincu" le cancer comme on me l’avait si souvent souhaité. Non, ma volonté de vivre n’avait pas été plus forte que tout. Et, en fait, je découvrais que Le Seul et Unique à décider de la vie de l’homme et de celle de chaque créature était… D.ieu ! », poursuit Liora.
« Quand je fus hospitalisée il y a tout juste 5 ans à Pessa’h pour une greffe de moelle épinière, mon mari qui est informaticien expliqua à ses collègues de bureau que sa femme était en cours de "reformatage du disque dur". Un peu comme on redémarre un ordinateur. Si, à l’époque, nous en avions ri, aujourd’hui, je sais que ce processus était quelque chose de bien plus profond, explique Liora. Aujourd’hui, avec le recul, je réalise à quel point la greffe que j’ai subie, bien qu’elle n’ait pas signé le glas de mes tribulations, marque tout de même un évènement central de ma vie. Celui où je suis née à nouveau et où j’ai décidé que chaque jour – quels que soient les défis qu’il nous propose – est un cadeau inestimable. Chaque année à la même date, je fête mon "anniversaire". L’occasion pour moi de redéfinir mon rôle dans ce monde, ce qui constitue la raison de ma venue sur terre et de ma renaissance il y a 5 ans… », déclare-t-elle.
Liora explique : « On dit au nom de Rabbi Na’hman de Breslev la chose suivante, que je trouve très belle : le jour de ta naissance est celui où D.ieu a décidé que le monde ne pouvait plus subsister sans toi. Je me demande ce qu’aurait dit Rabbi Na’hman concernant mon cas, celui d’une personne qui a le mérite de naitre une seconde fois au beau milieu de sa vie ! Le fait qu’apparemment, le monde ne peut plus subsister sans moi à deux reprises constitue à la fois le plus beau des compliments, mais il s’agit également d’une énorme responsabilité, précise Liora avec le sourire. La responsabilité de celui auquel on a accordé une seconde chance. J’essaye donc d’agir autrement (même si, évidemment, je continue sans doute à faire des erreurs…) et de transformer tous les points d’interrogation qui autrefois parsemaient mon esprit en points d’exclamation qui expriment ma détermination et ma joie de vivre à nouveau.
Je mentirais si je disais qu’il n’y a pas de jour sans dépression, sans désespoir, de ces jours où je me sens toute petite, faible et aigrie, tient-elle à préciser. De ces jours où je regrette bêtement ce qui ne saurait plus être, où je me focalise sur ce que je n’ai pas au lieu de me montrer reconnaissante pour tout ce que j’ai, où je me dis "si seulement ce satané cancer n’étais pas apparu dans ma vie…". Mais c’est vrai, il y a aussi des jours où je me sens légère et heureuse, reconnectée à mon moi intérieur, où je m’accepte pleinement et avec amour. La gifle que j’ai reçue il y a 6 ans continue de retentir à mes oreilles. Et pourtant, malgré toutes les souffrances qui sont le lot des malades du cancer, je crois que je n’aurais pas voulu changer quoi que ce soit de mon parcours. Et si je devais me souhaiter quelque chose, ce serait que cette gifle continue de résonner en moi, jusqu’à la fin de ma vie, à 120 ans, si D.ieu veut. Qu’elle me rappelle constamment qui je suis et quelles sont les choses qui comptent vraiment dans ma vie. Qu’elle m’aide à fixer un ordre des priorités et me conduise dans la joie sur le chemin de ma vie. Joyeux cinquième anniversaire, ma Liora ! ».