J’avais 25 ans lorsque Benjamin me demanda en mariage. Nous nous connaissions depuis quelques années et il s’était enfin décidé à sauter le pas ! Quelle joie !
Rapidement, je m’affairais aux préparatifs et je dois avouer que le choix de la décoration florale et du florilège musical étaient pour moi l’essentiel de la préparation au mariage. Je n’avais pas pensé que la vie à deux était quelque chose qui requiert bien plus de préparation que l’organisation d’une soirée dansante…
Lorsque nous sommes allés au Consistoire pour régler ce qui n’était pour moi rien de plus que des “détails administratifs”, le Rabbin me dit “je serai très heureux d’officier lors de votre cérémonie, mais j’aimerais d’abord que vous compreniez qu’un mariage juif est bien plus qu’une affaire de décoration et de musique…”
Avait-il lu dans mes pensées ?!
Et il repris “un mariage juif ce n’est pas que lacérémonie, j’aimerais que vous compreniez tout ce que cela implique et que vous vous prépariez vraiment à la vie à deux”.
Oh non… je me préparais à un long discours et je lançai à mon fiancé un regard dépité tout en m’inquiétant que cela empiète sur notre prochain rendez-vous avec le disc-jockey.
“J’apprécie réellement les efforts que vous faites en vous déplaçant malgré vos emplois du temps chargé, sans compter la charge de travail que requiert la préparation du jour J…”
“Vous voyez la bibliothèque là-bas?”, dit-il en pointant du doigt des grands livres écrits en hébreu, “tous ces livres parlent du couple, du mariage et de la famille…”
“Mademoiselle, je vous invite à vous entretenir avec ma femme qui se trouve dans le bureau d’à-cotépendant que je m’entretiens avec votre merveilleux hatan”
Je m’attendais donc à recevoir un cours de la femme du rabbin. Mais de quoi allait-elle me parler? Peut-être de sa recette de couscous-boulettes? ou bien de comment changer les couches d’un enfant?
Lorsque je rentrai dans le bureau adjoint, à mon grand étonnement, je découvris une femme élégante et rayonnante. Elle se présenta à moi sous le nom de Hanna (prononcez Hanna comme dans Rabbi Jacob!). Je m’assis avec elle et j’avoue que c’était en vérité la première fois que j’entendais une rabanite parler du mariage dans tous ses aspects. Hanna me parlait même de sujets qui je pensais être tabous dans le monde religieux… Je lui demandai naïvement si ces sujets-là étaient vraiment écrits dans la Torah. “Bien évidemment! D.ieu a créé l’être humain avec une âme et un corps, et il a créé la possibilité pour le couple de s’apporter un bien-être mutuel… pourquoi devrait-on ignorer cet aspect essentiel de la vie?”
Finalement je désirais en apprendre plus avec elle. C’est ainsi que je suivis cette formation que l’on appelle hadrakhatkala, la préparation au mariage. J’appris quellesétaient les règles de la pureté familiale. S’abstenir de tout contact physique durant la période des règles, plus 7 jours, à l’issue desquels je m’immergerai dans les eaux du Mikve: cela fait 12 jours! Au début, je me suis dit que seuls les religieux, tels des ascètes, étaient capables d’une telle retenue! Mais petit-à-petit, l’idée faisait son chemin dans mon esprit.
Mon oncle et ma tante étaient divorcés et j’avais vu les répercussions terribles que leur divorce avait provoqués chez mes cousins, qui même à l’âge adulte devaient encore panser leur plaie de cette expérience destructrice. Je m’étais promis de ne jamais faire la même erreur qu’eux et de faire en sorte que mon couple soit toujours solide. Mais je n’avais jamais encore su ni même réfléchi à comment garantir la pérennité de mon couple…
Et puis vint cet argument irrésistible : la pureté familiale permettrait au couple de retrouver chaque mois la magie d’une nuit de noces et de maintenir la romance de la vie conjugale. De plus, comme l’aspect physique de la relation était mis entre parenthèses durant presque la moitié du mois, le couple devra échanger et approfondir leur relation. Lorsque je découvris que les lois de pureté famille étaient de surcroit en parfaite adéquation avec le métabolisme physique de la femme, je me décidais à sauter le pas. Hanna me rassura en me disant que même si je n’étais pas “religieuse”, en revanche dans le domaine intime, je pouvais garder les lois de pureté famille de la façon la plus entière que possible. En effet, notre vie intime ne concerne que mon époux et moi.Ni les amis, ni la famille n’avaient leur mot à dire ou leur grain de sel à mettre !
C’est ainsi que Benjamin et moi, après ces échanges, avions décidé de faire le grand saut et d’accomplir cette mitsva parfaitement !
Cela pourrait être la happy end de l’histoire mais le récit ne s’arrête pas là et je vous invite à me suivre dans ce qui a été pour moi la véritable initiation au mariage juif.
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