Connaissez-vous ce phénomène où l'on désire ardemment quelque chose, et ce quelque chose en question justement nous échappe ? Dans quelle fureur cela peut nous mettre : les questions surgissent alors sur le pourquoi du destin qui nous fait un croche-pied, sans parler de la déception et de la frustration qui nous mordent à pleine dent.
Ça peut nous arriver à toutes : un travail dont on rêvait, mais l'entretien d’embauche nous laisse sur la touche ("Et pourtant, j'étais faite pour ça ! Et la Parnassa que j'aurais ramenée avec ce poste ! Trop rageant !"), l’appartement de nos rêves qui nous échappe, alors que j'étais déjà en route pour la signature ("Mais qu'est-ce qu'on veut chez moi !! Il y a 6 ans que je fais les petites annonces et les courtiers en vain, et maintenant qu'enfin je l'avais trouvé !"), et bien sûr, le fiancé ou le Chiddoukh qui fait faux bon.
Voici l’édifiante histoire d'Eden, qui illustre si bien les propos de nos Sages : "Hakol, (Aval HAKOL !) Létova !", en français : "Tout est pour le bien".
C’est vrai, quand on se trouve dans l’œil du cyclone, en plein dans l’épreuve, il faut tenir bon. Mais c’est dans ces moments qu’on gagne nos galons et qu’on met le pied sur la marche d’au-dessus.
Alors, accrochez-vous pour le décollage, voici le récit d’Eden...
« Je voulais partager mon histoire avec vous.
Je devais me fiancer il y a de cela 2 ans. Ça faisait 4 ans que j’étais en couple avec un garçon de 23 ans : il était pour moi mon futur ‘Hatan, avec tout ce que cela implique pour une jeune fille, de rêve, d’espoir, de promesse d’un lendemain qui chante.
Cependant, et le hic était de taille, il ne faisait ni Chabbath, ni ne mangeait Cachère… et cela me posait un grand problème. J’étais une jeune fille pratiquante, profondément attachée à mes valeurs juives et même désireuse d’évoluer.
Il y a deux ans, nous devions nous rendre à un Chabbath organisé.
Je me réjouissais et ce, à plusieurs niveaux : bien sûr de passer tout un Chabbath avec lui, et peut-être aussi, qui sait, dans l’espoir que ce Chabbath, s’il était réussi, pourrait avoir une influence et déclencher en lui le déclic vers la pratique, chose que j’aurais tant souhaitée.
C’est vrai, j’avais misé énormément sur ce Chabbath : ma nature « fleur bleue » et mon imagination débordante me faisaient doucement planer et dessinaient mon avenir sous les traits de ce jeune homme.
Nous avions pris rendez-vous dans le lobby de l’hôtel où se passait le Chabbath, et je calculais savamment comment arriver un quart d’heure en retard.
Maquillée (mais pas trop), parfumée (délicatement, avec une grande marque), je passai avec assurance les portes vitrées, qui s’ouvraient devant moi accueillantes, jetant un coup d’œil pas trop appuyé aux fauteuils du lobby, pour le découvrir certainement assis à m’attendre.
Tiens ! Il n’était pas là. Était-ce possible ? Oui, c’était possible. Il ne vint pas.
Et la déception fut à la hauteur de l’attente. Cuisante.
Pas besoin de vous décrire le Chabbath que je passais. Les larmes (de colère et de « self-compassion ») qui me montaient aux yeux, la tête tourbillonnante de pensées tantôt rageantes, tantôt essayant de lui trouver un « bénéfice du doute », et une grosse boule dans la gorge qui m’empêchait de goûter quoi que ce soit du repas.
Mais digne, je me battais pour n’en rien montrer à qui que ce soit.
Le soir, j’essayais de reprendre mes esprits, mais l’affect et mes sentiments blessés me submergeaient, m’empêchant de raisonner.
Alors sans forces, seule au monde, dans le silence de ma chambre d’hôtel, je m’adressai à mon Créateur : je n’avais que Lui.
Je Lui racontai tout : mes espoirs, ma colère, ma déception, mes rêves, mon bonheur qui s’effondrait. Si près du but. Nous devions fixer une date de mariage la semaine d’après.
Après ce long inventaire où je Lui racontai tous mes malheurs dans les détails, comme je l’aurais fait à un père, à une mère, à ma meilleure amie, je me sentis apaisée. Comprise.
Puis, je Lui dis : « Mon Créateur, je n’ai que Toi, Tu m’as créée et Tu m’aimes, et même si je n’y comprends rien, je sais que tout ce que Tu fais est pour le bien. » Je m’endormis.
Motsaé Chabbath, le jeune homme m’appela. Sa voix était sur le mode mielleux, hésitante, et il bafouilla des mots d’excuse qui ne tenaient pas la route.
Notre relation était finie. Lors d’une dernière conversation, nous arrivâmes à la conclusion que l’on n’avançait pas.
Je voulais me fiancer, et me marier, mais lui avait d’autres projets.
Quelque temps après notre rupture, j’appris par des personnes de ma communauté et par ses amis, qu’en fait, il ne m’avait jamais été fidèle. Tout ce temps, il s’était moqué de moi.
C’est une dure réalité à 21 ans, pour une fille religieuse. Et mon amour-propre en prenait un coup.
Mais je me suis répétée encore et encore « Hakol Létova ». Tout est pour le bien. Sans fléchir et sans pleurer sur mon sort.
Quelques mois plus tard, j’organisai un « Chabbath plein » pour les jeunes dans ma communauté.
Un jeune homme s’y trouvait que je ne connaissais pas. Il m’expliqua qu’il était là un peu par hasard, qu’il était venu uniquement par praticité, que sa fac était à côté et qu’il n’avait pas d’autres choix pour passer Chabbath. Il était pratiquant.
À force de discussions pendant tout le Chabbath, je vis que c’était un garçon plein de qualités, et plus nous discutions, plus nous réalisions que tout nous rapprochait.
Oui, vous avez compris. D.ieu me replaçait dans le décor d’un Chabbath organisé, mais pour bien me montrer que c'était Lui qui dirigeait tout, Il faisait entrer en scène un tout autre acteur.
J’hésitais à me mettre avec quelqu’un à nouveau. Il restait encore une trace de mon expérience précédente, mais ma tante, une femme de Torah auprès de qui je prenais souvent conseil, me dit : « Tu sais, si ça se trouve, tu laisses passer ton Mazal ».
Et aujourd’hui, je me dis qu’en effet, j’aurais laissé passer mon Mazal si je m’étais écoutée.
Hachem nous envoie les choses au bon moment, et cette fois-ci, j’étais prête à laisser Hachem me montrer que tout était pour le bien.
Ce garçon que j’ai rencontré est aujourd’hui mon fiancé, je me marie très prochainement avec lui.
Voilà pour ma petite histoire : il est parfois difficile de se dire que D.ieu nous protège et fait tout pour le mieux, surtout dans des moments de doutes.
Nous lisons les évènements à partir de notre dimension humaine, et ce que nous interprétons comme une catastrophe, peut s’avérer être la plus grande des délivrances.
D.ieu veille, il suffit d’y croire et de prier. Il nous envoie ce qu’on n’aurait jamais pu imaginer..."
Jocelyne Scemama (d'après le témoignage d'Eden)
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