« J’ai la trentaine. Autour de moi, toutes mes amies se marient les unes après les autres, et moi, je suis l’éternelle célibataire. J’en viens presque à regretter d’avoir fait Téchouva… Si D.ieu m’aime, pourquoi n’écoute-t-Il pas mes prières ? » La réponse du Rav Daniel Blass.
Chère Audélia,
Le sujet que tu soulèves est en effet douloureux. Avec l’aide d’Hachem, je vais tenter te t’apporter quelques pistes de réflexion afin d’alléger ta peine.
Le célibat prolongé est une situation difficile à vivre à tous points de vue. L’envie, l’attente, la solitude, les déceptions, et, pour les femmes, l’horloge biologique qui avance inexorablement, rendent la vie amère à celles et ceux qui attendent leur Mazal depuis longtemps.
Afin d’accepter cette situation, il nous faut absolument l’envisager sous l’œil de la Emouna (foi en D.ieu). Nos Sages enseignent en effet dans le Talmud (Sota 2a et Nida 16b) que les épreuves de l’homme sont fixées avant même que son âme ne descende ici-bas. « Les voies de D.ieu sont impénétrables », dit justement le proverbe : nous n’avons aucune compréhension des calculs de D.ieu. Nous ignorons le parcours antérieur traversé par notre Néchama, ce qu’elle a accompli dans des vies antérieures, ce qu’elle a abîmé, ce qu’elle doit réparer, etc. La seule chose que nous puissions faire est de croire d’une foi parfaite que D.ieu est juste et que toutes Ses actions à notre égard sont justes et qu’elles visent notre bien ultime.
Nous ignorons la teneur exacte de ces données ; en revanche, nous savons qu’elles existent. De là, nous comprenons qu’il est vain de vouloir nous comparer aux autres, à leurs réussites, à leur bonheur, à leur bien-être, etc. Chaque âme est unique. Au sujet de gens qui vivent des épreuves terrifiantes, il ne nous viendrait pas à l’esprit de nous demander : « Pourquoi ma vie est-elle différente de la leur ? » ; ainsi doit-il en être de ceux dont le sort nous paraît enviable : il n’y pas de place pour la comparaison.
Par ailleurs, il existe une Ségoula reconnue dans ce domaine précisément, ainsi que dans d’autres, qui consiste à te réjouir du bonheur de tes amies qui parviennent, elles, à se marier. Si tu réussis à te réjouir sincèrement, faisant par là preuve de ‘Ayin Tova (bon œil), tu mériteras à ton tour, avec l’aide d’Hachem, de te marier.
Mieux sans la Torah ?
Tu dis « presque regretter d’avoir fait Téchouva ». Sur ce point, j’aimerais te suggérer quelques pistes de réflexion.
La première, c’est que, comme nous l’avons vu, chaque âme se voit attribuer une certaine quantité d’épreuves à subir dans ce monde avant même qu’elle n’y soit envoyée. Ainsi, d’après cette optique, il apparaît que, même si tu avais décidé de ne pas te rapprocher d’Hachem et de Sa torah, comme tu l’as fait avec courage, cela n’aurait rien changé au fait que tu doives traverser ces difficultés, qui sont inhérentes à ton essence. De plus, le fait qu’une personne fasse Téchouva et sanctifie le nom d’Hachem dans le monde par le biais de l’accomplissement des Mitsvot, a pour effet certain d’adoucir certains décrets qui pèsent sur elle. Elle acquiert par là des mérites qui lui permettent d’alléger l’attribut de rigueur. S’il en est ainsi, la pensée erronée selon laquelle tu aurais été mieux lotie si tu étais restée éloignée de la Torah est infondée.
Autre point à soulever : tu n’es pas sans ignorer les statistiques consternantes concernant l’état de la cellule familiale dans nos sociétés modernes. En Israël, on fait état d’1 couple sur 3 qui divorce ; en France, on évoque le chiffre terrifiant d’1 couple sur 2, même dans la communauté juive. Le nombre de célibataires est loin d’être inférieur dans le monde non-religieux que dans le public observant. L’absence souvent totale de barrières entre les genres, que ce soit au travail ou en société, a pour conséquence désolante la dislocation des familles, avec toutes les séquelles que cela engendre pour les générations futures. Quant à ceux qui parviennent à maintenir la barre de leur mariage, ils ne bénéficient pas toujours de la paix et de l’harmonie dans leur foyer.
Ainsi, même d’un point de vue purement rationnel, il n’y a aucune raison de penser que tu aurais déjà été mariée si tu n’avais pas fait Téchouva. Au contraire, en adhérant aux valeurs de la Torah, tu mets toutes les chances de ton côté de rencontrer un garçon sérieux, animé d’intentions pures et qui saura t’aimer et te respecter réellement.
La force de la prière
Enfin, concernant le dernier sujet que tu évoques, celui de la prière, j’aimerais là encore t’aider à changer de point de vue.
L’un des rôles de l’homme sur terre est de se lier à D.ieu par le biais de la prière. En priant, l’homme n’essaye pas seulement d’obtenir l’objet de sa convoitise ; il établit avec son Créateur un lien qui nourrit sa Néchama. Plus encore, l’un des Tikoun que l’homme doit entreprendre est de croire en la capacité de D.ieu de lui apporter la délivrance ; croyance qui trouve son expression dans la prière. Il s’agit donc d’un « aliment de base » dont notre âme a besoin pour subsister et arriver à sa réparation.
Ainsi donc, toutes tes prières n’ont pas été dites en vain. Elles font partie intégrante de ton Tikoun et permettent à ton âme de se reconnecter à sa Source. Chaque Téfila dite avec Kavana renferme un bénéfice infini dont tu récolteras les fruits après 120 ans !
En outre, il ne fait aucun doute que les prières que tu dis quotidiennement ont pour effet de rapprocher ton salut autant qu’elles adoucissent ta souffrance. Chaque prière te rapproche un peu plus du jour de ta ‘Houppa ! Quelle meilleure illustration de cette idée que celle de Moché Rabbénou, auquel D.ieu demanda d’arrêter de prier (après plus de 500 supplications !) pour rentrer en terre d’Israël car le décret se serait ainsi vu annulé ?
D’autre part, il existe une Ségoula connue qui consiste à prier pour une personne qui a les mêmes besoins que toi ; cela signifie dans ton cas prier pour une amie célibataire qui souhaite se marier.
En te souhaitant tout le bien du monde, puisses-tu te tenir très prochainement sous la ‘Houppa avec celui qui t’es destiné et le cœur purifié de tout doute.
Rav Daniel Blass