Cette semaine, nous allons parler des émotions de nos enfants. Un sujet fascinant qui concerne tous les parents. J'ai donc choisi aujourd'hui de vous présenter l'une des capacités les plus importantes et les plus significatives pour le développement émotionnel des enfants : La théorie de l'esprit - Theory of mind (TOM).
Quelle est la théorie de l'esprit ?
La théorie de l'esprit est définie comme la capacité de l'homme à reconnaître, interpréter et prédire des comportements, émotions, pensées, désirs et intentions de lui-même et de l'autre.
En termes simples, cela signifie que l'homme comprend que lui-même et l'autre ont un monde intérieur caractérisé par des sentiments, des pensées et des intentions, et que celles-ci influencent son comportement et que sa conscience est différente de celle de l'autre. Cette capacité sous-tend une variété d'actions et d'interactions de base que nous maintenons. Par exemple, lorsque nous choisissons un cadeau pour un ami, nous essayons d'imaginer ce qu'il aime "lui", en comprenant qu'il a un monde intérieur différent du nôtre. Ou lorsque notre enfant nous dit une phrase blessante, nous essayons de nous rappeler que les choses ont été dites par colère, frustration ou fatigue et sans désir de nous blesser. Cette capacité est pour la plupart d'entre nous comme une capacité évidente puisque nous sommes préoccupés d'interpréter constamment les comportements de nous-même et des autres, sans y prêter une attention particulière. Mais cette capacité n'est pas une capacité innée mais une capacité qui ne se développe que pendant les années de l'enfance.
Quand et comment la théorie de l'esprit se développe-t-elle chez les enfants ?
Pensez au jeune bébé, ou même à un jeune enfant. À ces âges, la conscience de l'existence d'un monde intérieur - et le fait même d'avoir ses propres pensées, sentiments et désirs - est très limitée, car les capacités cognitives et émotionnelles sont encore extrêmement limitées. Les bébés et les jeunes enfants vivent dans un monde égocentrique et sans la capacité de reconnaître que l'autre a une conscience distincte et par conséquent, ils auront du mal à comprendre que l'autre a des pensées, des sentiments et des besoins différents. En conséquence, un jeune enfant qui verra un autre enfant pleurer pourra lui apporter sa propre poupée préférée et non la poupée préférée de l'enfant qui pleure par incapacité à comprendre qu'il a des besoins différents des siens. La reconnaissance de l'existence d'un monde intérieur ainsi que du fait d'avoir un monde intérieur séparé, se développe à mesure que les capacités cognitives et émotionnelles de l'enfant mûrissent et se développent. Cette capacité s'améliore naturellement quand les enfants acquièrent de plus en plus d'expérience dans les interactions sociales et les relations interpersonnelles : jouer à deux, "faire semblant", les relations avec les parents, les frères et sœurs etc... Cela permet à l'enfant de développer une vision plus intégrative et moins égocentrique de la pensée des autres. Vers l'âge de trois ans, cette capacité commence à se développer de façon assez basique. À l’âge de cinq ans, la capacité est déjà assez développée et la plupart des enfants se débrouillent assez bien avec des tâches et des situations simples basées sur la compréhension du comportement de l’autre.
Que signifie la théorie de l'esprit dans la vie quotidienne des enfants ?
Un développement approprié de cette capacité est considéré comme l'un des éléments clés du développement normal et de la capacité à former des relations interpersonnelles. Cela permet aux enfants de lire correctement les situations sociales, de relier le comportement à ses conséquences (par exemple, de comprendre que le comportement agressif dissuadera les autres enfants), d'apprendre et d'accepter les codes sociaux et de prédire les réactions de l'autre. En plus, cela permet aux enfants de réguler leurs émotions et leur comportement et de prendre de bonnes décisions concernant le comportement souhaité dans différentes situations. En revanche, lorsque cette capacité ne se développe pas très bien chez un enfant, il ou elle peut avoir des difficultés à la fois avec l'autorégulation émotionnelle et le choix d'un comportement interpersonnel approprié et adaptatif. Par exemple, un enfant qui ne lit pas correctement les situations sociales peut essayer de persuader ses camarades de classe de participer à un jeu auquel il s'intéresse lui-même sans être sensible au fait que ses camarades sont déjà occupés par un autre jeu.
Est-il possible d'améliorer la capacité de conscience de nos enfants ?
Oui et non. Oui, car il est possible d'aider nos enfants à « pratiquer » et à perfectionner cette capacité. Non, parce qu'un enfant qui n'est pas assez mûr (avant l'âge de trois ans) ne pourra pas développer cette capacité même si nous le voulons vraiment. Ainsi, par exemple, un enfant de deux ans qui frappe le nouveau bébé de la famille ne peut pas vraiment comprendre à quel point cela lui fait mal. C'est possible et cela vaut certainement la peine de lui expliquer que ce n'est pas une bonne chose à faire , tout en se rappelant que pour le moment, il n'est pas vraiment capable de comprendre ce que les choses signifient.
Alors, comment aider les enfants à partir de trois ans à améliorer cette capacité ?
1. Identifier et nommer les émotions - lorsqu'un enfant commence à grandir et à comprendre qu'il a un monde intérieur avec des émotions et des pensées.
La première étape que nous voulons développer en lui est de comprendre quelle émotion il ressent dans toutes sortes de situations et comment cette émotion s'appelle. Par exemple "tu es triste parce que ton copain n'a pas partagé son jeu avec toi".
2. Partage des émotions - Encouragez une discussion sur les émotions à la maison, et en particulier papa et maman qui sont un modèle pour les enfants. Une telle communication aide l'enfant à se percevoir comme une personne ayant un monde intérieur et les autres comme ayant également un monde intérieur, qui est différent du sien. Ainsi, un enfant sera capable de développer de l'empathie et de comprendre également les sentiments des autres.
3. Refléter les émotions - Un enfant qui vient à nous avec une histoire sur sa vie quotidienne, nous pouvons l'aider à comprendre ce qu'il a ressenti dans cette situation. Par exemple "tu as joué aujourd'hui avec ton meilleur ami, tu dois être très content d'être avec lui".
4. Tentative - L'esprit de chaque personne est caché, nous ne pouvons pas voir l'esprit d'une autre personne. Lorsque nous parlons des sentiments de notre enfant ou d'une autre personne, il est important de se rappeler de mettre un point d'interrogation et de ne pas être sûr que nous avons raison à cent pour cent et que nous savons avec certitude ce qu'il ressent. Autrement dit, il est important de comprendre que parce que nous avons une conscience séparée des autres personnes, nous ne pouvons pas toujours comprendre leur monde intérieur. C'est ce que nos Sages nous enseignent dans le Traité de Brakhot 58a d’après le Maharcha : « De même que les visages des hommes sont différents, leurs pensées (ou leur monde intérieur) sont différentes… »