La guerre a changé nos vies du jour au lendemain.
On peut dire que ce que nous avons vécu il y a un peu plus d’un mois est un traumatisme.
Nous avons vécu une grande peur de la mort, une rencontre avec une cruauté extrême, une situation éprouvante que nos esprits ont du mal à assimiler.
Lorsque l'être humain est dans un état de stress élevé, de danger ou de traumatisme, il réagit de l'une des manières suivantes :
– La paralysie
– La fuite
– Le combat
En effet, nous avons vu autour de nous des gens qui ont réagi de toutes les manières, nous avons des gens qui sont partis au front pour combattre ou sont devenus plus actifs - en aidant des familles ou des soldats -, quelques rares sont partis à l'étranger et ont fui la guerre pour quelque temps, et d'autres sont incapables de fonctionner normalement.
Chaque personne réagit différemment, cela dépend de beaucoup de choses, de notre génétique, du nombre d'événements traumatisants que nous avons vécus dans le passé, des ressources mentales dont nous disposons à ce moment-là. Il n’y a pas une réponse meilleure qu’une autre. Elles sont toutes naturelles.
Le traumatisme et le stress persistants de la guerre nous affectent tous et certains symptômes affectent notre corps, nos émotions et nos capacités cognitives.
L'effet sur le corps peut s'exprimer de diverses manières :
- Changement de l'appétit, augmentation ou diminution de l'appétit.
- Difficultés à s'endormir, sommeil moins profond.
- Douleurs dans le corps telles que douleurs au ventre, au dos, au cou, aux épaules et à la tête.
- Difficultés à respirer/tension.
- Muscles tendus.
L’effet sur les émotions peut s’exprimer aussi de plusieurs manières :
- Niveau élevé d’anxiété.
- Pleurs fréquents.
- Colère ou frustration.
- Changements d'humeur.
- Impatience.
- Sentiment d'impuissance.
L’effet sur les capacités cognitives peut s’exprimer ainsi :
- Difficultés à se concentrer.
- Troubles de mémoire.
- Difficulté à prendre des décisions.
Chaque personne peut présenter tout ou partie des symptômes, avec une fréquence et une intensité différentes selon l’ampleur du traumatisme.
Il est important que nous soyons conscients de nous-mêmes et de ce que nous ressentons en cette période difficile.
Et il est également important que nous prenions soin de nous pour maintenir notre résilience émotionnelle.
Je voudrais vous présenter un modèle développé par le professeur Ruth Feldman, qui étudie depuis 20 ans les effets du stress et des traumatismes sur les habitants du sud d'Israël.
Elle explique qu'après un traumatisme, nous avons deux options : vivre dans le post-trauma, ou grandir à travers le traumatisme.
Elle propose un modèle avec trois critères qui nous permettra de devenir plus forts malgré le traumatisme.
Le modèle a été développé spécialement pour les parents avec enfants.
Les trois critères qui nous permettront de sortir du traumatisme sont les relations, la flexibilité et le sens.
Premier critère : les relations
L’une de nos forces en tant qu’êtres humains réside dans le fait que nous vivons dans un monde de relations. Le professeur Ruth Feldman explique que pour devenir plus forts malgré le traumatisme, nous devons investir dans nos relations.
Le lien avec nos enfants, les membres de notre famille, nos amis, nos voisins et notre communauté. Elle suggère que les parents mettent principalement l’accent sur les relations avec leurs enfants.
Voici quelques idées pour renforcer la relation avec nos enfants malgré la guerre :
- Un câlin de plus d'une minute qui libère de l'ocytocine dans le cerveau, l'hormone de l'amour (qui est également libérée après la naissance dans le corps de la mère et du bébé). Ce qui renforcera physiquement et émotionnellement la relation avec notre enfant.
- Regarder nos enfants dans les yeux lorsque nous leur parlons donne un sentiment de plus grande proximité.
- Supprimer les distractions lorsque nous sommes avec nos enfants, essayer de mettre le téléphone de côté, passer du temps à jouer ensemble lorsque nous sommes avec eux.
- Introduise chaque jour des habitudes de moments partagés en famille, comme dîner ensemble.
Deuxième critère : Flexibilité
La flexibilité est la capacité de changer face à une réalité dynamique. La flexibilité est très importante pour les parents d'enfants, certainement en temps de guerre et de stress, où tout change constamment.
Le modèle explique que si nous parvenons à être flexibles face aux changements venant de l’extérieur, nous pouvons devenir plus forts de l’intérieur.
D'après les appels que je reçois à ma clinique depuis la guerre, il y a eu des changements chez de nombreux enfants, par exemple, les enfants qui ont recommencé à faire pipi au lit, les enfants qui veulent dormir avec leurs parents, les enfants qui mangent plus/moins, les enfants qui sont constipés, les enfants qui pleurent ou sont frustrés plus facilement.
Tous ces changements sont naturels. Face à eux, la flexibilité est exigée de notre part en tant que parents.
Donc, si un enfant ressent le besoin de dormir avec vous parce que c'est comme ça qu'il se sent en sécurité, laissez-le. Si un enfant mange un peu moins sainement, ne vous disputez pas avec lui pour ça ; si un enfant souhaite que vous l'accompagniez aux toilettes car il a peur, accompagnez-le.
Il est vrai qu'il est très important de maintenir les limites de la maison, les habitudes et la routine de votre famille, mais si nécessaire, soyez flexibles.
Vos enfants ne feront pas pipi jusqu’à l’âge de 18 ans et ne dormiront pas dans votre lit pour le reste de leur vie. C'est une période difficile. Essayez de maintenir une routine autant que possible, mais soyez flexible lorsque votre enfant a besoin de vous.
D’un point de vue pratique, je suggère à chaque parent de penser à chacun de ses enfants, à ce qu’il traverse et aux domaines dans lesquels il a besoin de plus de flexibilité de sa part. Faites une liste, écrivez ce que vous pensez qu'il ressent et ce qui peut l'aider. Et expliquez à vos enfants pourquoi vous faites des changements.
Troisième critère : Un sentiment de sens
Lorsque nous traversons une période difficile et que nous sommes impuissants, il est difficile de trouver de la force et de faire face à la situation. Mais lorsque nous parvenons à trouver un sens, c’est-à-dire à nous sentir partie intégrante de quelque chose de plus grand, nous en tirons de la force.
Dans le modèle, le professeur Ruth Feldman suggère que nous nous connections au sentiment d'appartenance à notre peuple et que nous trouvions aussi une personne que nous pourrons aider à notre tour. Cela nous sortira du sentiment d’impuissance qui rend le traumatisme plus difficile à gérer.
Voici quelques idées sur la manière dont vous et vos enfants pouvez aider une autre personne :
- Dessiner des dessins pour les soldats.
- Faire des gâteaux et les envoyer aux familles avec papa en Milouïm.
- Trier les vêtements et les jeux et les donner aux familles du sud ou du nord.
- Aller à la rencontre des enfants du sud ou du nord et leur proposer de jouer avec vos enfants.
- Regarder autour de soi si l'on a un voisin qui ne semble pas bien et l'aider dans ce qui est difficile pour lui, même si c'est technique, comme faire ses courses ou s'occuper de ses enfants pour le soulager. La capacité d’aider une autre personne nous donne beaucoup de force et renforce notre résilience.
- Bien sûr, réciter des Téhilim, prier et étudier pour la réussite et la protection du peuple d’Israël.
Si nous résumons le modèle, il parle de trois critères qui nous permettent de grandir à travers le traumatisme.
Nous devons renforcer nos liens avec nos enfants principalement, ajouter de la flexibilité dans la vie tout en maintenant ce qui est nécessaire dans la routine, et aider une autre personne, ceci va ajouter du sens et un sentiment d'appartenance à notre peuple.
Je souhaite très vite à tout le peuple d’Israël d’excellentes nouvelles, amen !