Il est 17h30, maman demande aux enfants de ramasser les jeux, éparpillés sur le sol. Aucune réaction ne se fait entendre !
17h35, maman entre dans la chambre, ébahie du désordre qui y règne. Elle lance un regard sévère en direction de ses trois enfants :
- « Qui vous a autorisé à sortir autant de jeux ? Ce n’est pas la première fois que je vous dis de ranger avant de sortir un autre jeu ! »
Annaël se lève et sort la dînette de l’armoire.
- « Encore un jeu, n’as-tu pas entendu ce que je viens de dire ? La voix de maman est devenue plus stridente.
- « Mais, maman ma poupée a très soif » répond Annaël nonchalamment, en ouvrant la boîte.
Un foyer stable marche d’après les décisions des parents. Les parents ont la capacité de fixer les limites et l’emploi du temps en fonction du caractère des membres de la famille et de leurs besoins.
L’acceptation de l’autorité des parents est l’une des bases et des secrets de l’éducation.
Néanmoins, il est fondamental de réfléchir avant d’imposer des limites et de vérifier si elles conviennent à l’âge de l’enfant.
Il est impensable qu’un petit enfant reste assis à sa place tout le repas de Chabbath ou à la synagogue durant toute la prière de la même façon qu’il est impossible d’éduquer une petite fille de deux ans à être entièrement propre.
Mais à partir du moment où tu es persuadée que ton enfant est capable de tenir une résolution donnée, ne fais pas marche arrière !
Lorsque tu es sûre de toi, tu n’auras pas besoin de crier pour contrôler la situation, l’enfant sent ta détermination et apprend à se plier à cette résolution et même à l’estimer.
Tsipora raconte :
« J’ai décidé de ne pas autoriser les jeux à l’ordinateur. Je l’ai annoncé aux enfants avec détermination. La résolution a été respectée jusqu’aux vacances de ’Hanoucca.
Mes quatre enfants tournaient comme des lions en cage, ils s’ennuyaient à tel point qu’ils se sont mis à grimper sur les murs. C’est alors que j’ai craqué…
L’un des enfants est revenu avec un CD de jeux emprunté à un ami. Au début, je lui ai dit qu’il n’en était pas question, mais il a appelé ses frères et sœurs à la rescousse et chacun d’eux a essayé de me convaincre à sa façon.
Les filles ont pleuré prétextant qu’elles mouraient d’ennui… L’aîné a organisé une petite manifestation… Les deux petits ont commencé à se disputer… J’étais moi-même fatiguée des fêtes de la veille, j’ai donc hoché la tête en signe d’assentiment… »
Avi raconte aussi son expérience :
« Pour que le repas de Chabbath se déroule plus convenablement, nous avons décidé, ma femme et moi, que tous les enfants sans exception resteraient assis à leur place jusqu’après le service du plat de poisson.
Je me suis aperçu que Moché s’esquivait après le Kiddouch et s’installait sur le canapé avec un livre passionnant. Il m’a murmuré : « Je n’ai pas la force de me laver les mains. »
Je craignais qu’un sérieux conflit n’éclate, je n’ai donc rien dit… »
Il n’est pas toujours aisé pour les enfants de se plier aux limites et au nouvel emploi du temps décidés par leurs parents. Leur nature profonde les incite à se rebeller de mille et une façons.
Prépare-toi aux pleurs, aux arguments, aux grognements et ne cède pas !
Crois fermement que leur interdire de dépasser les limites est un cadeau exceptionnel que tu leur offres ! Tes enfants ne sont pas malheureux !
Au contraire, ils apprennent à obéir à une autorité supérieure et surmontent leurs penchants, leurs envies et leurs impulsions.
Le monde fonctionne bien lorsqu’il y a acceptation de l’autorité et obéissance à une personnalité plus haute que nous.
A l’école, ce sont les professeurs qui obligent les élèves à se comporter d’une certaine manière, à l’armée ce sont les officiers qui émettent des ordres et au travail, le patron est le seul à décider pour ses employés.
Il doit en être ainsi à la maison !
Si tu as fixé des limites, que tu as vérifié qu’elles convenaient parfaitement à ton enfant, que tu es sûre de toi et que tu t’es exprimée de façon claire, que dois-tu faire s’il ne se comporte pas comme tu l’as exigé ?
« Celui qui ménage son bâton haït son fils » ont expliqué nos Sages de mémoire bénie.
La meilleure réaction dans ce cas est de punir l’enfant.
Ce sont les recommandations de Chlomo Hamélèkh, le plus sage des hommes (Proverbes 29,17) : « Corrige ton fils, tu en auras du plaisir, il donnera de douces joies à ton âme. »
Attention, il ne s’agit pas de coups qui surviennent après des explosions de colère ou d’autres mauvais traits de caractère et qui sont un moyen de se défouler et de passer ses nerfs.
Ce sont des coups donnés avec sang-froid et sérénité, dans le but d’éduquer et de construire et non pas de détruire.
Quand tu frappes les enfants pour apprendre la Torah, le Talmud (Baba Batra 21a) nous ordonne : « Ne les tape qu’avec un lacet de chaussure… »
Avec un lacet de chaussure, il est impossible d’exprimer sa frustration ou sa rage sur le dos des enfants…
Il est aussi souhaitable de dire à l’enfant : « Je n’aime pas te frapper, mais je suis obligée de le faire, car je veux que tu sois un enfant bien élevé, avec de bonnes Middot, sachant se maîtriser. »