Il y a quelques années, a paru un petit article sur Ilan Ramon, l’astronaute israélien monté à bord de la navette spatiale Columbia écrasée en 2003. Cet article devrait nous inciter à marquer une pause. De manière incroyable, des pages du journal de bord d’Ilan Ramon ont été retrouvées. Le fait même d’avoir retrouvé un tel document est en soi un miracle. On peut se demander comment du papier a pu survivre à la plongée de la navette à une température de 1800 degrés. Le journal a été remis à son épouse Rona. Elle a immédiatement reconnu l’écriture de son mari et demandé au département de la police israélienne d’en reconstruire les pages, et avec l’aide d’experts qui déchiffrent d’anciens manuscrits, ils y sont parvenus.
Ilan écrivait son admiration pour le voyage dans l’espace et son amour profond pour sa famille, ce qui est touchant, certes, mais n’a rien d’exceptionnel. Mais ce qui était plus inhabituel, c’est une prière de Chabbath composée par Ilan et qu’il projetait de réciter dans l’espace en l’honneur de cette sainte journée. Une telle prière n’était pas caractéristique de ce personnage : c’était un Juif laïc, un pur produit de l’armée de l’air israélienne, un pilote de chasse qui avait réussi à bombarder le réacteur nucléaire irakien d’Osirick et combattu vaillamment pendant les guerres d’Israël. Ilan Ramon était en tous points un héros d’Israël et c’est pourquoi cette prière de Chabbath était aussi significative. Au moment de l’accident, alors que l’histoire d’Ilan Ramon attirait l’attention du monde, il devint apparent qu’il avait compris qu’à titre de premier Israélien dans l’espace, les yeux de toute l’humanité seraient rivés sur lui, et il assumait la responsabilité de faire une déclaration communiquant au monde l’essence de l’être juif.
Deux ans avant le lancement de la navette Columbia, Ilan avait déjà exprimé cette prise de conscience. A cette époque, il avait rendu visite à un professeur, Joachim Joseph, un physicien de l’atmosphère de l’université de Tel Aviv et rescapé du camp de concentration de Bergen Belsen, qui contrôlait les expériences israéliennes à bord de la navette spatiale. Lorsque Joachim avait eu 13 ans au camp de Bergen Belsen, Rav Dassberg, un prisonnier comme lui, lui fit célébrer sa Bar Mitsva en secret dans les baraques des prisonniers et lui donna une petite Torah qu’il avait introduite clandestinement au camp. Le rabbin lui avait fait promettre que s’il survivait, il en raconterait l’histoire, sachant que lui-même n’en sortirait pas vivant.
Lorsqu’Ilan rendit visite au professeur Joseph chez lui et aperçut la petite Torah, il fut profondément ému et ressentit le besoin de l’emporter dans l’espace. Lorsque Ramon orbita au-dessus de Jérusalem, il récita « Chéma' Israël » et pointa du doigt la petite Torah. Il lança au Premier ministre Sharon et au monde le message suivant : « Plus que tout, cette Torah représente la faculté du peuple juif à survivre aux périodes terribles et aux jours sombres, pour accéder à des périodes d’espoir et de croyance en l’avenir. » Quel message extraordinaire pour Israël et le monde, de la bouche d’un Juif laïc.
Ilan s’était également engagé à ne manger que de la nourriture Cachère et à respecter le Chabbath en vol, et à cet effet, il avait emporté un verre de Kiddouch avec lui. Une fois de plus, des déclarations exceptionnelles d’un Juif laïc ! Mais l’histoire d’Ilan ne s’achève pas ici. Il envoya un autre message que la majorité des gens ne reçurent pas. Ilan Ramon a déclaré avoir profondément regretté de s’être tant engagé dans des expériences scientifiques à bord de la navette de sorte que, d’une certaine façon, il avait manqué le Chabbath.
N’est-ce pas l’histoire de notre génération ? D’une façon ou d’une autre, nous pouvons tous faire écho aux propos empreints de douleur d’Ilan Ramon. Nous nous sommes tellement investis dans nos expériences au point d’en oublier notre mission, notre but dans la vie. Ilan Ramon nous envoie un autre message, une prière de Chabbath.
La Torah nous enseigne que le Chabbath n’est pas un simple jour de repos. Il constitue un signe entre nous et le Tout-Puissant. Le Chabbath est le signe, l’alliance à notre doigt…le signe de mariage qui certifie que nous appartenons à D.ieu. Mari et femme peuvent avoir des altercations, mais tant que la bague reste au doigt, ils restent mariés. Mais si la femme retire la bague, alors nous savons que le mariage est fini. De même, notre génération s’est éloignée de la Torah, mais à travers le Chabbath, nous restons liés. Mais si nous retirons cette bague du Chabbath, nous coupons les liens et notre relation est rompue. Néanmoins, notre D.ieu est un Père aimant qui ne renonce jamais à nous. Il nous rappelle inlassablement : « Revenez, remettez cette bague de Chabbath à votre doigt. »
Rien n’est le fruit du hasard. Au moment de l’accident tragique, j’avais publié une lettre commentant la remarquable récurrence du chiffre sept dans cette catastrophe. Sept astronautes étaient présents dans la navette. La navette a été lancée le 16 janvier (1+6=7). Elle était dans l’espace pendant seize jours (1+6=7). Elle s’est écrasée seize minutes avant l’atterrissage (même remarque). L’accident a eu lieu le septième jour - le Chabbath. Les débris sont tombés sur sept comtés du Texas et l’accident lui-même a eu lieu dans la localité Palestine, Texas - un rappel de la terre promise qui sera délivrée par le Chabbath.
Ne vous méprenez pas sur mes propos. Je ne veux pas suggérer que ceci justifie l’accident de la navette. Ce sont des choses au-delà de notre compréhension, mais ce n’est pas une pure coïncidence que tout ce qui a été lié à cette navette spatiale a une relation au chiffre sept. Et la prière du Chabbath de Ramon, extraite du journal de Ramon, a été retrouvée. Le Chabbath nous appelle : « Peuple juif, mettez votre alliance de Chabbath au doigt ! »
Nous vivons une période très difficile dans l’histoire, aussi bien sur le plan national que personnel. Comment comprendre ces souffrances ? Ce sont les ‘Hévlé Machia’h, les douleurs de l’enfantement précédant la venue du Machia’h. Comment nous protéger ?
Nos Sages nous enseignent que l’une des manières de nous protéger consiste à observer scrupuleusement le Chabbath. Il est écrit que par le mérite de Chabbath, nous serons délivrés, car le respect du Chabbath équivaut à toutes les Mitsvot. Le chiffre sept, qui n’a cessé de résonner lors du vol dans l’espace d’Ilan Ramon, s’écrie : « Chabbath ! » Mais si nous avions manqué ce message, un miracle a eu lieu et une page de cette navette en désintégration circulant dans l’espace à plus de 20 000 km/h, a survécu et a appelé : « Chabbath ! ».