Un beau Midrach fait sourire même les plus cyniques d’entre nous. J’invite les esprits les plus cyniques à lire cet article et à me dire si ce Midrach ne reflète pas la réalité d’aujourd’hui telle qu’elle se déroule sous nos yeux.
Il est écrit qu’avant le don de la Torah au Sinaï, Hachem demanda des « garants ». Qui était prêt à signer pour le prêt de la Torah à l’humanité ? La Torah, jusque-là, se trouvait dans le Ciel, à la portée des anges. Mais confier la Torah aux hommes ? A coup sûr, ils allaient la transgresser, la violer, la dégrader. Comment pouvait-on donner la Torah aux hommes ?
Hachem demanda des « garants » qui seraient responsables au cas où « l’acheteur » serait défaillant. Le ‘Am Israël tint une conférence. Quel garant serait acceptable pour Hachem ? Le peuple tomba d’accord : nos Patriarches, les Avot, seraient les meilleurs représentants possibles. Mais Hachem n’accepta pas cette proposition. Les Avot avaient respecté la Torah. Ils l’avaient enfermé à clé dans les cavités de leur cœur. Leur âme était saturée de ces propos saints. Le peuple juif fit d’autres suggestions, incluant les Prophètes et même les collines et montagnes, les puissantes créations d’Hachem. Mais ces offres furent également repoussées.
Enfin, quelqu’un proposa une idée novatrice : faisons de nos enfants les garants. Le peuple était choqué. Que savent les enfants ? Ils sont naïfs, immatures, et peuvent facilement se laisser duper. Mais, étonnamment, Hachem accepta. Oui, les enfants seraient les parfaits garants pour assurer l’observance de la Torah pour toute l’éternité.
Avançons dans le temps, nous sommes des milliers d’années plus tard. Il y a quelques semaines, à Bensalem (Pennsylvanie), je pris la parole dans une salle comble d’une communauté de Juifs dévoués. Le public était composé de jeunes et de vieux, Juifs et non-Juifs, responsables gouvernementaux et élus. Les propos de la Torah peuvent faire tomber toutes les barrières et unifier les gens d’horizons divers.
A l’issue de mon allocution, des auditeurs vinrent me trouver pour me demander des bénédictions, des conseils, ou simplement me faire part de leurs réflexions. Je levai les yeux et vis deux petits garçons mignons devant moi. Le plus grand des deux, âgé de 12 ans, me confia son souci d’être accepté par ses camarades à l’école.
« Je voudrais accomplir les Mitsvot, me confia-t-il, mais j’ai peur que les autres garçons se moquent de mes Tsitsit, de ma Kippa, et de mon observance de la Cacheroute et du Chabbath. Je ne voudrais pas renoncer à une seule de ces Mitsvot. Chaque mot que vous avez prononcé m’a touché droit au cœur. »
Son jeune frère acquiesça et rajouta : « Je vais raconter à tous mes amis ce que j’ai appris ce soir par vous. Je vais vraiment leur raconter tout. »
Dites-moi, quelqu’un peut-il douter de la véracité du Midrach déclarant que nos enfants sont nos garants ?
Fréquentez-vous l’école publique ?, demandai-je aux garçons.
Oui, me répondirent-ils.
Je demandai à parler à leurs parents, qui s’empressèrent de venir me trouver.
« Avez-vous réalisé le cadeau que D.ieu vous a donné ?, leur demandai-je. Les trésors qu’Il vous a confiés ? Vos fils sont les fils du peuple d’Israël qui se sont tenus au Sinaï et ont juré d’être les garants de notre Torah. Des milliers d’années se sont écoulées depuis ce jour-là. Nous avons traversé de nombreux continents, franchi de nombreux océans. Vous-mêmes êtes venus de Russie - un pays communiste où les paroles de D.ieu étaient taboues -, mais, malgré tout, même là-bas, vos enfants ont été les garants.
Le pacte scellé au Sinaï s’est avéré plus puissant que les armées, les armes, la culture et la société. L’étincelle d’Hachem, la lumière de la Torah ne pourra jamais être éteinte par aucun pouvoir terrestre. Nous entrons dans l’année 5775 et l’éclat de notre flamme brille plus fortement que jamais, son éclat pénètre dans les moindres recoins de notre cœur, conférant de l’énergie à nos âmes juives. »
Deux garçons qui font la queue - ni pour un jeu de ballon, ni pour des friandises, ni pour rencontrer une star du sport, mais pour poser une question pertinente : comment réagir face à leurs camarades qui pourraient se moquer de leur Kippa ou leur Tsitsit, leur Cacheroute et leur respect du Chabbath ? Ce Midrach si ancien me revint à l’esprit en conversant avec ces enfants.
« Qui, demanda Hachem, garantira que Ma Torah ne sera jamais perdue ? »
« Nous offrons nos enfants, Hachem, nos fils et filles, répondit le peuple juif. Ils seront nos garants. » Hachem consentit aisément à cette proposition.
Assis non loin de là pendant l’échange avec ces garçons et leurs parents, se trouvait un rabbin de la communauté. « Rav, l’interpellai-je, nous devons trouver une Yéchiva pour ces garçons. » Je me tournai ensuite vers les parents. « Vos garçons sont des flambeaux du Sinaï capables de percer l’obscurité de notre monde grâce à la lumière Divine. Gardez et protégez cette lumière : assurez-vous qu’elle brille toujours fortement et ouvre la voie à la venue du Machia’h. »
J’observai les parents et je vis dans leur regard qu’ils avaient parfaitement compris le message.
Beaucoup d’entre vous le savent, je me remets de la fracture d’un fémur, d’un genou et d’une hanche. Le trajet jusqu’à Bensalem n’a été ni rapide, ni facile, mais je suis prête à refaire ce voyage des milliers de fois encore si nécessaire. Cela me donne de l’énergie, mon cœur est revigoré, et j’ai la force nécessaire pour courir, participer aux Jeux Olympiques, et gagner !
Chaque matin, à l’issue de la prière, nous récitons une belle prière. « Zot Briti - c’est Mon alliance avec eux », dit Hachem. « Les propos que Je place sur vos lèvres ne doivent pas quitter votre bouche ni celle de vos enfants ou petits-enfants, aujourd’hui et pour toujours. »
Un simple être humain peut-il faire une telle prédiction avec l’assurance qu’on ne lui prouvera pas le contraire ? Un simple mortel aurait-il pu savoir que ces mots, proclamés il y a des milliers d’années, resteraient dans la bouche d’enfants qui ne parlent dorénavant plus la langue dans laquelle ils ont été prononcés, qui ne comprennent pas la langue où ils se trouvent, et ne savent pas qui les a prononcés ?
Ces mots magnifiques et émouvants ont été prononcés par le prophète Isaïe. Mais la plupart d’entre nous récitons ce passage machinalement. Il fait partie de nos prières du matin, mais nous sommes pressés de finir, et, en conséquence, nous ne réfléchissons pas au génie de tout cela.
Nous, les Juifs, devons nous réjouir de notre héritage. Nous sommes une preuve vivante de la Parole de D.ieu. L’étudier, vivre conformément à Ses règles, voilà notre précieuse mission. Y a-t-il de privilège plus grand que celui-là ?
Nous voulons favoriser l’estime de soi chez nos enfants. Nous les emmenons chez les thérapeutes. Nous leur offrons un enseignement VIP non seulement dans leurs études, mais aussi en sport, musique, art, etc. Mais peut-il y avoir un générateur plus grand d’estime de soi chez des enfants que la certitude d’avoir été choisis pour être les garants de la Torah ?
Puisse D.ieu nous accorder des enfants qui portent fièrement cette mission sacrée, et puisse-t-Il nous conférer la sagesse et le privilège d’être des parents qui se glorifient de cette mission sacrée.