La semaine dernière, j’ai publié une lettre d’une femme qui avait du mal à gérer les pressions des enfants, petits-enfants et d’une belle-mère malade qui venaient tous chez elle pour Souccot. Elle craignit les nombreuses réactions de ceux qui se formaliseraient de sa plainte - après tout, accueillir une grande famille chez soi est une immense bénédiction - mais elle remarqua que les bénédictions renferment parfois des difficultés. Elle aurait vivement souhaité enterrer ces difficultés plutôt que de les exprimer, mais elle était tout simplement débordée.
Voici ma réponse :
Chère amie,
Je comprends le stress que vous ressentez, mais la solution est à portée de main. Regardez autour de vous pour les découvrir : vos filles et belles-filles. Elles sont votre « aide à domicile » pendant leur visite. Mais vous devez faire appel à leur aide.
D’une voix tendre et aimante, elles doivent entendre que si rien ne vous réjouit plus que de les recevoir avec les adorables petits-enfants, votre maison n’a rien d’un grand hôtel.
A ce moment de la conversation, c’est au tour de votre mari de prendre la relève. « Aujourd’hui, ce n’est plus comme autrefois où vous étiez petits et maman avait une énergie débordante », doit-il déclarer. « Aujourd’hui, maman a besoin d’aide. »
Il est important que votre mari fasse cette mise au point. Il est toujours préférable que quelqu’un parle en votre faveur. L’idéal serait que votre mari s’adresse aux enfants en ces termes : « Maman et mois sommes si heureux de vous voir. C’est notre plus grand bonheur de vous avoir avec nous, mais on ne peut compter sur maman pour passer toute sa journée debout dans la cuisine à préparer un repas de fête après l’autre, et s’occuper également de tous les petits-enfants.
« Ne l’oubliez pas, après la fête, Maman doit reprendre le travail. Elle prend le métro et les bus. Elle dirige la maison. Elle gère mille et une choses. C’est vrai, vous avez deux sœurs célibataires qui veulent aider et qui adorent vos enfants, mais ne profitez pas d’elles. Elles ont aussi leurs amies et leur propre vie sociale.
« Et ce n’est pas tout. Vos maris doivent savoir qu’il n’y a ni serveuses ni serveurs. Oui, il y a une directrice, et c’est maman. En tant que telle, demandez-lui comment vous pouvez l’aider et suivez ses instructions. »
Je le répète, c’est votre mari qui doit tenir ce discours, car de votre part, ça semblerait critique et malvenu. Si votre mari sollicite de l’aide pour vous, les filles sentiront qu’elles font du ‘Hessed pour vous, et cela leur donnera un bon sentiment. Mais si vous présentiez vous-même cette requête, vous endosseriez le mauvais rôle, et que D.ieu préserve, cela pourrait mettre un terme aux visites familiales.
Il faut instaurer des limites dans chaque foyer. Parents et enfants ne sont pas copains. Ils ne sont pas égaux. Les familles sont des démocraties où chacun a un droit de vote, mais la mère et le père sont le roi et la reine, tandis que les enfants sont de loyaux soldats. Oui, les mères sont présentes pour prendre soin des enfants lorsqu’ils sont petits. Mais en Yiddish, on appelle les bébés, Mamalé et Tatalé, et en effet, le jour viendra où ces bébés assumeront le rôle de mère et de père dans leur relation à leurs parents. A ce stade, ce sont eux qui prennent soin de leurs parents qui n’ont plus les mêmes forces pour s’occuper d’eux-mêmes. C’est à présent maman et papa qui ont besoin de gâteries, d’une attention aimante et de douces paroles.
Je réalise que mes propos ne s’appliquent pas à une famille américaine ordinaire où les parents sont toujours en position de donner et pratiquement jamais de prendre ; où les enfants pensent toujours avoir des droits, et non des devoirs. Le monde de la Torah est néanmoins différent : ce sont les enfants qui sont appelés à donner. Les enfants sont ceux qui disent : « Maman, papa, détendez-vous, laissez-moi aider. »
J’ai grandi dans un monde où nous nous levions pour nos parents. Nous n’aurions jamais osé nous adresser à nos mères et pères de manière irrespectueuse ou en les appelant par leur prénom. Les enfants savaient que leur rôle n’était pas d’être exigeant. Les rivalités entre frères et sœurs étaient rares. Oui, nous nous battions pour des privilèges : qui donnerait sa chaise à papa ou maman ? Qui aiderait maman à servir ? Qui accompagnerait papa ou maman ? Qui aiderait papi ou mamie à marcher?
Je me souviens parfaitement de mon père, le Rav, Gaon, et Tsadik Avraham Halévi Jungreis, nous racontant que lui et son frère se battaient pour qui aurait le Zékhout, le mérite, de cirer les chaussures de leur père !
Nos valeurs remontent à des milliers d’années. Les piliers sur lesquels vivent nos familles sont éternels. Votre crise du Yom Tov peut être facilement résolue en appliquant simplement notre système de valeurs sacrées. Si D.ieu veut, cela sera facile pour vous, car vos enfants ont été élevés dans un foyer respectueux de la Torah, et mes suggestions ne sont pas étrangères à leur éducation.
L’honneur dû aux parents est le fondement de la vie juive. Il fait partie des Dix Commandements et est inviolable, il n’est ouvert ni aux compromis, ni aux négociations. Pour que cela marche, il faut s’y conformer et demander à vos enfants d’en faire de même. Comme je l’ai mentionné ci-dessus, vous ne pouvez l’exiger pour vous, mais votre mari peut s’en charger à votre place (et vous, à la sienne).
Ceux qui n’ont pas, que D.ieu préserve, de conjoint, peuvent montrer à leurs enfants le passage en question dans la Torah. Dans le même temps, précisez-leur qu’il ne s’agit pas d’une requête personnelle, mais d’un commandement divin. C’est une des lois instituées par le Tout-Puissant Lui-même pour garantir une vie de famille harmonieuse.
A suivre