La semaine dernière, j’ai parlé d’une lettre d’une mère perplexe qui avait du mal à gérer les pressions des enfants, petits-enfants et d’une belle-mère malade qui venaient tous chez elle pour Souccot. Elle craignit les nombreuses réactions de ceux qui se formaliseraient de sa plainte - après tout, accueillir une grande famille chez soi est une immense bénédiction - mais elle remarqua que les bénédictions renferment parfois des difficultés. Elle aurait vivement souhaité enterrer ces difficultés plutôt que de les exprimer, mais elle était tout simplement débordée.
La première partie de ma réponse, où j’ai suggéré que le mari de cette femme demande à ses filles et belles-filles d’aider leur mère, a paru la semaine dernière. En voici la conclusion :
Permettez-moi de vous donner des outils de travail qui vous permettront de mieux gérer votre dilemme familial. Je comprends que vous vous sentiez ingrate lorsque vous vous plaignez de la plus grande bénédiction dont toute personne rêverait : une grande famille en bonne santé, réunie pour célébrer le Yom Tov. Mais comme vous l’avez noté, très souvent, les bénédictions sont accompagnées de défis et ces défis assombrissent les bénédictions. Ils sont la source d’irritations et de problèmes.
Ceux qui connaissent bien mes articles, mes livres et mes conférences savent que l’une de mes citations préférées de nos Sages est (en référence à la Torah) : « Hafokh Ba, Hafokh Ba, Dékoula Ba - tournez-la dans tous les sens, car elle contient tout ». Tournons les pages et concentrons-nous spécifiquement sur la langue hébraïque et les enseignements de Torah. Si vous étudiez ces paroles dans la langue sainte, il sera plus facile de gérer vos difficultés.
Dans la langue sainte, chaque terme est définitif. La belle-mère se dit ‘Hama - chaude, comme les rayons du soleil. En revanche, en anglais, « mother-in-law » désigne une relation régie par la loi, et ce concept est totalement différent. Il n’est question ici ni d’amour, ni d’attachement, ni de respect, mais de « loi ». En d’autres termes, votre relation avec elle relève de l’obligation, et n’est pas nécessairement une expérience agréable. Elle ne reflète pas obligatoirement la lumière du soleil ou la chaleur, comme l’atteste la présence de nombreuses belles-mères détestables dans notre société.
J’ai toujours été offensée par les blagues et caricatures sur les belles-mères. Les belles-mères ne sont pas des caricatures, elles ne sont pas non plus des « mères selon la loi ». Ce sont les mères de nos conjoints, et c’est en cela qu’elles sont précieuses. Mais, certainement, il y a plus que cela. Pourquoi la langue sainte se réfère-t-elle aux belles-mères comme à un rayon de soleil, alors que de si nombreuses personnes dans notre société pensent exactement le contraire, qu’elles sont des personnages importuns qui interfèrent dans le Chalom Bayit, l’entente conjugale ?
Un jour, vous devrez vous embarquer pour un voyage auquel tout être humain est tenu au bout du compte. Le moment venu, il n’y a aucune excuse. On est obligé d’y aller. Vous ne pouvez pas protester que vous n’avez pas préparé les bagages ou que vous ne trouvez pas votre passeport ou vos billets. Vous n’avez plus de temps devant vous. Le « fonctionnaire » arrive et annonce : « Vous devez venir. Je vais vous accompagner à la porte que je refermerai derrière vous. »
Une fois la porte fermée, il n’y a plus de retour possible. On ne peut plus l’ouvrir à nouveau. Vous l’implorez : « De grâce, j’ai dû partir au milieu de ma tâche. J’avais encore tant à faire. Je n’ai pas eu la possibilité de dire au revoir à ma famille et mes amis. Laissez-moi retourner en arrière. » Mais il n’esquisse pas un sourire et il vous pousse devant le Roi.
« Qu’avez-vous accompli dans ce monde ? », demande le Roi.
« Eh bien, répondez-vous en bégayant, j’ai toujours considéré ma belle-mère comme mon ‘Hama, mon rayon de soleil. J’ai fait beaucoup d’efforts pour la respecter, et je la considérai comme un soleil qui diffuse de la lumière, de la chaleur et de la santé. »
A votre grand soulagement, le Roi accepte votre déclaration. « C’est une réalisation digne de louanges », déclare-t-Il.
En quoi ceci s’applique à vous ? En quoi cela a-t-il à voir avec les soins apportés à votre belle-mère souffrante pendant les jours de Yom Tov ? Voici le rapport : après 120 ans, lorsque vous vous tiendrez en jugement devant Hachem, vous chercherez désespérément un bon point qui pourrait parler en votre faveur, quelque chose de difficile que vous avez accompli en dépit des défis et des difficultés.
Alors, cette vieille femme souffrante qui était un tel poids pour vous deviendra en un clin d’œil votre avocat de la défense qui attestera que vous étiez réellement une bénédiction pour elle, vous étiez sa source d’énergie, son air frais, le baume apaisant qui l’a aidé à atténuer sa douleur et lui a procuré du réconfort.
Donc, lorsque votre tête est sur le point d’exploser et vous vous retenez de hurler, remémorez-vous : vous ne vous occupez pas d’une femme qui est votre mère par la loi, mais d’une femme qui sera un jour la pièce maîtresse de vos réalisations dans ce monde.
Tournons-nous vers nos enfants. En langue sainte, les garçons sont appelés Banim et les filles, Banot, ce qui signifie « les constructeurs ». Ces petits qui ne vous laissent pas vous reposer un instant et font du désordre juste après que vous avez méticuleusement nettoyé la maison ne sont pas simplement des enfants, ce sont des constructeurs - constructeurs de votre foyer, de vos générations, de votre héritage, de notre peuple tout entier. Ce sont eux qui garantissent notre survie juive.
Une fois cette prise de conscience faite, vous vous direz : « Qui se préoccupe du bruit, du désordre ? Baroukh Hachem, mes constructeurs sont forts. »
Pharaon était déterminé à annihiler notre peuple. Il savait que, pour ce faire, il devait exterminer nos enfants. Un grand nombre de dictateurs pervers de ce monde ont suivi cette méthode. Mais nos enfants ont juré au Sinaï qu’ils seraient pour toujours les constructeurs du peuple juif, les architectes de la Torah, de la terre sainte, et de leurs propres familles.
Nos enfants ont tenu leur promesse. Alors, lorsque ces petits enfants brailleurs vous tapent sur les nerfs et viennent d’orner les murs de votre salle à manger de ketchup ou renversé une bouteille de vin sur votre nouveau tapis, ne soyez pas irritée contre eux. Prenez-les dans vos bras, embrassez-les et murmurez-leur : « Tu seras mon constructeur, le constructeur du ‘Am Israël. Tu vas édifier Yérouchalayim. Tu vas étudier la Torah et l’enseigner aux autres. Tu vas unifier notre peuple avec amour. N’oublie jamais ta mission. »
Si nous pouvions apprendre à regarder nos enfants à partir d’une telle perspective, nos vies seraient tellement différentes !
Je vais vous livrer une très belle histoire sur le Rebbe de Klausenbourg. Lorsqu’il célébra le premier Roch Hachana après la libération des camps de concentration, il s’effondra en larmes au milieu de ses prières.
« Où sont tous les enfants ?, s’écria-t-il. Personne ne fait de bruit. Il n’y a aucun enfant que nous devons faire taire. Nos constructeurs ne sont pas là. » Il se promit alors qu’il érigerait un hôpital en Erets Israël pour que les cris de milliers d’enfants soient entendus à leur arrivée dans ce monde, qui deviendront des Banim et des Banot - des constructeurs du ‘Am Israël et d’Erets Israël.
Vous vous demandez peut-être : « Pourquoi ces crises ont-elles lieu le Chabbath et le Yom Tov, lorsque nous sommes tous réunis ? Nos fêtes ne peuvent-elles se dérouler dans une atmosphère de sérénité ? »
A la fin du Livre de l’Exode, on nous redonne les prescriptions des lois du Chabbath. A première vue, c’est difficile à comprendre. Les lois de Chabbath ont déjà été clairement énoncées. Pourquoi cette répétition ?
On nous met en garde de ne pas déclencher de feu dans notre foyer, et nos Sages expliquent que la Torah n’évoque pas simplement un feu matériel, mais le feu de la controverse et de l’hostilité.
Pourquoi serions-nous particulièrement vulnérables à un tel feu le Chabbath et le Yom Tov ? Car, malheureusement, lorsque les familles se réunissent le Chabbath et le Yom Tov, l’animosité, la jalousie et les disputes sont une menace potentielle. La Torah nous enjoint de nous mettre sur nos gardes pour éviter que le feu de la controverse ne s’allume.
Le Chabbath et le Yom Tov, nous devons avoir une priorité : être des constructeurs - constructeurs de notre famille et de notre nation. Et cette mission ne peut être menée à bien que si nos foyers sont des lieux où règne la paix, et non des champs de bataille; des lieux d’amour, et non d’animosité; des lieux d’unité, et non de fragmentation.
Alors à vous, chère amie et à tous nos lecteurs, je le répète : lorsque vos enfants (ou petits-enfants) vous causent beaucoup de stress et vous sentez que vous n’arrivez plus à le gérer, prenez une profonde inspiration et retenez que ce sont nos Banim - nos constructeurs - et que l’avenir de notre peuple est entre leurs mains.