Je vous ai fait part la semaine dernière d’une lettre d’une jeune femme troublée et confuse. Elle était devenue Ba’alat Téchouva après le mariage, mais son mari n’avait toutefois pas modifié son mode de vie laïc.
Voici ma réponse :
Ma chère amie,
Peu importe à quel point notre problème est douloureux ou complexe, si l’on sait où l’on va, si l’on connaît la direction à suivre, cela devient en quelque sorte plus facile. Mais être perdu et devoir décider de la voie à suivre est exaspérant. Un jour, vous pensez au divorce, et le lendemain, vous rejetez l’idée. Dans toutes les circonstances, vous êtes toujours en train de vous poser des questions.
Il y a cinquante ans, j’ai eu le privilège de fonder Hinéni. Nous étions des pionniers. Comme prévu, les Juifs laïcs avaient peur de moi, et même la communauté orthodoxe était sceptique pour ses propres raisons. « Rabbanite, entendais-je constamment, vous perdez votre temps, même si vous parvenez à ce qu’ils respectent les Mitsvot, en un clin d’œil, ils reprendront leur ancien mode de vie. »
Les cyniques ont eu tort. Non seulement la grande majorité de ces « repentants » ont maintenu leur engagement, mais un grand nombre d’entre eux sont devenus des dirigeants de la communauté juive et ont inspiré toute une génération.
Ce remarquable miracle de Juifs revenus à leurs sources a entrainé aussi dans son sillage de douloureuses ramifications. Des fils et filles nés dans des foyers laïcs et devenus pratiquants ont très souvent évoqué la colère de leurs parents, et des parents devenus religieux ont été confrontés au ressentiment de leurs enfants adultes et laïcs. D’autres enfin ont souffert de la crise que vous traversez : un conjoint embrassant notre foi, et l’autre, la rejetant.
Je mentionne tout ceci pour que vous sachiez que votre problème n’est ni nouveau, ni unique. D’autres vous ont précédés et, au final, ont réussi. Il est vrai que toutes les histoires n’ont pas un dénouement heureux. Mais si vous connaissez vos priorités et ne vous compromettez pas, vous aurez toujours la tranquillité d’esprit de savoir que vous avez agi comme il le fallait.
La grande question à laquelle vous vous confrontez est celle-ci : « Que dois-je faire ? ». Dans notre prière quotidienne du matin, nous implorons D.ieu de nous accorder la sagesse de choisir entre le bien et le mal. J’ai conseillé de nombreux individus à ce sujet. Ceux qui ont lu mes articles et entendu mes discours peuvent attester que mon avis est toujours ancré dans les valeurs de la Torah.
Attachez-vous fermement à notre Torah et aux Mitsvot. Soyez un modèle pour vos enfants. Protégez-les pour qu’ils n’entendent pas les échanges verbaux néfastes entre vous et votre mari. Ne vous battez pas contre ce dernier, essayez plutôt l’amour et la gentillesse.
Si vos enfants vous demandent pourquoi papa ne respecte pas les Mitsvot, répondez-leur avec une sincérité affectueuse : « Votre papa est un homme merveilleux, mais il n’a jamais eu l’occasion d’étudier notre Torah ». Préparez une belle table de Chabbath et invitez votre mari à se joindre à vous, mais s’il refuse, ne vous battez pas au risque de détruire la sainteté de cette journée. Si nécessaire, vous faites le Kiddouch, vous chantez les cantiques de Chabbath et vous dites un Dvar Torah, ou demandez à vos enfants de le dire. Si votre mari profane les commandements, ne faites pas de scène. Cela risque d’envenimer la situation et d’allumer un feu qu’il sera difficile d’éteindre.
Vous écrivez dans votre lettre que vous avez trouvé une synagogue chaleureuse dans votre communauté. Pourquoi ne pas aborder le rabbin et lui demander de vous rendre visite, de se lier d’amitié avec votre mari et de l’inviter à étudier ?
Si votre mari, que D.ieu préserve, reste sur sa position, ce n’est pas forcément une raison pour vous de chercher à obtenir le divorce. Le divorce crée ses propres problèmes et fait des ravages dans la famille (à moins que les circonstances ne vous laissent pas d’autre option, mais ceci doit être déterminé par vous et un professionnel). Soyez patiente : si c’est un homme bon, au bon cœur, il finira par comprendre. Puisse D.ieu vous aider, et puisse votre mari répondre à votre appel, à l’appel de vos enfants, et surtout, à l’appel de son Père céleste.
Vous possédez des atouts, des forces dont vous n’êtes même pas consciente et qui, employées à bon escient, peuvent vous aider dans votre dilemme. Vous êtes une femme et en tant que telle, vous avez été créée par D.ieu avec des qualités particulières. D.ieu vous a chargé d’être une Ezèr Kénégdo, une aide pour lui. La traduction littérale de « Kénégdo » signifie « contre lui ». A première vue, c’est assez paradoxal. Peut-on à la fois être contre quelqu’un et l’aider ? N’est-ce pas contradictoire ? Mais là réside le secret d’une femme. Oui, soyez son aide, mais en cas de nécessité, cette aide doit être contre lui pour qu’il se dirige vers le bon chemin.
Comment ? Reposez-vous sur le « GPS de la Torah » qui vous guidera. Pensez à la prophétesse Déborah. Elle a été nommée « Dévora, Echet Lapidot », « Déborah, la femme aux flambeaux ». L’époux de Déborah était un homme très bien, mais pas un érudit en Torah. Alors, que fit-elle ? L’a-t-elle réprimandé ? S’est-elle battue contre lui ? Lui a-t-elle demandé d’étudier? Non, rien de tout cela. Elle rassembla toute l’énergie que D.ieu lui avait conférée et la mit à bon usage.
Plutôt que de le pousser à assister à un cours, elle conçut un plan. Elle façonna des bougies spéciales pour le Tabernacle et demanda à son mari de les apporter au Grand-Prêtre. En parallèle, elle aborda le Grand-Prêtre et lui demanda d’accueillir son mari les bras ouverts et de l’inviter à étudier la Torah. Elle le dirigea donc sur le bon chemin sans même qu’il le sache. Son mari devint un érudit et elle a été immortalisée à jamais. Son nom est devenu « Echet Lapidot », la femme des bougies qui ont illuminé non seulement le Tabernacle, mais aussi le cœur de son mari.
Pouvons-nous appliquer cet enseignement de nos jours ? Bien sûr. En consultant la Torah, vous découvrirez que Déborah n’était pas un exemple unique. Nos vertueuses matriarches ont également dirigé leurs époux, les géants empreints de sainteté, nos Patriarches.
Le plus sage de tous les hommes, le Roi Salomon, l’a résumé ainsi : « La sagesse des femmes édifie le foyer, leur folie la renverse de ses propres mains ». Malheureusement, les femmes de nos jours ignorent qu’elles ont le pouvoir d’apporter des bénédictions à leurs familles, et par là, de changer le monde.