Dans mon dernier article, j’ai évoqué des questions sur le rôle des femmes en réponse à des lettres qui me sont parvenus à ce sujet. Voici la suite.
Chères amies,
Je vous avais expliqué que nous observons les commandements pour nous conformer simplement à la parole de D.ieu, ce qui confère une sainteté à nos actions et les transforme en Mitsvot. En conséquence, consommer des Matsot le soir du Séder est une Mitsva, mais cette même action à un autre moment de l’année n’a aucun sens particulier, et ce principe est valable pour tous les aspects de notre pratique du judaïsme. Hachem nous a prescrit des Mitsvot différentes pour les hommes et les femmes, pour les Cohanim et les Léviim, et même si nous nous ne les comprenons pas, notre confiance en Lui reste entière, et nous maintenons notre engagement. C’est une Mitsva pour un homme d’être compté dans un Minyane (un quorum de dix hommes), mais ce n’est pas le cas pour une femme. De même, tout comme c’est une Mitsva pour un Cohen de réaliser certains services rituels dans le Beth Hamikdach, le Temple, ce serait une faute pour un non-Cohen de les réaliser, même s’il est sincère. De ce fait, le fait que des femmes assument des rôles assignés aux hommes est non seulement dénué de sens mais incorrect, un symbole de révolte contre notre tradition et notre Torah. De nombreuses femmes qui, dans notre société contemporaine, ont dû se battre pour obtenir des droits égaux dans la sphère économique, sociale et politique ont du mal à intégrer cette idée. Elles pensent de manière erronée que tout comme dans le monde laïc, les femmes ont été soumises, elles sont également reléguées à une position secondaire dans le judaïsme, et elles mènent un combat alors qu’aucun combat ne doit être mené. Elles ignorent la position élevée accordée aux femmes par la Torah : elles confondent la Torah et la constitution du pays. On ne peut amender ou organiser un vote sur notre Torah ; il n’est pas question de droits, mais d’obligations, ce n’est pas une question de revendication, mais de responsabilités. Une femme qui se sent épanouie uniquement si elle peut assumer un rôle masculin est en effet privée, non pas des Mitsvot liées aux hommes, mais de son propre cadeau offert par D.ieu. La femme contemporaine n’a pas besoin d’être comptée dans un Minyane, ni de porter des Téfilines, mais de comprendre sa mission sacrée au sein du judaïsme.
La Torah nous permet d’apprécier les différences hommes/femmes afin que nous puissions réaliser notre potentiel et contribuer nos talents uniques pour le bien de l’humanité. D.ieu a créé le monde à l’image d’une symphonie, conférant à chacune de Ses créations son propre instrument. Demander à chaque instrument d’être identique à l’autre serait catastrophique. Le trombone ne peut être une flûte, le violon ne peut être une contrebasse ; chacun doit jouer sa propre partition pour que le monde fonctionne en harmonie. Cette règle s’applique également à la nature. Le pommier ne peut être échangé avec la vigne, un brin d’herbe avec un chêne. Le grand dessein de D.ieu est réalisé uniquement lorsque chaque créature mène à bien fidèlement sa mission. La Torah considère les femmes comme la force motrice du monde. Les femmes plongées dans cette tradition se sentent en confiance dans leur féminité juive. Elles n’ont pas le sentiment que ceux qui mettent les Téfilines ou prient en Minyane leur sont supérieurs dans leur service divin. Elles sont satisfaites de prier à leur propre rythme et d’assigner un temps et un lieu privé pour s’entretenir avec le Tout-Puissant. Si néanmoins, elles choisissent de se rendre à la synagogue et de prier avec le Minyane, elles le font pour pouvoir bénéficier de ce Minyane, certaines prières ne peuvent être récitées qu’en présence d’un quorum de dix hommes, et un rassemblement de femmes, quel qu’en soit le nombre, ne constitue pas un quorum permettant la récitation de ces prières.
« Gadol Hamétousvé- une personne est supérieure lorsqu’elle accomplit une Mitsva lorsqu’elle en a reçu l’ordre que celle qui l’accomplit sans en avoir reçu l’ordre. » A priori, on pourrait croire le contraire. Après tout, l’individu qui se sent inspiré, dont le cœur le pousse à agir, ne se trouve-t-il pas à un niveau plus élevé que celui qui accomplit son obligation, qui lui a été prescrite ? Mais lorsque nos actions reflètent nos propres désirs plutôt que la volonté de D.ieu, c’est nos propres besoins que nous servons, et non ceux du Tout-Puissant. De plus, la nature humaine est telle que les hommes résistent aux obligations qui leur incombent ou qui échappent à leur entendement. Si néanmoins, une relation doit avoir du sens, il faut un élément de confiance et d’engagement qui transcende le parti pris personnel, de sorte que même si nous ne saisissons pas totalement le rôle spécifique qui nous a été assigné, notre confiance et notre engagement demeurent inébranlables.
Pour mieux cerner l’idée, définissons le concept de Minyane. Lorsque nos ancêtres furent sur le point d’entrer en terre promise, ils commencèrent à s’agiter. Il y eut des murmures et des grondements. Ils demandèrent à Moché la permission d’explorer la terre. Leur révolte recelait des intentions cachées. Certains s’étaient habitués au confort de la vie dans le désert : la manne qui tombe du Ciel, ne pas se soucier de gagner sa vie. D’autres redoutaient de perdre leurs positions dans la tribu, car une fois installés sur leur propre terre, un royaume serait établi. Et d’autres manquaient simplement d’Emouna, de foi. Moché tenta la psychologie inversée. « Allez-y, allez épier la terre », leur dit-il, pensant que s’il n’émettait pas d’objections, ils se calmeraient et renonceraient à leur projet, ou dans le pire des cas, même s’ils se décidaient à y aller, une fois qu’ils auraient vu la terre, ils en tomberaient amoureux. Douze chefs furent nommés, un par tribu, mais seuls deux d’entre eux, Yéhochoua et Kalev, passèrent l’épreuve et rentrèrent avec un compte-rendu positif. Les dix autres, concédèrent certes que c’était « une terre où coulent le lait et le miel », mais ils y ajoutèrent le terme « mais », qui jeta une ombre négative sur tout. Le terme biblique pour « mais » est « Efess », qui signifie littéralement « zéro », ce qui nous enseigne que le « mais » est une manière polie de dire non. Les dix espions ont fait l’éloge de la terre, mais ont ajouté le « mais », ce qui a réfuté leurs rapports et instillé la peur dans les cœurs du peuple.
Yéhochoua et Kalev ont tenté en vain d’imprégner la nation de courage. En vain tentèrent-ils d’inspirer le peuple à avoir confiance. Un mouvement s’éleva pour retourner en Egypte, et seules les femmes demeurèrent fidèles. Tous ces hommes rebelles périrent dans le désert, et seules les femmes, et bien entendu, Yéhochoua et Kalev, ont eu le privilège d’entrer en terre sainte. Le Minyane, ce rassemblement de dix hommes destiné à sanctifier le Nom de D.ieu, est une forme de Tikoun (rectification) pour cette profanation survenue dans le désert, mais les femmes n’ont pas eu besoin de cette rectification.
Je vous ai certes livré ce background historique, mais le point principal à retenir est celui que j’ai répété sans relâche dans cette série : notre service à D.ieu devient une Mitsva uniquement lorsqu’il reflète Sa volonté, telle qu’elle est promulguée dans la Torah et les enseignements de nos Sages.