Le couple c’est deux personnes qui s’aiment et qui ont décidé de partager leur vie ensemble. Si cet engagement nous parait naturel voire même banal, il n’en reste pas moins qu’il relève du miracle.
Dès le début, les conditions sont symptomatiques : un homme, une femme et on se trouve déjà dans la différence la plus élémentaire. Ajoutons à cela, l’éducation qui varie d’une maison à l’autre, l’expérience de vie de chacun, des repères hétéroclites, des goûts distincts comme le dit l’adage, sans parler de la sensibilité propre à chacun et avec tout cela, on se promet allégeance…
Alors les premières années, nous sommes portés par notre amour encore idyllique mêlé aux hormones de dopamines et d’ocytocines qui assurent notre bonheur, mais avec le temps, les personnalités se percutent et les égos se braquent. Des mots s’échappent plus vite que notre pensée l’aurait souhaité, des rancunes se tapissent sur les parois des cœurs et des sentiments de désespoir remplacent les anciens élans de passion. Les causes de disputes se multiplient et les moments d’allégresse se font plus rares, ce que nous aimions chez l’autre finit par nous agacer.
Vient ensuite l’ère des enfants, elle détourne quelque peu l’attention de l’état de santé du couple pour la rediriger sur eux, mais l’usure se fait juste plus insidieuse.
Sommes-nous tous voués à cela ? À en croire les statistiques de l’Insee, presque la moitié des couples finissent ainsi ; cependant nous autres, les Juifs, ne voyons pas du tout les choses de la même manière…
La Torah dont l’étymologie est « Horaa » - littéralement la conduite à adopter - a dispensé toute une batterie d’enseignements et de moyens à mettre en œuvre pour assurer la pérennité d’un couple ainsi que son bonheur. Cela s’appelle chez nous le Chalom Bayit – la paix dans le foyer. Le premier des enseignements de la Torah relatifs au couple concerne les jeunes mariés mais pas seulement, comme nous le verrons par la suite. Voyons de quoi il s’agit.
Nous connaissons tous l’histoire pour le moins tumultueuse du peuple juif. Depuis son entrée en terre d’Israël sous les ordres de Yéhochoua, jusqu’aux guerres incessantes du roi David, le peuple d’Israël eut inlassablement affaire à la guerre, que ce soit pour conquérir ou se défendre, ce peuple à l’effectif militaire restreint a toujours enrôlé ses membres pour défendre ses frontières, un schéma qui hélas n’a toujours pas changé. On comprend que dans un tel contexte, chaque soldat est précieux à l’armée et qu’il n’est pas question d’exempter qui que ce soit de son devoir de combattre au front. Pourtant, de façon tout à fait inattendue et apparemment inappropriée, la Torah dispense tout jeune marié du service militaire et ce, même s’il supplie l’Etat-major de l’enrôler.
Ainsi stipule le verset : « Quand un homme prendra une femme nouvelle, il ne sortira pas dans l’armée, et on n’imposera sur lui aucune chose, il sera exempté pour sa maison une année, une, il réjouira sa femme qu’il a prise » (Deutéronome 24 :5)
Et même si le brave homme veut aider ses camarades au front de chez lui, la Torah le lui interdit. (Traité Sota p. 44). On pourrait trouver cela inadéquat, surtout au vu de la situation : tout le monde est en guerre, les bombardements fusent de part et d’autre à la frontière et lui « réjouit sa femme » en sirotant un jus de fruit sur une terrasse de café. Tout de même !
Et bien la Torah nous révèle par-là que, à ses yeux, bâtir son couple juif est tout aussi capital que de sauver des vies, car l’un comme l’autre assurent la survie du peuple. L’un de l’intérieur, l’autre de l’extérieur.
Mais il y a plus que cela dans cette injonction de la Torah.
Il est vrai que la spécificité de ce commandement se caractérise lorsqu’on l’oppose au devoir de défendre le pays, mais à y regarder de plus près, cette ordonnance est également porteuse d’un autre message. Dans cette année durant laquelle un homme doit se consacrer au devoir qui lui est assigné de « réjouir sa femme », la Torah entend par là nous faire comprendre que c’est précisément le moment de construire son couple, les sensibilités non pas encore été atteintes par les griefs de la routine, l’amour favorise l’acceptation des faiblesses de l’alter égo, les enfants n’ont pas rempli l’esprit des jeunes parents, c’est le moment pour s’unir, loin de toute occupation et de tout regard étranger, créer une unité qui sera le sol sur laquelle l’édifice de toute une vie se bâtira.
C’est partant de là, que nous pouvons penser à une nouvelle ligne de conduite pour nous autres qui avons raté ou ne jouissons plus des bienfaits de notre première année : LA REFAIRE !
S’efforcer de passer outre les rancœurs et les gênes, mettant un point d’honneur à se réserver des temps seul à seul avec notre conjoint, affairé à le réjouir avec les moyens dont nous disposons, car ce n’est qu’en réinitialisant le tout que nous nous renouvèlerons enfin.