Question
Dans le processus de Téchouva, que faire en premier : abandonner la faute et s'améliorer... ou regretter ses fautes et s'attrister sur celles-ci ?
Réponse
Le Rav Yé’hiel Shlésinger, directeur de la Yéchiva « Kol Torah », traite de cette question à travers un article fameux dont voici les conclusions :
« Il faut en premier lieu abandonner la faute et améliorer sa conduite, précisément en se réjouissant, sans penser à la peine ou à la tristesse que peut provoquer le souvenir du passé. Il convient de se concentrer de toutes ses forces sur la joie d’être libre d’une conduite pécheresse après s’être éloigné de la faute. La douleur que le souvenir du passé peut générer viendra ensuite ».
Il s’explique ainsi : « Si nous cultivons le regret, la douleur et l’angoisse avant de délaisser la faute pendant un certain temps, nous sombrons dans un sentiment destructeur de souffrance vaine. Il nous semble manquer de forces pour pouvoir échapper à la faute puisque nous n’avons à notre actif, hormis l’abandon de la faute, que la tristesse et la douleur. L’homme sera alors dominé par la peine et perdra l’envie de se mettre à l’ouvrage tant il se sentira faible.
C’est pourquoi il s’approchera d’abord de la joie de la Mitsva d’abandonner la faute et de ce fait, il prendra conscience de sa puissance et de son indépendance. Puis il reprendra confiance en lui, en sa capacité de changer complètement son comportement et en concevra une grande satisfaction. Ce n’est qu’ensuite qu’il se concentrera sur le remords et la douleur. A ce moment, ces sentiments ne le feront pas sombrer, mais au contraire, l’élèveront et l’amèneront à aspirer à réparer son passé, à « courir » vers Hachem. Il se sentira si fort d’avoir pu dominer son Yetser, d’avoir vaincu le mal par son libre arbitre, que cette douleur sera éthérée et ne sera pas une souffrance en rapport avec une brisure ».
Les propos du Rav se rapprochent de ceux de Rabénou Yona (Chaarei Téchouva 1er portique, lettre 11) : « L’homme qui est empêtré dans la faute commencera par l’abandonner alors que celui qui faute de façon occasionnelle, et qui se trouve donc dans une certaine aisance par rapport à l’abandon de la faute, doit se précipiter vers le regret puisque cet abandon lui est accessible ».