Nos Sages rapportent (Yérouchalmi Péa 1,1) qu'un roi perse, Artavan, avait envoyé à Rabbi Yéhouda, grand maître et dirigeant juif, une perle de très grande valeur et lui avait demandé de lui faire parvenir en retour un présent équivalent. Ce dernier lui avait transmis une Mézouza. Suite à cela, le roi rétorqua : “Je t’ai offert un cadeau d’une immense valeur, et toi, tu m’envoies un objet coûtant une petite pièce d’un Polar !” Rabbi Yéhouda s'expliqua ainsi : “Tes biens et les miens réunis ne valent rien devant un texte de la Torah. De plus, ta perle exige de ma part une surveillance contre les vols, tandis que mon objet te protégera lui-même !”

Ce monarque perse pensait que le plus important dans ce monde, c’était la richesse, et il souhaitait rivaliser avec Rabbi Yéhouda - qui était extrêmement riche - en lui envoyant une perle inestimable, prouvant ainsi sa supériorité. Mais le grand maître lui transmit en retour une Mézouza pour lui faire comprendre que la véritable réussite est la richesse intérieure que l’on acquiert grâce à l’étude de la Torah, symbolisée par la Mézouza. De plus, comme la Tradition le rapporte, ce parchemin protège celui qui le place à sa porte.

Ce texte ancien est totalement d’actualité, illustrant l’opposition de conceptions entre le monde pratiquant en Israël et celui qui ne l’est pas. Les laïques voient dans l’éducation juive traditionnelle, avec comme étude principale nos textes bibliques et talmudiques, une perte de temps. Ils pensent qu’il faudrait remplacer ces études par des études profanes de haut niveau, permettant l’accès aux grandes universités selon le modèle des pays occidentaux. Ils estiment que l’interdiction d’ouvrir des commerces et de travailler le Chabbath freine le développement économique du pays. Ils refusent l’octroi d’allocations aux familles nombreuses, car cela risque selon eux d’encourager les pères de famille à ne pas s’investir pleinement dans la vie active, surtout s’ils en profitent pour étudier la Torah. Ils insistent aussi pour que les femmes fassent leur service militaire, car on a, selon leurs dires, besoin d’elles dans l’armée.

Mais la tradition juive tient un tout autre langage : “Sur quoi le monde repose-t-il ? Sur la bouche des jeunes enfants qui étudient la Torah avec un cœur pur. Le Chabbath est la source de la subsistance et sa profanation, la cause de pénuries. Chaque naissance nous rapproche de la Délivrance finale. Si ce n’était l’étude continuelle de la Torah, l’Éternel aurait transformé Son monde en tohu-bohu ! Lors des guerres du temps biblique, on conseillait à celui qui avait fauté de retourner chez lui, car ses transgressions créaient des anges accusateurs qui le mettaient en danger. Il ne doit surtout pas y avoir la moindre trace de débauche dans l’armée, car sinon D.ieu retire ‘Has Véchalom Sa protection. D’autre part, la terre d’Israël rejette ses habitants lorsqu’ils transgressent les relations interdites.”

Le peuple hébreu est régi dans sa destinée selon des critères bien différents de ceux des nations, et seule sa fidélité à la Torah constitue le secret de sa survie. Celui qui prétend que les temps ont changé et qu’aujourd’hui, il faut se conformer aux normes de notre époque moderne, se heurte à la réalité inexplicable de la continuité du peuple juif depuis plus de 3000 ans en dépit de tous les ennemis qui ont cherché à le détruire. Seules nos valeurs spirituelles ont pu garantir notre identité et nous protéger, à l’image de la Mézouza fixée à nos portes.

À l’heure où les défis d’Israël se multiplient et où l’État hébreu se retrouve isolé sur la scène politique internationale, entouré d’ennemis qui ne désirent que sa disparition, il est primordial de ne pas se tromper de chemin afin d’assurer notre avenir.