Je suis né dans une famille traditionaliste. Chez nous, le Chabbath se résumait en un programme immuable : Kiddouch-Kémia, couscous, boulettes et télé. Nous étions une famille unie, chaleureuse, avec ses disputes et un très grand cœur. Un seul et unique cœur...Je suis l’aîné de 3 garçons et nous avons eu, mes frères et moi, une enfance ensoleillée et joyeuse, mais malheureusement éloignée de la Torah.
Un jour pourtant, quelques mois seulement avant ma Bar-Mitsva, tout a basculé. Notre joli cocon s’est brisé et notre monde s’est effondré. Ma mère est tombée gravement malade. Ce fut si soudain, si terrible, qu’aucun d’entre nous ne trouva la force d’y faire face.
Nous assistions, impuissants, à sa souffrance et à sa dégradation, désespérés de la voir subir les affres de soins humiliants et douloureux, mais ô combien porteurs d’espoir ! Ce fut dur surtout pour mon père qui devint l’ombre de lui-même et se retrouva incapable de gérer sa propre vie. Nous, les enfants, avons entouré notre mère du mieux que nous pouvions, en tentant de lui mettre du baume au cœur, mais la douleur était insoutenable… et la maison est rapidement devenue lugubre et sinistre.
Le jour où elle fut contrainte de porter un foulard pour cacher sa disgrâce, elle ne cessa de pleurer... Je crois bien que, dans ces moments-là, elle s’adressait à D.ieu, mais elle n’en parlait jamais et ne faisait certainement pas le lien entre ses prières et la pratique des Mitsvot, qu’elle ne connaissait d’ailleurs pas vraiment. Nous sommes donc tous restés ignorants et éloignés du Créateur qui Seul peut apporter la guérison.
Puis un beau jour, ma mère – malgré sa maigreur, son foulard et ses angoisses – décida de retrousser ses manches et de préparer ma Bar-Mitsva.
Elle m’inscrivit au Talmud Torah. Elle y tenait vraiment et, bien sûr, je ne lui aurais rien refusé ! Elle passait des heures au téléphone pour commander le traiteur, la salle, l’orchestre, etc., tout en s’affairant à confectionner un tas de petits fours pour le Kiddouch.
Nous étions tous ébahis de la voir tellement énergique malgré les traitements épuisants qu’elle endurait, et soudain si joyeuse et pleine de vie. Et tout ça, juste parce qu’elle préparait la Bar-Mitsva de son fils aîné ! Sa mère, ma grand-mère, s’en inquiétait grandement et la suppliait de se ménager en déléguant toute l’organisation, mais maman ne voulait rien savoir : elle s’occupait de tout, en chef d’« entreprise » investi et motivé.
La fête fut une véritable réussite, mais elle fut aussi, pour tous ceux qui étaient présents, un évènement extraordinaire, une magnifique leçon de morale, qui resta gravée dans les mémoires, même après plus de 30 ans.
Tous nos proches connaissaient la situation. Ma mère aurait pu choisir de vivre cet évènement en stricte intimité, afin de ne pas subir de questions ou de regards compatissants, mais elle fit fi de sa souffrance pour se donner entièrement à ceux qu’elle aimait plus que tout : ses enfants.
Elle accueillit les invités avec mon père, qui avait retrouvé des forces depuis la métamorphose de ma mère. Tous deux postés à l’entrée, ils reçurent chacun avec un sourire authentique et une joie véritable dans le cœur. Ma mère se conduisit comme une reine, digne et éblouissante. Elle avait tout mis de côté, sa maladie et son désespoir, pour redevenir une maman rayonnante, au point de nous faire oublier sa maladie le temps d’une soirée. La joie inondait la salle, nous étions heureux. Des Rabbanim prononcèrent des paroles de Torah tout en adressant des louanges à mes parents exceptionnels, les larmes coulèrent à flots, personne n’aborda le sujet, mais tous constatèrent l’incroyable abnégation de ma mère. Sans discours, sa conduite nous offrit le meilleur exemple d’amour de l’autre.
Le temps passa et grâce à D.ieu, ma mère guérit. Petit à petit, nous retrouvâmes une vie normale et heureuse. Toutefois, nous gardions en nous une force et une profondeur que seules les personnes ayant traversé une telle épreuve peuvent ressentir.
Les années passèrent, il y eut d’autres Bar-Mitsvot, et puis vint le temps des mariages. Mes frères et moi souhaitions épouser des femmes juives et, Baroukh Hachem, au cours de nos études respectives, nous sommes restés des jeunes hommes sages qui eurent la chance de nous marier jeunes.
Nous avions tous trois de bonnes situations, de bonnes épouses, de beaux enfants, mais nous avions oublié, semble-t-il, quelque chose d’essentiel lors de la maladie de ma mère et il fut décidé d’En-Haut que je devais subir une nouvelle épreuve douloureuse pour m’en rappeler…
Ma femme et moi connaissions le bonheur d’avoir deux enfants magnifiques qui nous comblaient de joie et nous attendions l’arrivée du troisième. Lorsque les signes annonçant l’imminence de l’accouchement se déclenchèrent, je déposai vite les enfants chez mes parents pour conduire ma femme à l’hôpital. Elle fut reçue rapidement en salle d’accouchement. Tout s’annonçait pour le mieux quand soudain, la situation a dérapé.
Les médecins me demandèrent de sortir en urgence, sans me fournir la moindre explication, sans me dire ce qu’avaient vu la sage-femme et l’équipe médicale. J’entendis seulement les bip-bip qui s’affolaient sur l’écran de l’ordinateur et je pris soudain conscience, avec effroi, que ma femme semblait subitement endormie. On m’éjecta de la salle et je me retrouvai dans la salle d’attente complètement désemparé et terrorisé, sans savoir vers qui me tourner.
J’étais dans le couloir, perdu, sans réaction, et visiblement livide ou tremblant – ou les deux à la fois –, parce qu’un homme vint me prendre le bras pour me faire asseoir.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? me demanda-t-il.
Il avait une longue barbe et une grande Kippa noire et, sans que je ne sache vraiment pourquoi, cela me rassura et m’inspira confiance.
- Ma femme… elle est en train d’accoucher et je ne sais pas pourquoi, tout le monde a paniqué et m’a fait sortir… balbutiai-je.
- Ne vous inquiétez pas, me dit-il, ça va aller.
Et il me tendit un petit livre en hébreu en me disant :
- Lisez ça maintenant, sans vous arrêter et ça ira, si D.ieu veut.
J’avais quelque peu oublié mon hébreu depuis ma Bar-Mitsva, mais j’avais quand même assez de notions pour déchiffrer ce qui était écrit sur la couverture du livre : Téhilim du Roi David. J’avais toujours entendu que ce livre était un baume pour les blessures de tous ceux qui le lisaient et qu’il pouvait susciter des miracles. Aussi, je me suis mis à lire, lire, lire…, les yeux rougis par des larmes brûlantes. Soudain, j’ai ressenti un élan intérieur et je me suis adressé à Hachem « en direct » :
- « Pourquoi, mon D.ieu ? Pourquoi ? Tu as failli prendre ma mère il y a quelques années, et maintenant, Tu veux prendre ma femme ?... J’éclatai en sanglots.
- Pourquoi ? Qu’est-ce que je T’ai fait ? Je T’en supplie, aie pitié de moi ! Je n’aurai pas la force de subir une telle épreuve ! Ne me la prends pas ! D.ieu, Toi qui es là quelque part je le sais, réponds-moi ! Je suis prêt à tout faire pour que Tu lui laisses la vie sauve, tout, Tu m’entends ? Dis-moi seulement ce que Tu veux ! Qu’est-ce que Tu attends de moi ?
Toutes les personnes présentes dans la salle entendirent ces paroles et se tournèrent vers moi avec émotion. Celui qui m’avait prêté le livre de Téhilim revint me parler en me prenant la main :
- Ne vous inquiétez pas, tout ce qu’Il fait est pour le bien.
Et, avec les larmes aux yeux lui aussi, il m’a pris dans ses bras comme si j’étais son frère. Nous avons pleuré ensemble et nous avons supplié D.ieu d’épargner ma femme. J’entendais ses cris derrière la porte close. C’était atroce et pourtant, avec cet homme à mes côtés, je reprenais espoir.
Finalement, je me suis calmé, et nous avons lu les Téhilim. À un certain moment, il s’est levé pour me chercher un verre d’eau. Voyant que je ne connaissais pas les Brakhot, il m’a fait répéter après lui : « Baroukh ata Ado… Élokénou mélekh ha'olam chéhakol nihia bidvaro », « Béni sois-Tu, Éternel, Roi de l’Univers, car tout a été créé par Ta parole ».
J’ai répété la bénédiction, parfaitement conscient que D.ieu attendait désormais certaines choses de moi, puisque je venais de Lui affirmer être prêt à tout pour sauver ma femme.
Et quelque chose d’extraordinaire s’est passé : au moment où j’ai prononcé cette Brakha et bu une gorgée d’eau, je me suis senti soudain différent, apaisé, comme rempli du sentiment d’avoir enfin rempli un devoir que j’aurais dû accomplir il y a bien des années.
Alors, mon ami, mon frère, mon ange gardien, qui restait là, à mes côtés, me parla avec beaucoup de délicatesse et m’expliqua que ce qu’Hachem attend de nous est écrit dans la Torah et qu’Il nous l’a donnée des milliers d’années auparavant sur le mont Sinaï. Il suffisait de s’y référer pour connaître Sa Volonté et être ainsi quittes de nos obligations.
Je ne savais rien ou presque de la Torah, ma femme non plus, et nous n’étions déjà plus si jeunes. Il me rétorqua qu’il n’y avait pas d’âge pour faire ce que l’on doit faire et que si, à l’instant même, je prenais quelque chose sur moi, il était certain que la Clémence Divine pourrait beaucoup plus aisément s’exprimer.
- Mais qu’est-ce que je peux faire ?
- Dites merci chaque fois que vous le devez.
- Comment ?
- En disant les Brakhot avant et après manger et aussi chaque fois que vous sentez que c’est nécessaire. Par exemple, vous avez dit tout à l’heure que votre mère a failli partir il y a quelques années, c’est donc qu’elle est vivante aujourd’hui, mais avez-vous seulement pensé à remercier D.ieu pour ce cadeau inestimable ?
Je restai sans réponse, abasourdi. C’était tellement vrai ! Nous avions été témoins d’un miracle puis nous avons vécu en recevant sans cesse des cadeaux, croyant gentiment en D.ieu (l’existence d’un Créateur, à l’origine de ce monde de merveilles, était pour nous une évidence), mais avions nous pensé ne serait-ce qu’un instant à Le remercier de toutes Ses bontés. Jamais. Oui, me plaindre, ça je savais très bien le faire, mais Le remercier d’avoir sauvé ma mère… !
L’homme reprit la parole :
- Vous savez, parfois, ce n’est qu’une toute petite chose qu’Hachem attend de nous. Il ne faut pas s’affoler ; peut-être que dans votre cas, Lui dire merci suffira. Essayez, qu’avez-vous à perdre ?
Et, contre toute logique – alors que je ne connaissais rien de ce qui m’attendait dans les heures à venir et que le pire risquait de m’être annoncé –, touché par les paroles de cet inconnu qui m’obligeaient à reconnaître qu’effectivement, je n’avais pas remercié Hachem d’avoir épargné ma mère, j’ai dit : « Merci mon D.ieu ».
À l’instant même, la porte de la salle d’accouchement de ma femme s’ouvrit et une infirmière m’annonça :
- Félicitations, c’est une fille ! Et tout le monde va bien. Je restai coi, pétrifié comme une statue. Toutes sortes d’émotions se bousculaient en moi et je n’étais pas certain d’avoir bien entendu l’heureuse nouvelle, mais mon ange gardien vint me serrer la main en me souhaitant « Mazal Tov ! Mazal Tov ! » avec exaltation – ce qui eut pour effet de me faire reprendre mes esprits sur-le-champ. Je m’empressai de rentrer dans la salle où ma femme, pâle et faible, m’attendait toute souriante.
Je la félicitai et pris le bébé dans les bras, un peu sonné, mais émerveillé.
- Que s’est-il passé ?
Elle répondit que l’enfant était extrêmement mal engagé alors que la césarienne n’était plus envisageable, ce qui avait entraîné un début d’hémorragie. Je surmontai mon trouble pour lui raconter à mon tour ce qui m’était arrivé dans la salle d’attente et comment, à l’instant même où j’avais dit « merci », le malheur semblait s’être évaporé.
Malgré ma confusion, je trouvai les mots pour la réconforter et me délectai des premiers instants avec mon bébé dans les bras, puis une infirmière vint nous chercher pour nous conduire dans une chambre. Et là – c’était vraiment trop beau pour être vrai ! – je me retrouvai une fois de plus avec mon ange gardien dont la femme venait également d’accoucher et qui se retrouvait dans la même chambre. C’est ainsi que nous sortîmes tous deux au même moment de l’hôpital et qu’une grande histoire d’amitié commença.
Nous échangeâmes nos numéros de téléphone respectifs, chacun devant aller organiser mille et une choses de son côté, et nous nous quittâmes chaleureusement.
Quelques jours plus tard, il m’appela et nous invita ma femme et moi à la Brit-Mila de son fils, le huitième enfant d’une magnifique famille. Sans hésiter, je décidai de m’y rendre seul, ma femme étant trop fatiguée et occupée avec Léa, notre petite dernière, pour m’accompagner.
Quelque chose en moi avait changé. J’avais pris conscience que D.ieu existait concrètement et que l’on pouvait communiquer avec Lui ! Ce n’était plus une simple abstraction qui dirige le monde et que l’on perçoit comme bienveillant parce que nos mères nous l’ont enseigné. C’était réel !
D.ieu était devenu comme un « ami » proche, le meilleur ami du monde ! Et je sentais un besoin irrépressible de me rapprocher plus encore de Lui. Je comprenais désormais combien Il m’avait chouchouté toute ma vie, et combien Il veillait sur chacun d’entre nous, à tout instant. Ma femme avait été sauvée d’un grand danger durant son accouchement, et j’ai même appris par la suite que le bébé également avait failli ne pas survivre.
Aujourd’hui, je suis certain, sans l’ombre d’un doute, que ma prière sincère ainsi que mes remerciements tardifs – mais spectaculaires vu le moment de détresse durant lequel je les ai formulés – ont créé une connexion nouvelle entre D.ieu et moi. Je l’ai vécu dans ma chair, c’était comme s’Il s’était dévoilé à moi en cet instant, de la même manière qu’Il s’était dévoilé à mes Pères, quelques milliers d’années auparavant, sur le mont Sinaï.
Pour toutes ces raisons, je me devais d’aller à cette Brit-Mila, je sentais que je devais à présent côtoyer de près une personne religieuse qui puisse répondre à mes nouvelles questions.
Je me rendis à l’évènement, aux premières heures du matin, dans une petite synagogue du 19ème arrondissement parisien. Je fus grandement impressionné par toute la modestie qui régnait. Comme était loin le monde du clinquant, de l’argent, du luxe et de la bêtise… Là, tout était vrai, simple, incroyable ! Comment un tel monde pouvait-il exister si près de moi, sans que j’en aie seulement soupçonné l’existence durant tant d’années.
Mon ami me reçut avec une joie sincère. Je ne vis pas la maman, car les hommes étaient complètement séparés des femmes et qu’elles ne regardaient pas de notre côté durant la cérémonie. La discrétion incarnée !
Cette Brit-Mila fut la plus merveilleuse à laquelle j’ai assisté. Le Sandak tout vêtu de blanc – on aurait dit un ange – ne cessait de prier, puis, lorsque tout fut terminé, il bénit ceux qui le lui demandaient. J’appris que c’était un grand Rav et mon ami me conduisit vers lui afin de demander une Brakha. Me tenant devant lui, je me sentis terriblement ému et gêné, et je ne sus quoi dire, mais le saint homme eut un mot amical et il m’apaisa en me parlant comme si l’on se connaissait.
- Tu es un ami d’Avraham ? me demanda-t-il.
- Oui.
- Tu souhaites sans doute une bonne santé pour toi et tous les tiens ?
- Oui - Tu connais le mot Mazal ?
- Comme dans Mazal Tov ?
- Oui. En connais-tu la signification ?
- Une bonne fortune ? tentai-je après une courte hésitation.
- C’est ça, une bonne fortune. Eh bien, sache que tu peux jouir d’une bonne fortune en un instant si tu le souhaites, simplement en te faisant appeler par ton prénom juif. Quel est-il ?
- Its’hak.
- Eh bien, Its’hak, Mazal Tov et puisse le Boré 'Olam, le Créateur du monde, te donner une parfaite santé à toi et tous les tiens jusqu’à 120 ans !
- Merci.
Il me fut difficile de contenir mon émotion.
Comme pour venir à mon aide, mon ami me conduisit ensuite au buffet où tout était tellement et incroyablement simple ! Nous avons pris chacun une assiette en plastique et des couverts. Nous avons également pris du pain et mon ami a tenu à ce que l’on fasse Nétilat et Hamotsi ; j’apprenais comment procéder en même temps qu’il me disait quoi faire. Un bout de charcuterie, des cornichons et d’excellentes salades faites maison par les femmes de la famille et les amies du quartier : voilà un magnifique festin.
C’était bon, sobre et authentique. Nous avons parlé tous les deux comme des amis de longue date, alors qu’en général, durant ce type de festivités, on parle de tout et de rien et surtout de rien – on sert des mains, mais on ne rencontre véritablement personne. Là, tout était différent. Je me régalais physiquement et spirituellement !
Je lui ai raconté ce que je vivais intérieurement, par rapport à mon contact nouvellement établi avec D.ieu. Il m’écouta attentivement et me dit qu’il souhaitait nous inviter pour un Chabbath en m’annonçant que ma vie allait changer.
Je passai donc un moment exquis en sa compagnie, puis me rendis ensuite à mon travail, empli d’une lumière inconnue jusque-là.
Pendant les jours et semaines qui suivirent, j’appelais souvent Avraham et je lui posais toutes sortes de questions pour savoir comment sentir D.ieu, comme durant « l’incident » de la clinique ; il me guida.
Je ne parlais pas vraiment de tout cela à ma femme, pensant qu’il était préférable d’acquérir moi-même de bonnes bases de judaïsme afin de pouvoir, le moment venu, la convaincre de me suivre dans la nouvelle voie que j’avais décidé d’emprunter. Simplement parce que je ne pouvais pas ne pas l’emprunter !
L’image de ma mère au moment de ma Bar-Mitsva ne cessait de tourner dans mon esprit, comme si cet évènement avait un lien particulièrement fort avec ce retour à la religion, que je devais effectuer presque malgré moi.
Je me suis mis à parler à D.ieu tout le temps. Je Lui demandais ce qu’Il attendait de moi, qu’Il m’aide à trouver les bonnes personnes pour renforcer le contact entre nous, qu’Il m’aide à parler à ma femme de ce retour stupéfiant et qu’elle veuille bien me suivre, etc. Je Lui demandais tout, à chaque instant de ma nouvelle vie, et j’étais heureux ! Heureux comme jamais auparavant. J’étais d’une nature plutôt anxieuse et des angoisses me tourmentaient sans cesse auparavant, surtout au moment des accouchements. Ma femme est une personne adorable avec un très grand cœur, mais les naissances étaient éprouvantes pour elle et chaque fois, j’avais l’impression de devoir porter seul la vie de tous les miens. Cela pesait lourd, trop lourd pour moi et je perdais pied.
Mais cette fois-ci, c’était différent. Je découvrais un nouveau monde et c’était plus fort que pour Colomb découvrant l’Amérique ! C’était étourdissant, parce que cela touchait à l’éternité, au sens de la vie à laquelle je n’avais jamais vraiment cherché de sens, mais qui m’avait en fait toujours posé problème.
Le temps passa et je pris sur moi de commencer à respecter Chabbath : je récitais le Kiddouch, honorais les trois repas, allais à la synagogue à pied, et surtout, j’avais arrêté de travailler ce jour-là. Ma femme ne posa pas vraiment de questions, mais je sentis qu’elle approuvait mes décisions.
Un jour, nous avons parlé et je lui ai expliqué où j’en étais dans la vie et combien je me sentais bien. Elle m’a alors répondu qu’elle avait perçu un bouleversement en moi sans comprendre de quoi il s’agissait et qu’elle avait conscience que je me dirigeais dans la bonne direction. Nous avons continué progressivement ensemble, nous avons passé des Chabbatot mémorables chez Avraham et sa famille, nous avons ressenti la lumière de la Kédoucha comme nulle part ailleurs. Et nous sommes restés éblouis jusqu’à aujourd’hui, 15 ans plus tard, par l’intensité de la relation que nous entretenons avec notre Créateur, grâce aux Mitsvot.
Nous avons depuis intégré parfaitement que le seul vrai moyen de communication avec Lui, et la seule voie pour nous blottir contre Lui, est de réaliser Sa volonté en pratiquant la Torah sans concessions.
Pour cela aussi, je Lui dis… Merci.