Il est important de remarquer que tout comme il est interdit de voler un Juif, on ne peut voler un non-Juif. Ceci inclut le fait d’acquérir son bien ou son argent par des moyens immoraux et mensongers.
Il est strictement interdit d’éviter de payer les frais exigibles par une institution par des moyens malhonnêtes. Par exemple, dans de nombreux endroits, comme des zoos et des parcs d’attraction, le prix d’entrée est moins élevé pour des enfants d’un certain âge. Il est interdit de mentir au vendeur de billets en affirmant qu’un enfant est plus jeune que son âge réel dans le but de payer un prix inférieur.
De même, des employés dépensent souvent l’argent de leur organisme à des fins personnelles. Un employé souhaite par exemple ajouter des dépenses fictives à sa facture, dans le but de gagner plus d’argent. Cette manière d’agir est bien entendu interdite.
Dans certains cas, on peut avoir recours aux services d’un ami pour nous aider à gagner de l’argent ou à en économiser de manière malhonnête. Exemple : si quelqu’un possède une carte d’une association automobile qui lui permet de recevoir un service de remorquage gratuit ; on n’aura pas le droit d’utiliser la carte de notre ami dans le but de bénéficier de ce service gratuit. De plus, si un ami nous a donné la carte, il transgresse l’interdit de « placer un obstacle devant un aveugle. »[2] Cette Mitsva nous interdit d’aider quelqu’un à fauter ou à être responsable de sa faute. Dans ce cas, le propriétaire de la carte permet à son ami de voler les frais de remorquage qu’il aurait dû payer.
C’est également du vol de mentir sur sa santé dans le but d’obtenir plus d’argent de l’assurance. En conséquence, par exemple, on ne pourra pas mentir sur son poids réel, ou nier qu’on a de mauvaises habitudes, comme le fait de fumer des cigarettes.
Un autre exemple de vol par des moyens illégaux a lieu lorsqu’un professionnel ment à son client sur les heures de travail qu’il a effectuées pour un travail spécifique. Par exemple, un avocat peut facturer son client à l’heure et prévoir que son travail prendra un minimum de 20 heures. Mais en réalité, ce travail ne lui prend que 4 heures. Il peut tenir le raisonnement qu’il peut affirmer au client avoir travaillé 20 heures, en estimant que le client était prêt à payer ce montant. Or, c’est une justification totalement incorrecte et l’avocat est coupable de vol.
Autre question fréquente : quelle est la règle lorsque de l’argent ou de la marchandise est restitué par erreur ? La personne a-t-elle le droit de garder l’argent sans avertir la société ou l’individu de son erreur ?
Le Talmud nous apprend que le fait de négliger de rendre de l’argent donné par erreur est interdit par trois commandements de la Torah. L’un d’eux est l’interdiction de tromper. Les deux autres commandements sont liés à l’obligation de restituer des objets perdus : de l’argent ou des objets rendus par erreur entrent dans cette catégorie d’objets perdus qui doivent être restitués.[3]
Il y a de nombreuses discussions autour du concept de restituer de l’argent rendu par erreur par des non-Juifs, ce qui est au-delà des objectifs de cet article.[4] Il est néanmoins important de relever qu’il est fortement recommandé de toujours adopter une approche qui prend en considération le regard du monde qui observera soigneusement les actions d’un Juif en termes de finances. En étant scrupuleusement honnête, un Juif produit un Kiddouch Hachem (sanctification du Nom divin), où les gens peuvent observer la conduite vertueuse du peuple juif. En revanche, adopter une attitude trompeuse produit un ‘Hiloul Hachem (profanation du Nom de D.ieu).
Rav Pinchos Bodner relate l’histoire suivante qui montre l’importance d’être honnête et la manière dont nous sommes perçus par le monde autour de nous.
Rav Yaakov Kaminetsky zatsal[5] relate que lorsqu’il était Rav en Lituanie avant la Seconde guerre mondiale, un résident de sa communauté lui posa une question. L’homme avait acheté des timbres à la poste locale et avait reçu plus de timbres que l’argent qu’il avait donné. Pour un homme d’une telle pauvreté, les timbres supplémentaires n’étaient pas une bagatelle. Néanmoins, Rav Kaminetsky soupçonna que l’employé de la poste testait peut-être le Rav. Ce soupçon se confirma quelque temps plus tard lorsque l’employé lui rendit trop de monnaie. Le Rav lui rendit l’argent supplémentaire. De nombreuses années plus tard, à l’arrivée des Nazis qui détruisirent la communauté juive, le Rabbi apprit que cet employé avait sauvé de nombreux Juifs, certifiant qu’il avait testé tout le monde pour s’assurer de leur honnêteté, et que les seules personnes fiables avaient été les Juifs !
Ceci nous enseigne qu’outre l’obligation d’être honnête et d’éviter le vol, un Juif doit être extrêmement vigilant dans le but de produire un Kiddouch Hachem.
[1] Une bonne partie des informations de cet article sont extraites de l’ouvrage Halachos of other people’s money, du Rav Pinchos Bodner.
[2] Parachat Kédochim 19 :14.
[3] Voir Guémara Baba Métsia 26b.
[4] Voir Rav Pinchos Bodner : Halachos of other people’s money, p. 5-51 pour approfondir sur ce sujet.
[5] Il était l’un des Rabbanim dirigeants dans le monde dans la seconde moitié du 20ème siècle.