Certaines choses sont exclusivement made in Israël. On peut dire sans se tromper qu’elles n’existent nulle part ailleurs dans le monde. Le Gma’h (prêt gratuit, à but non-lucratif), on connaît : d’argent, de tétines quand on ne trouve plus celle de bébé qui hurle à 2h du matin, de robes de mariée, de services d’avocat ou de notariat gratuits, de coussins de Brit-Mila, de tondeuses à gazon, de sécateurs, de perceuses, de salles de fêtes, de repas pour accouchées et démunis, de médicaments, etc. On trouve tout en Israël en matière de prêt gratuit, et ces organismes sont même dans les pages du bottin car ils font désormais partie du paysage israélien. Et si ils sont prodigués en général par le public religieux, ils sont ouverts à tous : arabes, juifs, laïcs, orthodoxes, hommes, femmes, riches, pauvres, on ne vous demandera jamais un justificatif pour vous prêter quoi que ce soit ; le Gma’h, c’est le don gratuit à autrui, selon la conception de notre père Avraham.

Un des Gma’him les plus prestigieux est sans doute celui du rav Firer qui gratuitement, dirige un malade vers le médecin ou le spécialiste le plus adapté à son cas, lui évitant les labyrinthes enchevêtrés du corps médical, en Israël et dans les hôpitaux du monde entier.

Pauvre et en mauvaise santé… 

L’écrivain Romain Gary, alias Émile Ajar, deux fois prix Goncourt, écorché vif, héros de guerre, observateur fasciné et désespéré de la condition humaine, dans son roman “La Vie devant soi”, fait parler son héroïne Madame Rosa, une femme dévastée par la vie, par la déportation, trop bonne, trop juive.

héroïne Madame Rosa

Gary lui met en bouche cette réplique terrible : “Quand on a été malheureux, il va aussi falloir payer pour ça…” Comme si le malheur en soi ne suffisait pas, mais qu’il fallait parfois aussi le payer par une situation économique, psychologique et sanitaire désastreuse. 

Gary qui a toujours revendiqué son identité juive est laïc, et malgré sa sensibilité et sa profondeur, ne peut expliquer le destin des êtres que comme un ballottement incompréhensible, où l’on a tout intérêt à être né riche et en bonne santé, faute de quoi, il ne nous reste plus qu'à « trinquer… ». Gary est perdu, sans escape, dans l’absurde du hasard, comme d’ailleurs sa triste fin le laisse entrevoir. 

écrivain en noir et blanc

Le Juif croyant, lui, regarde chaque destin à la verticale, acceptant avec humilité que les données de chacun s'inscrivent dans les desseins du Saint-Béni-Soit-Il, et fassent partie de mystères qu'on ne peut décrypter. En effet, impossible de renier que les défis de la vie seront différents pour quelqu'un qui naît en bonne santé ou avec un handicap, de même que pour quelqu’un qui aurait vu le jour en 1935 dans une famille juive de Berlin, ou 30 ans plus tard, en plein baby-boom dans le confortable occident des sixties.

Le laïc, lorsqu’il aide les démunis, les faibles, les laissés-pour-compte, veut entre autres réparer une injustice du destin, et rétablir un équilibre qui, pour une raison absurde et révoltante à ses yeux, a si mal distribué les cartes ; le croyant, lui, accepte les données et travaille en partenariat avec le Très-Haut, Lui “servant” de mains, de canal d’action ici-bas, ayant pour ainsi dire reçu Sa Procuration pour améliorer et même changer certaines conditions de départ ou accidents de parcours chez son prochain.

L’homme prend dans cette optique une part dynamique à l’œuvre de D.ieu, qui lui laisse la possibilité de parachever Son monde. Quelle posture vertigineuse est donnée à l’être humain !

Les Mains de Ya'acov

C’est dans cette optique que l’association Yadaïm (Mains) est née.

Yaïr Meïr, 73 ans, diplômé du Mahon Lev, institut technologique religieux à Jérusalem, a travaillé 40 ans dans le développement d’appareillage pour Chabbath. Alors qu'il cherchait un bénévolat qui donnerait un goût à sa retraite, il a appris l’existence d’un Gma’h très spécial fondé par David Moses, à la mémoire de son grand-père rescapé de la Shoah   constitué d’une équipe de “pros’” des métiers du bâtiment, prêts à donner quelques heures de leur temps, une fois par semaine ou par mois, pour retaper le logement de personnes âgées, handicapées, démunies, femmes seules, veuves etc.

peintres

Yaïr s'occupe de la logistique, des fonds à lever, du contact avec les organismes sociaux qui connaissent des familles dans le besoin, de l'achat des matériaux et met souvent lui aussi la main… au plâtre.

La sympathique équipe arrive sur place, constituée de peintres, plombiers, menuisiers, électriciens et après avoir estimé l’étendue des réparations à effectuer, ils vont transformer parfois en quelques jours un logement lugubre, une plomberie défectueuse ou un mur noir d’humidité, en un chez-soi vivable, clair et agréable. Leur salaire ? De voir les yeux émerveillés des locataires lorsqu'ils découvrent leur maison comme jamais ils ne l'auraient rêvée.

Une idée simple, une bonne volonté immense, un don de son temps et de ses qualifications pour le plus grand bonheur de familles à qui ces rénovations vont rendre bien plus que le sourire… parfois l’espoir.

plombierplombier

Des lettres de remerciement affluent et Yadaïm, depuis 10 ans d'existence, a déjà retapé plus de 300 appartements.

Ces envoyés du Ciel, qui dernièrement ont mis à neuf la demeure d'un couple d’aveugles, font leur besogne avec simplicité et dévouement.

Leur mail et numéro de téléphone sont accessibles à toute personne dans le besoin.

Que les Mains qui font ce travail soient bénies pour toujours, et ne connaissent jamais le besoin. Amen Véamen.