Madame Zilber frappa de la canne qu’elle tenait dans sa main et d’une voix étouffée continua sa déclaration personnelle :
« Lorsque j’étais jeune fille et n’avais que dix-neuf ans, j’attendais avec impatience le moment où je me marierai… Mariée, je languis celui où j’aurai un enfant… Quand il naquit, je priais instamment qu’il grandisse… Arrivé à ce moment, je me préoccupais qu’il ne soit pas encore marié… Quand il le fut, je fus pressée qu’il ait à son tour un enfant…
Je suis arrivée à l’âge de quatre-vingt dix ans et j’ai passé ma vie à constamment attendre l’étape suivante avec impatience.
Je n’ai jamais aimé le présent. Je n’en ai jamais profité. »
Il serait triste de devoir faire ce constat à l’âge de quatre-vingt dix ans… Il vaut mieux arrêter ce processus le plus prématurément possible et saisir vigoureusement le moment présent.
Il faut exploiter chaque instant, bref ou long, utiliser les difficultés quotidiennes pour progresser et agir et faire de la vie un temps pour s’épanouir et grandir.
Il ne se passera pas beaucoup de temps jusqu’à ce qu’une jeune enfant nous aborde et nous demande d’une voix admirative : maman, comment fais-tu pour dessiner de si beaux cercles de la vie ?
Alors nous la prendrons dans les bras, l’installerons près de nous et nous lui conterons à elle-aussi l’histoire de la vie…
L’accouchement, un tremplin pour l’épanouissement
L’un des évènements les plus merveilleux, que chacune de nous souhaite vivre, est l’accouchement.
Il requiert une grande préparation et des efforts épuisants, est la source de nombreuses inquiétudes et de prières, est douloureux, tourmente – mais en fin de compte, il laisse derrière lui une femme comblée : un petit être est blotti dans ses bras.
L’accouchement nous apprend à nous armer de patience, à supporter la douleur, à affronter les difficultés - et à faire des concessions.
Et lorsqu’on se rétablit, on se découvre des forces nouvelles dont on n’avait jamais soupçonné l’existence : une tendance à donner qui a grandi et un cœur qui regorge davantage d’amour.
L’accouchement peut se comparer à la vie elle-même.
Au cours de ton existence, tu passes par un processus d’accouchement de toi-même – ta personnalité se construit et nait de nouveau.
Cette évolution demande des efforts et peut même parfois être douloureuse – mais au bout du chemin, tu t’en retrouves grandie, tu es devenue une vraie mère juive.
Si tu réussis à vivre comme il se doit, à proximité d’Hachem, tu mériteras que toute ton existence soit une naissance…
A ce sujet, nos Sages ont dit (Rachi sur Béréchit 23, 1) : « Les années de vie de Sarah, toutes égales pour le bien » - toute la vie de Sarah Iménou était bonne, chaque période avait été exploitée pour progresser, pour s’épanouir et s’améliorer – et à la fin, elle parvint à la perfection.
Ton libre-arbitre
De nombreux ouvrages de psychologie moderne sont basés sur une exploration du passé et une localisation des impulsions qui forcent l’homme à agir en fonction de son passé.
Toutefois, d’après la conception du judaïsme, l’homme n’est pas contraint de faire quelque chose. A tout moment, il dispose de son libre-arbitre – il peut choisir, décider, changer et modifier tout le déroulement de son existence.
La vision d’une pierre que l’eau avait creusée a transformé la vie de Rabbi Akiva et lui a fait comprendre que même de minuscules gouttes avaient le pouvoir de créer une grande cavité.
Cette conception est la pierre angulaire de la construction personnelle – encore une goutte d’effort, encore une expérience de la vie, encore une autre occasion de se retenir sculptent ta personnalité et font de toi une ‘grande’ femme.
Dans la prière qui accueille le Chabbath, nous disons : « Secoue ta poussière, lève-toi ! Revêts tes habits de splendeur, ô mon peuple ! » Quand une poule se salit avec de la poussière, il est impossible de la nettoyer en tapotant ses ailes ou en les brossant ; cependant, quand elle se lève et se secoue elle-même, en un instant elle se retrouve complètement propre.
Commence à secouer tes ailes ! Scrute le déroulement de ton existence, arrête un bref instant la course de la vie qui t’empêche d’ouvrir un œil observateur et de mener une réflexion nouvelle.
Tu seras étonnée de découvrir que ta vie est merveilleuse et qu’au-delà de ton propre horizon, il y en a encore bien d’autres – qui sont encore plus parfaits et te hissent vers la grandeur.