Mia dirige sa maison d’une main de maître.
Dans son échelle de valeurs, elle a placé au sommet son mari et ses enfants.
Son conjoint est comme un roi dans sa cour. Chaque matin l’attend un bon repas nourrissant, ainsi qu’une épouse fraîche et disposée à se dévouer pour lui. L’après-midi, l’histoire se répète, ainsi que chaque soir. Il n’a quasiment pas besoin de participer à la gestion du foyer.
L’intérieur de Mia est soigné et très ordonné, toutefois, elle réussit à garder l’équilibre requis lorsqu’il y a des enfants et « ne sort pas de ses gonds » lorsque quelque chose se salit…
Ses repas sont variés et équilibrés, son linge est plié et repassé avec soin, les armoires de vêtements et de jouets ont droit à un rangement complet hebdomadaire et paraissent harmonieux, pas un document ne reste sans être classé…
Cent pour cent de réussite.
Du matin au soir, elle donne, sa vie entière tourne autour de cette propension infinie à donner. Cela fait longtemps qu’elle ne réfléchit plus en fonction de sa volonté et qu’elle n’essaie plus de se préoccuper d’elle-même. Elle est entièrement dévouée aux siens. C’est la raison pour laquelle elle fut saisie d’un grand étonnement ce jour-là.
Cela se passa lors d’un repas de Chéva Brakhot qu’elle avait organisé chez elle en l’honneur de sa jeune sœur. La joie était à son comble et tout le monde loua les capacités de cette maîtresse de maison hors pair. Alors, l’un des orateurs se leva et lui donna un nouveau regard sur sa vie.
Le Rav expliqua le rôle du mari et de la femme dans le foyer. Mia tendit une oreille extrêmement intéressée. Et à sa grande surprise, le Rav conclut clairement que l’homme représentait la vertu de « ’Hessed », de la bienfaisance, dans le foyer tandis que la femme en était la réceptrice, de manière restreinte, en fonction de ses moyens.
« Je ne comprends vraiment pas », dit-elle plus tard à son mari, « La femme est celle qui donne dans le foyer, elle prépare tout en faveur de son époux, elle peine du matin au soir pour satisfaire sa volonté et gérer toute la maison comme il faut, à son goût à lui, pourquoi est-elle considérée comme celle qui reçoit ? »
« Dis-moi franchement », poursuivit-elle, « qui dans ce foyer donne le plus ? Toi ou moi ? »
Concrétiser
De nombreuses forces existent potentiellement dans le monde et le rôle des hommes est de leur donner corps. Une graine renferme un potentiel formidable, un arbre entier s’y trouve dissimulé. L’homme n’a qu’à l’enfouir dans la terre, l’arroser, mettre de l’engrais et maintenir de bonnes conditions, pour qu’un grand arbre pousse.
Il y a dans une liasse de billets un pouvoir financier extraordinaire. Un homme peut transformer ce tas de papier en une maison, des meubles, des vêtements et de la nourriture et concrétiser cette force qu’ils renferment.
De même, un assortiment complet de fondements spirituels existe dans chaque foyer, une juste vision de la vie, de la spiritualité, des vertus, de la Torah, de la bonté, etc.
Afin que tout ce potentiel éclose dans l’univers, cela requiert un vrai travail, et c’est là précisément que se situe ton rôle. Convertir ces capacités latentes en réalités palpables.
« Quelqu’un » doit faire de ce foyer un endroit géré d’après une bonne conception des choses, « quelqu‘un » doit placer la Torah que le mari apporte à la maison, au sommet. « Quelqu’un » doit veiller à ce que la crainte du Ciel qui anime le mari palpite dans l’air du foyer de quelque manière que ce soit et que la volonté d’accomplir les Mitsvot soit le thème central de celui-ci.
Le domaine spirituel n’est pas le seul concerné. Dans la gestion matérielle du foyer également, la femme donne corps aux forces latentes mises à sa disposition.
La charge de la famille reposant sur mes épaules, témoigne Ephraïm, m’est retirée dès l’instant où elle passe dans les mains de mon épouse. Elle est celle qui organisera les achats raisonnablement, qui réussira à jongler entre les dépenses fixes du mois et celles d’une demi-année, entre les besoins de distractions et ceux de vêtements, la nourriture et les médicaments, l’aide et les vacances, et saura le mieux s’occuper de sa maison et de ceux qui s’y trouvent.
Ephraïm est celui qui apporte le potentiel, c’est-à-dire l’argent, et son épouse est celle qui le matérialise et le partage entre les différents besoins du foyer qu’ils maintiennent ensemble. Si ce n’était cette transformation, la somme qu’Ephraïm apporte chaque mois serait dépourvue de sens. Le foyer resterait dans un état de déficience. L’argent n’est pas capable de devenir lui-même source de vie afin de permettre au foyer de fonctionner. C’est juste. L’homme apporte les potentiels spirituel et matériel et la femme les réceptionne. L’homme déverse l’abondance et la femme en est comblée.
Néanmoins, dès le moment où elle les a reçus, la femme devient celle qui donne, elle est la seule qui puisse faire prendre corps à ce potentiel, qui puisse construire le foyer et le remplir d’enfants et d’une profusion de bénédiction et de réussite.