Nous savons combien souffrent les êtres qui sont en proie à des troubles obsessionnels. Ils vont se laver les mains à tout bout de champ, ramasser les papiers qui traînent sur le sol même en dehors de chez eux ou encore vérifier s'ils n’ont rien oublié sur le feu. De l’extérieur, on pourrait se dire qu’il suffit de leur expliquer que cette attitude est ridicule et qu’ils se gâchent la vie bêtement. Mais le véritable problème, c’est que ces dérèglements ne sont pas contrôlables par la raison et que le corps se met en mouvement pour renouveler ces gestes inutiles sans pouvoir y mettre un frein.
Sachons que ce schéma se retrouve avec le Yétser Hara’ (le mauvais penchant) : si on se laisse aller vers la faute, il se crée un processus dans l’homme qui va l'entraîner malgré lui à rechuter et encore rechuter sans parvenir à mettre un terme à cette dégringolade spirituelle. On a beau être lucide et comprendre que cela est mal, on récidive malgré tout. Ce processus se remarque particulièrement dans les jeux d’argent, dans la consommation d’alcool et de drogue et dans le domaine des mœurs (acte, vision, tout comme pensée).
Nos Sages nous enseignent (Souka 52a) que le Yétser Hara’ ressemble au début à un simple fil à tisser, pour après devenir (si l’homme se relâche) une grosse corde rattachant le bœuf à la charrue. “Une faute en entraîne une autre” lisons-nous dans les Pirké Avot, car ainsi l’Eternel a créé la nature humaine ; celui qui refuse de lutter contre ses faux-plis risque de se retrouver dans des sables mouvants dans lesquels il s’enfoncera sans parvenir à en sortir. Rabbi Na’hman de Breslev, avec sa conscience aiguë des faiblesses de l’homme, a réalisé qu’une telle situation risquait de provoquer le désespoir dans le cœur de l’homme et proposait du réconfort à tous ceux qui peinaient à remonter la pente.
Quels sont les moyens qui nous ont été donnés pour éviter de se trouver dans cet enlisement (et pour nous aider aussi à en sortir) ? Nous avons l’exemple de Yossef, confronté à la femme de Potifar - son maitre - qui cherchait désespérément à le séduire en utilisant mille et un subterfuges. Pour parvenir à lui résister, Yossef va utiliser deux moyens : tout d’abord éviter tout contact et tout échange avec elle. Mais aussi il va se servir de l’antidote créé depuis la nuit des temps pour triompher du Yétser Hara’ : l’étude de la Torah. Bien qu’elle n’ait pas été encore donnée au peuple juif à l’époque, nos Patriarches la connaissaient par prophétie. C’est ainsi que malgré les 22 ans où il vécut loin de son père en terre étrangère, Yossef répétait les enseignements acquis auprès de Ya’akov, et les lui rappellera lors de leurs retrouvailles.
Voici donc les deux axes qui permettent de sortir gagnant dans cette “guerre” contre le Yétser Hara’ : le premier est la ténacité à refuser tout compromis lors de l’épreuve et le deuxième est l’étude de la Torah. D’ailleurs Ya’akov, avant même de descendre avec toute sa famille en Egypte, enverra en éclaireur son fils Yéhouda afin d’y créer une Yéchiva. Tout au long de l’exil, il s’avérera que les communautés se formant autour d’un lieu de prière et d’étude conserveront leur judaïcité, alors que dans le cas contraire elles commenceront à s'assimiler jusqu’à disparaître totalement.
L’étude de la Torah est comparée à la lumière et les Mitsvot à des torches (Michlé 6, 23). C’est grâce au Limoud Hatorah qu’on parvient à dissiper l’obscurité qui nous assombrit et à voir clair dans ce ‘Alma Déchikra (monde de mensonge). Le peuple juif a réussi à vivre dispersé, loin de sa terre et sans son Temple, grâce à cette étude.
“Ki hèm ‘hayénou véorekh yaménou” lisons-nous dans la prière du soir : “Car elle représente toute notre vie et nous permet de remplir nos jours de Sa sagesse !”