Il est frappant de relever qu’à des carrefours fondamentaux de notre histoire, ce sont les femmes qui vont sauver le peuple juif : en Egypte, en Perse (à l’époque d’A’hachvéroch) et en Israël sous la domination grecque. Ces trois événements vont être commémorés respectivement par les fêtes de Pessa’h, Pourim et de “Hanouka. Dans les trois cas, les femmes vertueuses d’Egypte, Esther et Judith n’ont pas agi avec des armes ou une stratégie militaire, mais avec les atouts naturels dont le Créateur les a dotées. Ainsi, alors que les hommes étaient éreintés par le travail harassant que leur avait imposé les Egyptiens, leurs épouses s’occuperont d’eux physiquement et moralement, sachant créer autour une atmosphère de proximité et de réconfort même dans les conditions d’un esclavage très lourd. Plus tard, les miroirs avec lesquels elles s’embellissaient pour plaire à leur mari serviront de revêtement au Kior (bassin) dans l’enceinte du Temple. C’est dire combien ces objets avaient été des capteurs de sainteté.
Ce sont encore les femmes qui vont intervenir pour protéger nos grands personnages bibliques : Sarah écartant Yichma’el qui menaçait Its’hak, Rivka sauvant Ya’akov des mains de ‘Essav, Myriam grâce à laquelle Moché doit son existence, et c’est par l’initiative de Tamar et de Ruth que naîtra le roi David duquel descendra le Machia’h. Cette liste non exhaustive vient mettre en évidence la place incontournable de la femme dans les différents carrefours de l’histoire juive.
Mais plus proche de nous, dans notre quotidien, la femme joue un rôle fondamental dans la cellule familiale et particulièrement dans sa fonction d’épouse. Le soutien moral qu’elle apporte à son conjoint est le garant de sa réussite. Nos Sages nous enseignent sans détours qu’un homme sans femme n’est pas… un homme ; sans elle, il ne peut connaitre ni joie, ni bonheur, ni bénédiction… ni même Torah ! (Yébamot 62b).
Nos Sages considèrent le fait qu’une femme attende son mari au retour de la maison d’étude comme un mérite suffisant pour obtenir la récompense au monde futur. Ce qui illustre bien combien sa présence aux côtés de son époux est pour lui une recharge d’énergie qui lui permet de se donner entièrement au Limoud Torah.
Nous avons l’exemple de Rabbi ‘Akiva qui, encouragé par sa femme Ra’hel, va quitter son foyer pendant 24 années consécutives afin d’étudier la Torah. De cette expérience, il sortira le plus grand Maître de l’Histoire. A son retour au foyer, la désignant, il dira à ses élèves : “Ma Torah et la vôtre, c’est la sienne” (Chéli véchélakhem, chéla hi), illustrant a quel point les paroles de sa femme l’ont accompagné durant ces années de labeur sur les textes saints.
Depuis quelques décennies, nous connaissons un regain incroyable dans l’étude partout dans le monde : le Daf Hayomi est étudié par des dizaines de milliers d’étudiants, le nombre d’Avrékhim (étudiants mariés à plein temps) est impressionnant, des centaines de Baté Midrachot sont remplis : ce renouveau n’a pas son pareil depuis des siècles. Il est certain que ce mérite revient en grande partie aux femmes qui épaulent leurs maris dans le choix de se rendre - souvent à leur détriment - au Beth Hamidrach.
N’est-ce pas là un signe de la fin des temps ? A nouveau, la Délivrance tant attendue semble passer par le mérite des femmes.