Nous apprenons des textes qu’avant la sortie d’Egypte, les Bné Israël étaient partagés en deux groupes distincts : ceux qui s’étaient résignés à leur destin d’esclaves et ne voulaient plus en sortir, et les autres qui, au contraire, attendaient la délivrance. Ce sont ces derniers uniquement qui vont connaître la liberté et mériteront de recevoir la Torah au mont Sinaï. Pourtant, tous étaient embourbés dans l’impureté la plus totale, à tel point que si l’Eternel avait attendu encore un peu pour les libérer, les Hébreux seraient parvenus à un point de non-retour. On apprend de cette expérience que toute renaissance dans le domaine spirituel commence par une volonté de s’en sortir.
Chaque année, nous célébrons le souvenir de ces événements durant les fêtes de Pessa’h, mais il existe une autre "sortie d’Egypte", pas moins importante, et qui, elle, n’est pas fêtée : il s’agit de la nôtre. Expliquons-nous : l’esclavage en Egypte était bien sûr physique, mais pas seulement. La pratique de l’idolâtrie et de la sorcellerie des Egyptiens ainsi que leurs déviations dans les mœurs avaient créé un climat d’impureté dont il était difficile de se protéger (relevons la grandeur des descendants de Ya’akov qui ont conservé intégralement leur pureté morale à l’image de Yossef). Sortir d’Egypte, c’était surtout se libérer de ces influences toxiques qui freinaient tout élan spirituel.
Aujourd’hui aussi, nous vivons dans une société plongée dans l’immoralité la plus totale qui, via la technologie moderne, inonde le monde. De plus, beaucoup d’entre nous ont grandi dans des familles et un environnement éloignés du Judaïsme. Lorsqu’un juif prend conscience de l’importance de se rapprocher de la Torah et souhaite réaliser sa Téchouva, il lui faudra surmonter de très nombreux obstacles : ceux dressés par son entourage - et souvent même par la famille proche réticente à tout changement - et ceux de ses habitudes qui le paralysent.
C’est cela l’esclavage des temps modernes. Le Ba’al Téchouva se demande comment va-t-il se défaire des chaînes qui l’entravent et résister aux pressions de ses proches et de sa propre personne. Les questions et les inquiétudes fusent : "Comment parvenir à ne pas fumer Chabbath ou à ne pas utiliser mon portable ? Comment ma famille va accepter ma Téchouva ? D’où vais-je trouver les forces pour changer ma garde-robe afin de m’habiller Tsni’out ? Comment faire admettre à mon patron qu’à l’avenir je m’absenterai les jours de fêtes juives ?"
A l’image de nos ancêtres, le premier pas consiste à prier et à exprimer notre volonté de se rapprocher. L’expérience de centaines de milliers de Ba’alé Téchouva de partout dans le monde (600 000 ?!) montre que l’impossible se réalise alors, les portes s’ouvrent, les opposants atténuent leur ton, la "sortie d’Egypte" se réalise accompagnée de miracles. En peu de temps, ceux qui se trouvaient bien loin du Judaïsme se mettent à accomplir les Mitsvot en douceur et commencent à déchiffrer les textes du Talmud.
Lorsque notre "mer Rouge" s’ouvre, il faudrait entonner le chant de louanges de nos ancêtres (Az Yachir Moché…), car là aussi la main forte de D.ieu intervient "contre-nature".
Cette délivrance tout à fait spectaculaire mériterait sans aucun doute une consécration à sa mesure !