Le peuple d’Israël est “un”, ainsi qu’on l’affirme dans la prière du Chabbath : “Goy é’had baarets”. C’est pourquoi lorsque nous apprenons la disparition d’un juif tué dans un attentat ou mort d’un grave accident (Mita méchouna), chacun d’entre nous en ressent de la peine. De même qu’une douleur provenant de n’importe quelle partie du corps nous indispose, ainsi la souffrance d’un autre juif nous touche. Évidemment, la famille et les proches de ce défunt sont les principaux concernés, mais tout le Klal Israël dans une certaine mesure l’est aussi, même ceux qui vivent de l’autre côté du globe.
Ce sentiment est souvent estompé par les médias qui se focalisent essentiellement sur le pourquoi et le comment d’un tel événement dramatique, laissant dans l’ombre les êtres chers qui ont disparu. C’est ainsi qu’après les attentats perpétrés dernièrement comme celui de la ville d’El’ad durant lequel des criminels armés de haches se sont attaqués à des civils, faisant 3 victimes et des blessés graves, on s’intéresse à différents angles d’ordre politique et de sécurité qui découlent de ces actes sanguinaires. De même, l’an dernier après la tragédie de Méron, dans laquelle 45 personnes venues pour la fête de Lag Ba’omer ont trouvé la mort, on s’est allongé sur les raisons qui ont causé l’accident et sur la responsabilité des forces qui se trouvaient sur place, délaissant partiellement l’impact de cette catastrophe dans la conscience collective de ‘Am Israël.
Nous ne sommes pas là pour minimiser ces analyses qui font partie de nos devoirs dans ce monde, afin d’éviter que ce genre d’événements dramatiques ne se reproduisent. Mais il ne faudra pas oublier malgré tout qu’il y a derrière toutes ces calamités un décret du Ciel qui devrait nous ébranler et nous amener à réfléchir sur nos actes. Maïmonide écrit dans son Michné Torah (Hilkhot Ta’anit 1, 3) : “Tout celui qui pense qu’un événement tragique fait partie des réalités du monde et qu’il ne s’agit que d’un accident est un être cruel car il entretient l’insouciance et freine toute remise en question comportementale, attitude qui risque d’engendrer d’autres décrets à l’avenir…”
Nous avions l’an dernier relevé la particularité des 45 victimes de Méron, tous des Tsadikim hors pair, ce qui rendait l’événement d’autant plus interpellant. Je suis tombé il y a quelques jours sur un témoignage du Rav Ya’akov Landau qui, le jour de l’attentat de la ville d’El’ad, avait été accompagné en voiture par Oren Ben Ifra’h, l’une des trois victimes, de mémoire bénie. Cet homme avait l’habitude chaque fois qu’il conduisait le Rav de lui demander de lui rapporter des paroles de Torah pendant le chemin. Ce jour-là, il avait exprimé son désir de pouvoir dans un proche avenir habiter dans le quartier A’hissamakh de la ville de Lod, quartier religieux de la ville récemment construit, afin de profiter des cours de Torah et des prières organisés dans ce lieu. Il tenait à ce que ses six (!) enfants grandissent dans le judaïsme le plus pur grâce à l'élévation spirituelle régnant dans ce quartier. Ce récit nous révèle que ce chauffeur de taxi était un véritable Tsadik mort pour la sanctification du Nom de D.ieu, qui avait exprimé juste avant son décès son désir de se rapprocher de D.ieu, à l’image de Rabbi ‘Akiva exécuté par les Romains pendant qu’il lisait le premier verset du Chéma’ Israël.
Nous sommes certains que ces Kédochim résident dans le Ciel à proximité du Trône divin, mais il est primordial pour nous qui vivons dans ce monde de nous réveiller, car il est certain que si nous étions méritants, jamais ces assassins n’auraient pu concrétiser leurs desseins criminels.
Que D.ieu venge leur sang !