Être une personne morale, ça demande du boulot !
Tout d’abord, il faut arriver à distinguer entre le Bien et le Mal, et ce n’est pas la partie la plus facile !
Puis, il faut faire de bonnes actions, visiter les malades, donner de la Tsédaka, ne pas céder aux tentations, repousser les plaisirs immédiats, faire passer notre prochain - autant qu’on peut - avant nous, être cohérent et tenir à nos principes sans leur faire d’entorses.
Bref, c’est du travail !
Par contre, la “jouer” morale est beaucoup plus aisé. On mélange le Bien et le Mal dans une soupe de principes humanitaires, on se présente comme très concernés et attentifs à la souffrance d’autrui et, de temps en temps, on émet une déclaration ou une loi qui, on le sait, ira dans le sens du public à qui l’on veut plaire, qui est, en général, la grande majorité.
La Morale peut être un « accessoire » très flatteur. Certains la mettent en fleur à leur boutonnière, d’autres en bandoulière ou en foulard dans la pochette de leur veste, et, de même qu’un mannequin porterait « avec un chic fou » une robe haute couture, de même on porterait la Morale, avec un M majuscule, déambulant dans les longs couloirs de la bienséance, se faisant applaudir par les très sélects invités du défilé de mode, une flûte de champagne à la main.
En décalage avec le monde
Mais être moral, c’est beaucoup plus compliqué. Et les juifs sont les champions de cet exercice, c’est d’ailleurs pourquoi ils n’ont pas toujours plu. Le juif va la chercher au fond de lui, cette vérité immuable qu’il a reçue de ses ancêtres, qui fait écho dans son être le plus intime à une voix millénaire qui a raisonné il y a 3000 ans sur le mont Sinaï.
Et les non-juifs, qui sont à la recherche de cette morale absolue, que leur intuition leur fait pressentir comme totalement « bonne » et « vraie », seront attirés par cet appel qui se nomme le judaïsme, même s'il va diamétralement à l'encontre des modes et des courants de l’époque.
Le juif n’est jamais dans l’imitation, il n’en a pas besoin, puisqu’il a reçu l’original. Anticonformiste dans son essence, de tout temps, il a porté sa morale en lui, en décalage avec le monde, et ne s’en est pas vraiment ému.
A certaines époques, il a pu être considéré comme beaucoup trop avant-gardiste, et les exemples sont multiples : le divorce existe depuis le mont Sinaï (rappelons que l’Italie l’a intégré il y a à peine 50 ans), et les droits de l’homme sont une évidence, bien avant Voltaire, Rousseau et Les Lumières. A notre époque moderne, certains voient le juif pratiquant comme beaucoup trop rétrograde et conservateur : il ne fera aucune concession concernant les lois de séparation homme/femme, et, ce, même si la révolution sexuelle est passée par là. Il continuera à ne pas serrer la main à une femme qui n’est pas la sienne, même si elle est centenaire. Têtu...
Car notre morale n’est pas élastique, caméléon, rechargeable, jetable, adaptable, populiste, remplaçable au fil des époques. En bref, elle n’est pas chewing-gum. Cette morale immuable passe comme un relais, de mains en mains, de mère à enfants, de père à fils, et de génération en génération elle traverse l’histoire et les civilisations.
La Morale au rayon maquillage
Autant la morale « empruntée » fait du bruit, monte sur les estrades, se maquille avant ses apparitions, et sourit beaucoup, autant la morale juive authentique est discrète, digne et exprime simplement sa vérité. Elle ne veut plaire à personne. Elle est l’émanation du bien et du vrai.
Elle peut même se permettre de venir parler à ses propres Sages, siégeant aux Tribunaux rabbiniques, et leur rappeler que si deux plaignants se présentent pour un litige, même si l’un est maigrichon, porte un pantalon trop court, et baisse ses yeux avec humilité, et que l’autre en entrant fait crisser ses chaussures en vernis et dépose sur la table un trousseau de clefs griffé Porsche avec un sourire agaçant, il faudra bien, bien faire attention de ne pas laisser son cœur pencher vers celui qui semble plus vulnérable, et étudier les pièces du dossier la tête complètement froide.
Grosso modo, les dangers de notre époque, on les connait. Matérialisme et technologie à outrance, licence des mœurs, perte des valeurs, même les plus basiques, comme le respect des anciens ou des parents.
Mais il y a une menace aujourd’hui qui est pernicieuse, car elle trouble les cartes : c’est cette morale “tendance”. Elle utilise et manipule des valeurs vraies, les fait siennes habilement, s’en embellit, mais à des fins détournées et intéressées.
Et si quelqu’un ose émettre une opinion un peu différente du politically et du « mediatically » correct, cette Madame Morale Botoxée et courroucée l’enverra avec mépris au peloton d'exécution des "décidément trop bêtes”, en le taxant même de décadent ou de fanatique. Et, ce, dans tous les débats : avortement, euthanasie, parité, mariage pour tous.
Un accessoire “dernier cri”
Ah ! Une dernière chose : en général, les mots “Juifs” et “Israël” sont des accessoires très “in” dans les discours moraux : récemment, nous avons entendu : « Sans ses juifs, l'Europe ne serait pas ce qu’elle est ». Et, Outre Atlantique, avec l’arrivée du nouveau gouvernement : « Soyez rassurés ! Israël et les USA, c’est une amitié indéfectible ».